Red Orchestra, le simulateur de guerre 39-45, est de retour sur le front Est, avec des embrassades chaleureuses entre Boches et Ruskoffs. Là où d'autres FPS en ligne vont miser sur l'action, le spectacle et un scénario à deux balles, Heroes of Stalingrad vous proposera du sang, de la fumée, et la mort. Ça vous tente ?
Rampant dans la boue en serrant contre moi mon fusil à baïonnette, je traverse une ruine pour m'approcher d'une fenêtre qui n'a plus vu une vitre depuis longtemps. Je me blottis contre le mur, alors que de lointains coups de feu retentissent, et qu'un épais panache grisâtre s'élève sur ma droite, dans la rue au-delà d'une énorme brèche. Rassemblant mon courage, j'épaule mon arme et je lève la tête pour tenter d'apercevoir un enn... Boum je suis mort ! À peu près un dixième de seconde après avoir exhibé le sommet de mon crâne. Snipé à 150 mètres par un type que la Killcam n'aura jamais le temps de montrer : il est déjà loin. Une mort, une de plus, pas la première, pas la dernière. Quelques secondes plus tard, je réapparais à côté de mes camarades joueurs tombés sur le front eux aussi un peu plus tôt. Tout le monde se précipite vers les objectifs. Je sors d'un hangar, je meurs. Ah.
Oh, on s'habitue...
Red Orchestra 2 est un jeu où l'on meurt beaucoup, tout le temps. Jouables sur des serveurs de 32, 48, voir 64 joueurs, les cartes offrent des zones complexes remplies de bâtiments en ruine (la Luftwaffe est passée par là), de terrains dégagés mortels, de réseaux souterrains fourbes ou de tranchées « prêt à enterrer ». La plupart du temps, les gens jouent en conquête de territoire, avec un pool de renfort limité, mais conséquent, ce qui laisse le plus mauvais d'entre vous (moi) revenir dans l'action assez rapidement. On trouve aussi des modes où l'attente est plus longue entre chaque assaut... à éviter quand on débute. Attention : même si on s'améliore petit à petit, la difficulté peut être un critère vraiment rédhibitoire pour le premier venu. Comme je le dis, ça s'apprend. Si le skill en visée et les réflexes aident à buter un ennemi, il faut surtout du bon sens et des connaissances tactiques pour survivre. Sans oublier de la patience et un peu de chance.
Faites comme je dis...
Non, on ne débarque pas à une fenêtre exposée comme si on allait étendre son linge. Oui, si on traverse un no man's land en courant, on zig-zag. Non, ce n'est pas parce qu'on a fait un super kill, qu'il faut rester à la même place, c'est dangereux. Oui, bouger d'un mètre sur la droite à couvert peut vous faire gagner une seconde dans le face à face avec le tireur embusqué adverse ; et oui, ça peut vous sauver la peau (et lui coûter la sienne). Oui, défourailler à l'aveuglette (un nouveau mécanisme dans RO2) peut tuer des gens sans vous exposer. Oui, un Team Kill ça se pardonne, roh, t'avais qu'à pas passer dans la ligne de tir. Etc. Après, si vous êtes au bon endroit, au bon moment, et que vous n'alignez pas le gars en face, vous n'êtes peut-être pas dans le jeu qu'il vous faut. Red Orchestra 2 gère la dispersion, la gravité, mais ce n'est quand même pas dur de plomber un mec, même s'il ne représente que quelques pixels derrière un mur à 100mètres. Et c'est tellement bon quand on fait mouche.
J'fais des trous, des petit trous...
Oui, oui ça arrive. Il est vrai que RO2 est très pointilleux. Il faut épauler son fusil, et même retenir sa respiration pour gagner en stabilité. Chaque étape permet de vraiment mieux appréhender le terrain en face et de repérer les proies bien planquées. Évidemment, ça prend du temps : si vous ne voyez rien bouger dans les deux secondes, déguerpissez ! Le jeu offre aussi un système de couverture tout à fait honnête, comme dans un TPS, mais en vue FPS. C'est-à-dire qu'il faut vite trouver ses cibles quand on sort la tête et tirer le premier. En pratique, beaucoup de joueurs préfèrent rester debout et en retrait de l'ouverture lorsque c'est possible, dans l'obscurité d'une pièce fermée par exemple. Tout dépend de l'angle de tir souhaité. En tout cas, pour les uns comme pour les autres, une balle dans le buffet pardonne rarement. Il arrive que l'on survive à une blessure : vous avez deux bandages pour éviter l'hémorragie. En général, le type qui vous a troué la première fois a largement le temps de finir le travail pendant que vous épongez le sang avec votre gaze pas propre, mais admettons... C'est pour l'ambiance.
Faits comme des rats
Ambiance encore plus développée par le système de suppression, qui existait déjà dans le premier Red Orchestra (et volé par DICE dans Battlefield 3). Croyez-moi, la vie est difficile quand vous êtes sous le feu ennemi : votre vue se brouille, tout devient noir et blanc, votre coeur bat la chamade... Battre en retrait, attendre que ça passe sans paniquer et se mettre à découvert demande des nerfs d'acier. Dans son propre camp, le tir de suppression sert donc à faire taire les défenses pendant que vos troupes se déplacent et s'approchent de leur position. Voir même à achever les soldats en panique, dans le meilleur des cas. Ce rôle de support incombe au mitrailleur qui malheureusement joue souvent dans des équipes désorganisées où ses compétences ne profitent à personne. C'est embêtant, car le mitrailleur a besoin de poser sa machine sur trépied et de rester à un endroit fixe, ce qui veut dire s'apposer au dessus de la tête une énorme flèche en néon jaune avec l'inscription « Tuez-moi » clignotante. Disons que c'est une classe pour les clans sérieux et tactiques.
Galerie de trouffions
Heureusement Red Orchestra 2 ne manque pas de classes pour s'amuser. L'assaillant est le spécialiste du combat rapproché. Ses armes arrosent un max avec un recul de ouf, et les grenades l'aident à progresser dans les bâtiments (surtout qu'il est quasi impossible de les jeter à plus de trois mètres !) Son seul souci reste d'approcher les lignes ennemies, et quel souci ! Le rôle le plus commun est tirailleur. Son fusil est efficace à moyenne et longue portée, sinon un bon coup de baïonnette percera un aussi joli trou qu'une balle. Le chef d'escouade fait office de point de respawn ambulant et le commandant peut appeler des frappes d'artillerie pour calmer tout le monde. Et il y a le tireur d'élite, qui fait des ravages entre les bonnes mains. Rassurez-vous, les modes de jeu permettent un nombre limité de chaque classe. Vous trouverez ainsi sur une carte un gros paquet de tirailleurs, quatre mitrailleurs, et un seul très prisé « Marksman ». Premier arrivé, premier servi, vous pensez bien que je n'ai pu m'y essayer que durant la campagne solo.
Un jeu blindé
Il y aussi toutes les professions liées à l'affrontement entre tanks. Aaah, les tanks, le jeu de niche dans le jeu de niche. Un équipage complet s'avère nécessaire pour contrôler un de ces véhicules blindés dans Red Orchestra 2. Certaines cartes proposent un mélange des genres, avec des objectifs habituels d'infanterie, plus un objectif situé sur le territoire des tanks, qui devra être pris avec une bonne coordination. Pour jouer avec les tanks de Heroes of Stalingrad, il faut vraiment être... spécial. Mais c'est à essayer, ne serait-ce que pour l'ambiance. Quand votre flanc est sous le feu ennemi et que votre boîte de conserve commence à tanguer sévèrement, c'est une expérience unique à vivre, surtout si le conducteur n'est plus qu'une purée sanguinolente et qu'il faut vous faufiler jusqu'à sa place pour bouger ce foutu tas de ferraille à l'abri. Je ne suis pas expert, mais notons que même dans le cas de tirs au cul, où le blindage est le moins épais, j'ai trouvé les affrontements particulièrement longs. Les tanks sont-ils trop solides ?
La mort dans l'âme
Bien entendu, ce genre de détail peut encore évoluer. Je ne dis pas qu'on est toujours en bêta, le jeu est sorti depuis une semaine après tout, mais euh... c'est en bêta, là quand même. Ça se sent dans la réalisation. Côté graphismes, pas de souci, c'est pas du Battlefield 3, of course, mais ça a de la gueule (en ruine), avec des jolies animations et des mecs qui se font transpercer par des tirs nourris qui projettent des gerbes de sang aussi impressionnantes que finalement discrètes. C'est le réalisme qui fait cet effet. Même ses propres morts sont toujours marquantes, que l'on tombe violemment au sol, fauché par une rafale, ou que l'on voie l'écran s'obscurcir alors qu'on essaye de ramasser ses tripes en appelant sa maman.
RO2 au rapport !
De la bonne ambiance quoi ! C'est pourquoi l'interface un peu naze et les nombreux bugs énervent encore plus : contrôles qui reviennent en qwerty tout seuls, son qui disparait, crashs... Ça fait sortir de l'ambiance ! Sans oublier le lag qui sévit pas mal et le moteur Unreal Engine 3 aux fraises sur certaines configurations. Patch ! Achtung ! Et tant que vous y êtes, refaites un tour par le studio d'enregistrement pour varier un peu plus le background sonore déclamé par les soldats. C'est très bien, mais ça tourne un peu en rond au bout d'un moment (la palme pour le gros relou allemand qui recharge le canon du tank). Un jour, quand vous aurez le temps, vous reverrez aussi l'IA de la campagne solo parce que ce n'est pas trop ça. Mais rien ne presse... qui joue à Red Orchestra 2 pour le solo de toute façon ? Ce n'est qu'un gros tutoriel.
Red Orchestra 2 Heroes of Stalingrad, un jeu exigeant ? Ça dépend de vos ambitions, on peut très bien s'amuser en mourant beaucoup et en alignant un mec ou deux de temps en temps. C'est la guerre ! Pour être dans le camp des vainqueurs en revanche, il faudra se montrer plutôt doué et posséder l'esprit d'équipe. Mieux : rejoindre un clan, former un vrai squad, owner le terrain. S'investir quoi. Et s'il y a un jeu qui mérite qu'on s'investisse, c'est bien celui-là. Rompez !