Puddle est une oeuvre modeste qui semble de prime abord destinée au marché des appareils tactiles et autres smartphones, et qui pourtant mérite tout autant sa place sur les plateformes de téléchargement de nos consoles de salon. Une évidence qui coule de source.
Puddle, c'est d'abord l'histoire d'une agréable surprise pour six français issus de l'école ENJMIN, dont le projet avait remporté le prix de la meilleure production étudiante lors du concours de la GDC 2010. Ayant alors fortement tapé dans l'oeil de l'éditeur Konami, ce dernier leur a commandé une version davantage travaillée à destination des plateformes de téléchargement que sont le SEN et le Xbox Live. Soit, une belle mise en avant d'un concept original, qui pourrait évoquer de loin Hydroventure, même si son esprit s'en éloigne, comme nous allons pouvoir le constater.
Du pur flow
En effet, contrairement à Hydroventure qui avait pour lui une approche assez bucolique de son concept, voire zen, Puddle mise avant-tout sur le stress et la pression, puisque chaque « run » est sanctionné par une courbe médiane qui représente sa performance à travers un niveau jonché d'obstacles vicieux. Ainsi, une médaille sera décernée après chaque tentative avec coup au but, et un peu à l'image de l'excellent Trials, on aura de cesse de tenter soit d'améliorer son chrono, soit de minimiser au maximum la perte de son précieux liquide. Le Graal étant représenté par un parcours rapide et sans faute, après avoir conservé 100% de son fluide. Et laissez-moi vous dire que cela va s'avérer extrêmement compliqué à l'aune de la difficulté du titre.
Die and retry
Car dans Puddle, vous ne contrôlez pas directement votre flaque mais le cadre, que vous pencherez à gauche et à droite à l'aide simplement des deux gâchettes. Et c'est là que le jeu pêche quelque peu par excès de gourmandise, puisqu'il a tout d'une petite production revêche qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, le summum de la prise de tête étant atteint par des niveaux qui vous font manipuler indirectement de la nitroglycérine qu'il sera nécessaire d'acheminer à bon port, ou par des passages sans gravité, qui sont proprement infernaux. Et histoire de bien vous foutre les nerfs, la caméra - parfois trop directive - filera rejoindre en toute hâte la tête de votre convoi liquide, laissant ainsi l'arrière-train hors-champ, ce qui signifie généralement la perte définitive de ces précieuses gouttes encore coincées dans des circonvolutions retorses. Une limite de gameplay inhérente au projet, puisqu'elle a valeur de « sanction », mais dont Puddle aurait - peut-être - gagné à être plus user-friendly, en proposant par exemple d'éloigner davantage sa focale afin d'embrasser un point de vue plus large.
Liquid design
Or, il faut bien le dire, les développeurs se sont visiblement fait plaisir côté level design avec une série de quarante-huit niveaux qui s'inscrivent dans huit chapitres aux thématiques originales (les Canalisations, la Pépinière, le Laboratoire et plein d'autres encore... on vous laisse la surprise), dont on retiendra notamment le Corps Humain, une enfilade de courts passages au design radiographique minimaliste classieux, au sein d'une machinerie vivante et en mouvance perpétuelle. Imparable et tellement plus appréciable sur grand écran.
Puddle est donc un petit jeu frais et original, qui ne paye pas de mine, mais qui mérite que l'on s'y attarde. Dans l'absolu, la concurrence est rude sur les plateformes de téléchargement, mais si on le replace dans son véritable créneau, celui du « casse-tête plateformesque et action », il ne craint guère personne.