Après un coup d’essai réussi avec Remnant From The Ashes, Gunfire Games tente de peaufiner sa formule avec un second épisode. Alors, est-ce que c'est réussi ?
Si Remnant From The Ashes est sorti de manière assez discrète en août 2019, beaucoup de joueurs sont tombés sous le charme du titre de Gunfire Games pour sa proposition audacieuse et réussie. Le TPS jouable en multijoueur puisait dans les codes du souls-like pour proposer une aventure exigeante, mais suffisamment accessible à plusieurs. Avec Remnant 2, le studio américain parvient-il à améliorer sa formule pourtant déjà très solide ? Nous nous sommes plongés dans cette épopée en terres désolées et on peut dire qu’elle nous a marqués.
Il était une fois… pas grand-chose
Avant de se lancer dans notre quête pour sauver l’humanité, un passage dans l’éditeur de personnages s’impose. Vous vous en doutez, celui-ci demeure particulièrement sommaire. Il n’y a que peu de modèles de visages différents, seulement quelques coiffures, et pas de possibilité de modifier la morphologie de votre protagoniste. Bref, même ceux qui aiment passer des heures à créer l’avatar parfait devraient expédier l’affaire en quelques minutes.
On conseille aussi aux joueurs à la recherche d’un scénario dense, complexe aux multiples rebondissements de ne pas se plonger dans Remnant 2 pour cela. Comme dans le premier épisode, le jeu nous place dans la peau d’une des rares personnes ayant survécu à la Racine, une entité maléfique qui a détruit pratiquement toute la Terre et ses habitants, en plus d’avoir dévasté les autres royaumes, et qui continue de sévir. Au cours de notre aventure d’une vingtaine d’heures, nous n’avons assisté qu’à deux ou trois scènes vraiment intéressantes et seulement à une poignée qui font véritablement progresser l’histoire.
Concrètement, vous n’aurez pas plus de trois ou quatre objectifs majeurs qui vous emmèneront du début à la fin du jeu, comme partir à la recherche d’un personnage, éliminer des monstres puissants et trouver des clés à travers plusieurs maps pour ouvrir un portail scellé. Ceux qui connaissent la licence Remnant seront en terrain connu, mais il est important de le préciser pour les néophytes.
Quelques nouveautés bienvenues dans Remnant 2
En revanche, le jeu innove par sa structure. Si tous les joueurs vivront bel et bien la même histoire, ils n’exploreront pas les royaumes dans le même ordre. Sur le papier, l’idée était vraiment intéressante, mais au final, il n’y a rien de vraiment décontenançant étant donné que les étapes majeures de l’histoire restent immuables. Notez bien que si la structure du titre est générée aléatoirement, l’agencement des donjons l’est aussi. De quoi favoriser la rejouabilité.
Peu après votre début d’aventure, il vous faudra choisir votre archétype. Les principaux sont le Maître-chien, accompagné d’un fidèle allié canin qui peut le soigner une fois à terre, le Challenger qui fait office de tank, le Chasseur qui est un combattant équilibré même s’il se révèle plus redoutable à distance, et enfin le Médecin spécialisé dans le soin. De notre côté, nous avons démarré l’aventure avec le Pistolero, l’un des quelques archétypes cachés du jeu, disponible en tant que bonus de précommande, et qui se démarque surtout pour ses aptitudes dans le rechargement et le maniement des armes.
Pour ce deuxième opus, Gunfire Games a décidé de revoir son système d’archétypes en intégrant la possibilité d’en avoir deux dès le niveau 10 atteint. Cela donne l’opportunité de profiter des bonus de classes et d’un second talent, ce qui change radicalement la donne en combat. Une fonctionnalité qui facilite surtout les choses en solo, étant donné que selon votre classe vous ne pourrez pas profiter de buffs ou de la réanimation alliée.
Un système de combat qui cache bien son jeu
Le gameplay de Remnant 2 se veut relativement simple. Votre personnage pourra s’équiper d’une arme d’épaule, de poing et d’une arme de corps-à-corps plutôt défensive qui sert à repousser les ennemis un peu trop proches. Chacune d’entre elles peut être équipée d’un mod, une sorte de pouvoir magique que vous pouvez récupérer chez le marchand ou en les craftant vous-mêmes, les plus puissants étant ceux fabriqués à partir d’objets uniques obtenus en vainquant des boss. Autre atout indispensable en combat : le talent d’archétype. Chaque classe en possède trois qui se débloquent au fil de la progression, mais vous ne pouvez en équiper qu’un à la fois (et deux quand vous équipez un second archétype). Il faut donc investir quelques heures avant de pouvoir profiter au mieux de toutes les possibilités de gameplay du titre.
Évidemment, vous userez et abuserez de l’esquive pour éviter les attaques ennemies qui vous tomberont dessus, sans oublier de garder un œil sur votre jauge d’endurance. Au final, le gameplay se révèle plutôt simple, mais vraiment plaisant, surtout parce que le jeu demande une concentration de tous les instants et une maîtrise parfaite du timing de l’esquive et du moment opportun pour utiliser nos compétences spéciales. Le jeu prend véritablement toute sa dimension lorsque les affrontements se corsent, qu’on se retrouve éreinté et en quête du prochain point de passage après de longues minutes d’affrontement, ou bien sûr, face aux boss.
Des combats de boss dantesques dans Remnant 2
On regrette simplement que les ennemis pourtant éloignés, mais attirés par le bruit des combats, aient la fâcheuse tendance à arriver dans notre dos alors que nous étions certains d’avoir nettoyé la zone. Cela amène parfois à avancer à pas de loups ou à regarder au-dessus de son épaule. Le jeu n’avait pas besoin de ça pour être difficile, car disons-le, Remnant 2 nous en a fait baver. Mais on ne parle pas de cette souffrance frustrante induite par des soucis d’équilibrage ou à des pics de difficulté rageants. Non, Remnant 2 gère le tout encore mieux que son prédécesseur et fait plus que jamais partie des représentants du souls-like.
Notons aussi que le bestiaire est d’une richesse exceptionnelle. Entre les ennemis robotisés, les créatures difformes, celles qui volent, qui vous infligent des altérations d’état, qui passent sous le sol, il y a de tout. À vous de comprendre le fonctionnement de chaque adversaire et d’exploiter leur point faible qui se distingue en général par une zone rouge ou blanche sur leur corps.
Et que dire des boss. Certains sont absolument géniaux et surprennent par leur subtilité. Mention spéciale à celui du Labyrinthe que nous vous laissons le soin de découvrir. Il vous faudra faire preuve d’un grand sens de l’observation pour comprendre leurs patterns qui sont à la fois complexes et originaux. Bourrer l’esquive sans prendre le temps d’analyser les mouvements de vos adversaires, mais aussi les potentiels dégâts de terrain que vous pouvez subir, vous mènera inévitablement à la mort.
La superbe bande-son du jeu contribue à faire de ces affrontements des moments particulièrement grisants. En plus des superbes thèmes rendant les combats épiques, vos oreilles vous seront d’une grande aide étant donné que certaines attaques sont marquées par un signal sonore subtil qui permet d’identifier le meilleur timing d’esquive. Au final, si certains boss demandent simplement une bonne dose de concentration et quelques try, il nous a fallu une dizaine d’essais sur d’autres (en solo) pour enfin triompher avec ce sentiment d’extase si particulier une fois la victoire obtenue, la marque des grands. D’ailleurs, notez que pour changer le niveau de difficulté (au nombre de 4 au total) il faudra réinitialiser votre campagne à partir du monolith du Service 13. Vous garderez la progression de votre personnage, mais pas celle dans les royaumes visités. Si vous bloquez contre un boss, la meilleure solution reste donc de de persévérer.
Plus souls-like que jamais ?
Concernant le multijoueur, sachez que vous pouvez créer une session depuis le menu principal ou rejoindre une partie en cours à partir d’un point de passage. L’expérience à plusieurs est différente, un peu plus arcade et moins exigeante, étant donné que les combats sont un peu plus faciles à gérer. Ne pensez pas pour autant qu’il s’agira d’une promenade de santé, car le jeu s’ajuste sur le nombre de joueurs et les ennemis sont généralement plus nombreux. La résurrection change quand même la donne, même si remettre un allié sur pied demande de rester sans défense pendant de longues secondes. Notez bien que si vous rejoignez la partie d’un ami, seule la campagne de l’hôte avancera, même si vous garderez bien évidemment tous le loot récupéré une fois repassé en solo. Au final, alterner entre les deux offre une expérience bien rythmée, ce qui fait de Remnant 2 un titre qui plaira à différents publics. On regrette simplement que le crossplay ne soit pas disponible.
En plus de ses combats de boss, le jeu s’inspire des souls-like aussi grâce aux quelques petits raccourcis qui composent certains niveaux ou aux murs illusoires présents çà et là. Bon, ne vous attendez pas non plus à l'ingéniosité des titres de FromSoftware, mais là n’est pas le but du jeu de Gunfire Games. Globalement, on prend plutôt plaisir à explorer les niveaux de Remnant 2 pour les coffres et objets dissimulés, mais nous aurions aimé parcourir des donjons un peu moins linéaires. Heureusement, ceux-ci restent assez bien rythmés et certains comportent des petites énigmes plutôt intéressantes pour que la lassitude ne s’installe pas. Là encore, Gunfire Games prouve que Remnant 2 sait changer son fusil d’épaule et ne pas faire que dans l’action.
Notez que l’end-game ne se montre pas particulièrement original. Vous pourrez continuer à explorer les royaumes après avoir battu le boss final pour améliorer votre build et continuer à faire progresser votre personnage, notamment grâce aux points de traits. Notez que la limite de points à investir dans cette catégorie est fixée à 60, alors qu’elle était capée à 1000 dans le premier opus, ce qui est tout de même dommage. Finalement, la meilleure option pour s’amuser après la conclusion de l’histoire reste de relancer une nouvelle campagne. Pour les plus téméraires, sachez que la difficulté Apocalypse se débloque une fois le dernier boss vaincu.
Une belle maîtrise artistique
Si on apprécie de s’aventurer dans les zones hostiles du jeu, c’est aussi dû à sa superbe direction artistique. Remnant 2 nous fait voyager dans des environnements radicalement différents à l’ambiance particulièrement marquée et diablement immersive. Là où le premier opus pouvait sembler un peu trop uniforme, il y en a vraiment pour tous les goûts ici, entre le futuriste, le plus sauvage, ou le majestueux grâce au magnifique château du royaume de Losomn.
Le jeu se révèle également à la hauteur sur le plan technique. Les différents effets des capacités et des magies sont réussis et les animations des ennemis sont également fluides, détaillées et parfaitement lisibles. Un point essentiel pour un jeu du genre. Au cours de notre partie, nous n’avons eu aucun bug ou ralentissement venant gâcher notre expérience. D’ailleurs, comme beaucoup de titres disponibles sur PC, PS5 et Xbox Series, Remnant 2 propose plusieurs modes graphiques : Performance, Équilibré et Qualité qui remplissent chacun bien leur rôle en termes de fluidité et de qualité d’image. Seul le mode Qualité subit quelques chutes de framerate lors des affrontements extrêmement intenses avec beaucoup d’ennemis à l’écran, mais cela reste tout de même assez rare. On notera aussi quelques petits soucis de pathfinding, notamment celui du chien qui se retrouve parfois à rentrer dans les décors lorsqu’il doit réanimer quelqu’un.
Graphiquement, le jeu fait aussi le job, sans atteindre non plus des sommets. Les modèles des personnages ne sont pas particulièrement fins, mais les textures s’en sortent tout de même mieux, car assez détaillées. Le soin apporté à la flore dans les environnements plus sauvages est d’ailleurs plus qu’appréciable. On n’attendait pas forcément de miracles de ce côté-là, mais Remnant 2 s’en sort bien, principalement grâce au moteur Unreal Engine 5 d’Epic Games, qui montre ici de quoi il est capable.