Phoenix Wright revient. Il n'est pas vénère ni rien du tout, il continue juste de faire son job d'avocat, peinard, du mieux qu'il peut (à savoir maladroitement), avec parfois des éclairs de génie qui viennent sauver une situation qui semblait perdue, façon deus ex machina. Le premier volet nous avait enchanté par son originalité et sa fraîcheur, mais qu'en est-il de sa suite ? Je monte à la barre pour témoigner messieurs les jurés !
Je me souviens encore du jour où j'ai vu Phoenix Wright pour la première fois. A l'époque, je travaillais dans un magazine spécialisé fait par des idiots. En passant derrière un célèbre spécialiste japonisant et mousquetaire sauveur du monde à ses heures perdues, je me suis aperçu qu'il jouait à un jeu GBA qui avait l'air super drôle et vraiment original. Intrigué, je lui ai demandé en quoi ça consistait. Quand il m'a dit que c'était un jeu d'avocat complètement loufoque, j'ai eu la révélation. Il fallait absolument que j'y joue ! Manque de bol, j'entrave rien en Japonais, alors j'étais dég'. J'aurais pu oublier et passer à autre chose, mais à chaque fois qu'un nouvel épisode arrivait, la déprime reprenait. Jusqu'à ce jour béni où Capcom a annoncé un remake sur DS qui serait traduit. Une fois entre mes mains, ce fut l'extase : un vrai moment de bonheur comme on en vit que trop rarement. Et si je me délecte déjà à l'idée de jouer à ce volet développé spécialement pour la DS qui sortira bientôt, le remake du deuxième épisode, Phoenix Wright : Ace Attorney - Justice For All sorti il y a quelques années sur GBA, me remplit de joie. Même si contrairement à son prédécesseur, il s'agit d'une copie conforme sans nouvelle enquête... Mais c'est toujours un bonheur de retrouver ce bon vieux Phoenix.
Au tribunal, rien de nouveau
Depuis sa première aventure, la vie suit son cours pour Phoenix, de manière plutôt routinière, mais toujours en quête de justice. Jusqu'à un coup de fil qui va tout chambouler. A partir de là vont s'enchaîner les 4 chapitres que contient ce volet. Autant être clair tout de suite, plutôt qu'une suite, on peut dire qu'il s'agit d'un add-on. A quelques différences près que l'on abordera plus tard, le gameplay est identique et graphiquement il n'y a aucune amélioration. Le jeu se divise toujours en deux parties. Dans la première, on enquête dans divers endroits pour trouver des indices, récupérer des preuves, interroger les personnages clefs liés à l'affaire, etc. Ensuite vient la partie du tribunal, dans laquelle on joue au jeu de l'interrogatoire/contre-interrogatoire en présentant les pièces à conviction récoltées auparavant, le but étant de faire éclater la vérité pour innocenter ainsi le client. On retrouve le même style graphique, les classiques retournements de situation qui font l'intérêt de la série et, surtout, les personnages tous plus bizarres les uns que les autres. On reverra ainsi Maya, l'inspecteur Gumshoe et les autres, ainsi que des nouveaux venus comme le procureur Franziska Von Karma, fille de votre ancien ennemi déchu, qui manie le fouet comme personne, mais aussi Pearl, la cousine de Maya qui, malgré son très jeune âge, s'avèrera être d'une aide précieuse. Et il y en a encore plein d'autres, toujours aussi barrés.
L'efficacité plutôt que l'originalité
La seule nouveauté notable vient des "verrous-psyché". Grâce à une pierre mystique, un "Magatama" que nous offre Pearl au deuxième chapitre, on sera en mesure de savoir quand les personnes mentent. Représentés à l'écran par des cadenas, il faudra pour pour percer leur secret trouver les preuves adéquates et les présenter au bon moment. En sachant que certains pipeaux sont plus difficiles à mettre en évidence que d'autres. Attention toutefois, cela ne marche que pendant la phase d'enquête, et pas dans la salle d'audience. Tout le reste fonctionne comme avant. Heureusement, le concept marche encore très bien, les scénarios sont encore prenants, les personnages au top et les petites animations, bien que minimalistes, sont tordantes. Pour peu qu'on aime ce style de jeu, on s'éclate franchement. Pourtant, il faut avouer que par rapport à son prédécesseur, ce nouveau volet est un poil en dessous. Pour commencer, les musiques ne sont plus aussi accrocheuses, ce qui pour un jeu essentiellement textuel est vraiment regrettable. De plus, bien que les environnements soient bien trouvés, les enquêtes manquent un peu de punch, notamment la troisième (qui se déroule au cirque) où on en arrive à souhaiter qu'elle se termine le plus rapidement possible (en même temps, je souffre de coulrophobie, ceci explique sûrement cela). Et puis vient le quatrième et dernier procès... qui justifie à lui seul l'achat du jeu !
Une fin grandiose
Construit d'une manière complètement différente de tous les autres, ce dernier procès chamboule les mécaniques auxquelles on était habitué. Les connaisseurs de la série en perdront leur latin. Je ne veux rien dévoiler, bien sûr, mais Phoenix devra faire face à un choix cornélien qui aboutira à deux fins différentes selon la décision prise. Une pure merveille ! Un fantastique moment dont on ne peut décrocher avant de faire la lumière sur le dénouement. D'ailleurs, cette enquête est beaucoup plus longue que la moyenne mais on ne voit pour autant pas le temps passer. En fin de compte, étant donné que l'effet de surprise qu'avait procuré Phoenix Wright premier du nom est passé, on ne sent plus la même fièvre à l'heure de jouer, tandis que le côté ultra-dirigiste se fait plus remarquer, au point d'en devenir agaçant parfois. Mais ce nouveau volet reste plus que valable. Il assure des heures de divertissement et de grattage de bulbe à tous les fans de Columbo, Veronica Mars et autres aventures policières.