Vous pensez peut-être qu'il suffirait pour ce Red Johnson's Chronicles : One Against All de ressortir le test du premier et basta ? Vous auriez tort, car il y a pas de mal de chose à dire sur le travail de Lexis Numérique pour ce deuxième épisode. Et malheureusement, pas que des bonnes...
Séquence « qui aime bien châtie bien » dans Gameblog, avec en invité-surprise Red Johnson, le héros de la série d'aventure/thriller/puzzler de Lexis Numérique. Rappelez-vous, dans l'univers étrange de Metropolis, mélangeant allégrement années 30 ambiance noire et technologie de 1980 dans une dystopie inquiétante dont on sait encore peu de choses, le détective Red Johnson fait le sale boulot à la place de la police. Mais cela ne plaît guère à Oncle Teddy, l'invisible Boss des Boss des nombreuses mafias qui dirigent la ville en forme de sigle nucléaire. Sa tête rousse est donc mise à prix pour 150.000 dollars, ce qui d'habitude signifie la mort en moins de 24h. Mais Red résiste, et résiste bien. Jusqu'au jour où l'on s'en prend à sa famille...
Capilotracté, comme on dit
Pas besoin d'avoir joué au premier épisode pour profiter de One Against All. Vous retrouverez le déroulement habituel des enquêtes de Red : fouiller des lieux pour trouver des indices, faire témoigner les badauds et les confronter à vos preuves sans se tromper, et résoudre de nombreux puzzles pour découvrir ce que cache tout le monde. Portraits robot, sudoku, énigmes, jeu d'adresse... Si j'affirmais dans le test de l'année dernière que les casse-têtes de Lexis vous « rendront fous dans des proportions savamment calculées » (j'adore m'auto-citer, c'est la classe), je dois avouer que ce coup-ci, ils m'ont un peu pris le chou, et pas dans le bon sens du terme. Peu être trop de maths ? Trop de petits détails tirés par les cheveux ? En tout cas, sur ce point Lexis a augmenté la difficulté et l'aide de votre indic' Saul ne sera pas de refus à maintes reprises.
Pourquoi faire simple...
Les indices se payent en dollars, qui sont en fait retirés de votre score final. Un score qui augmente selon le temps et le nombre d'essais que vous prenez pour résoudre les différentes étapes de l'enquête. Et là il faut dire que ce système n'est pas très ergonomique. À quoi bon avoir un nombre limité d'essais pour faire un portrait robot, si c'est pour ne rien pouvoir faire d'autre que relancer la séquence ensuite ? Pouquoi ne pas juste compter les tentatives effectuées avant la réussite, et tabler la récompense là-dessus ? Pourquoi une erreur dans un QCM vous oblige-t-elle à tout recommencer ? À quoi bon mourir dans les QTE ? Peut-être suffirait-il de laisser le joueur progresser en le pénalisant simplement sur le score ? Bien sûr, cela demanderait plus de travail pour adapter le système à chaque type de mini-jeu ou de puzzle, donc des sous. Mais en l'état, je trouve les mécanismes de Red Johnson un peu lourdingues et fatigants.
Le mystère s'amincit
Mais ce n'est pas ce qui me chiffonne le plus pour ce second opus. D'une part, et c'est encore un détail, le ton a changé. Ce qui n'est pas du tout un mal en soi. Mais si les insultes et les sujets matures collent bien à l'univers violent de Metropolis, il faudrait peut-être faire attention à ne pas sombrer dans le vulgaire, avec lequel Lexis flirte un petit peu trop à mon goût. Ensuite, et c'est plus grave, le scénario a un souci. Oh, l'histoire est bien, voire mieux, mais le mystère est moins épais que pour le premier, dans lequel les différents protagonistes étaient vraiment de bons candidats pour le poste de meurtrier. Il était difficile de se faire une idée claire et c'était un des plaisirs du gameplay... Dans One Against All, on se pose à peine la question et c'est triste, parce que c'est bien là l'essence du jeu.
Ze Freinch touche
Techniquement, Lexis a aussi tenté de faire progresser son jeu. Il y a du mieux, mais ce n'est pas encore tout à fait ça. Les animations pendant les dialogues se montrent assez souvent peu naturelles, et la synchronisation labiale n'est pas toujours au point (et certainement pas dans la cinématique de fin, complètement décalée... en tout cas chez moi). Il y aussi un souci parfois dans le rythme des déclamations, avec une pause à chaque phrase, ce qui les rend bien trop molles et lentes. Le fait que je n'aime pas trop l'accent français (le jeu est en VOSTFR) du personnage d'Abbie n'aide pas trop, mais il y en a qui trouvent ça sexy...
Metropolis sur Marne
Heureusement, on retrouve l'univers de Metropolis, cité toujours aussi sombre et étonnante ; dommage qu'on ne visite pas plus de lieux différents dans cet épisode. En contrepartie, on a droit à un petit livre dont il faut collectionner les pages, et qui nous renseigne un peu plus sur cette étrange ville imaginée par Lexis : les clans qui la contrôlent, son histoire, les lubies de ses habitants... On y trouve d'ailleurs les coordonnées géographiques, qui correspondent à... Champs-sur-Marne, à l'est de Paris, où siège Lexis Numérique. Mais pas à l'adresse précise, je suis déçu. Dans la même catégorie, cela fait plaisir d'en apprendre plus sur Red, qui se confirme vraiment comme un excellent personnage, loin d'être un enfant de choeur dénué de défauts.
Ça me fait un peu mal au coeur de sanctionner un manque d'évolution pour One Against All, mais c'est surtout cette histoire de scénario trop évident qui me turlupine. On y a perdu une part de l'âme de la série. Bien entendu, Red Johnson's Chronicles reste un bon Thriller/aventure/puzzle à découvrir et personnellement, j'attends la suite avec impatience, surtout que Lexis nous a promis de grosses révélations pour le troisième épisode. Au boulot les gars.
Red Johnson's Chronicles : One Against All est disponible, contrairement au précédent, sur Xbox Live, PC et PSN pour la somme de 10 euros environs ou l'équivalent en MSpoints (si vous le ne connaissez pas déjà, vous vous en moquez probablement.)