Il existe un parallèle saisissant entre PES et l'équipe nationale hollandaise de foot. Pour voir le meilleur visage des Oranje, il faut regarder vers le passé, à une époque où le jeune Johan Cruijff survolait les débats et les défenses. Pour PES, il faut se remémorer la pré-HD et ses opus 5 et 6. Les Néerlandais se sont hissés à trois reprises en finale de Coupe du Monde et sont à chaque fois rentrés au pays avec une médaille d'argent. Un sort que partage PES ces trois dernières années, le brillant FIFA ayant fait du jeu nippon, un simple challenger à bien des coudées de retard... Bardé de nouvelles ambitions, PES 2011 évitera t-il de se casser les dents sur l'adversaire, comme la bande à Robben au mois de juillet dernier ? Kick-off...
Les deux versions étant similaires, les tests le sont également.
Si vous nous suivez quelque peu, peut-être avez vous parcouru nos impressions sur PES 2011. Les quelques moments passés sur la preview du jeu nous avaient alors conforté dans l'idée que PES évoluait dans le bon sens, rattrapant peu à peu le retard accumulé face à FIFA. La version finale lancée dans nos consoles, nous constatons avec une once de soulagement que en effet, loin des déceptions des épisodes passés, ce nouveau PES a amorcé un renouveau bienvenu. En clair (nous développerons les dites nouveautés en filigrane dans cette critique), PES 2011 rattrape trois ans de retard, devenant ainsi en quelque sorte, l'épisode que l'on aurait du découvrir à l'arrivée de la licence sur consoles HD, après les inoubliables épisodes sur PlayStation 2. Y a du progrès donc, mais c'est bien connu, rien ne sert de faire trois mille abdos par jour, si ce n'est pour claquer qu'un but tous les 36 du mois. En d'autres termes, c'est sur le terrain, face à un adversaire de poids que l'on peut juger de sa propre valeur. Ainsi, c'est avec la vista d'un Xavi Hernandez que nous avons décidé de confronter PES 2011 à FIFA 11, d'une manière aussi limpide qu'une frappe de Ryan Giggs. Comment pourrait-il en être autrement, les deux jeux sortant le même jour, le 30 septembre. Hop, on allume les boîtes sous la téloche et on établit le premier contact de manière identique, avec un classico Barça - Real, sorte de mise en abîme du duel vidéoludique qui se livre déjà ! Bac +2 les enfants...
À la lumière du classico
Avant de fouler la pelouse, voyons déjà en vitesse à quoi ressemblent les vestiaires. Alors c'est très anecdotique, mais sachez que PES 2011 vous accueille avec une cinématique qui tue la tronche, grandiloquente à souhait, portée par le requiem Dies Irae de Verdi. Chair de poule. Un peu comme avec la musique de la Ligue des Champions, tournoi intégralement présent et jouable dans ce PES 2011, contrairement à la preview où l'on se contentait de simples confrontations entre grosses écuries. Bref, les menus sont jolis, sobres, clairs et la touche graphique qui va bien cette année, consiste à auréoler le lutin Messi d'une traînée de lumières colorées. À noter que comme chez le concurrent, l'habillage sonore est également constitué de tubes trendy. Classe, comme l'apparence des joueurs se disait-on alors à l'époque de la preview. Rassurez-vous, les trombines des champions sont toujours bien reconnaissables mais comparé à FIFA 11, qui a passé un nouveau cap graphique cette année, les athlètes paraissent avoir meilleur mine sur la simu d'EA. À dire vrai, pendant les hymnes, j'ai eu de rares fois la sensation qu'on avait dépecé certains joueurs pour affubler des pantins d'un visage humain... Les regards sont vides. Les marionnettes de polygones Konami semblent dégager moins de "vie" que celles de chez EA. Une part non négligeable de l'intérêt d'une simulation vient aussi du sentiment de véracité que nous procurent les personnages qui évoluent à l'écran. Les accolades de Puyol et Piqué semblent ainsi plus proches de la réalité sur le jeu Electronic Arts. Même cas de figure concernant l'ambiance des stades : elle semble vraiment artificielle sur PES 2011 avec des boucles sonores qui s'enchaînent avec beaucoup moins de vie, encore une fois, que chez le concurrent. Qu'en est-il alors des nouvelles animations que nous avions accueilli avec enthousiasme lors de nos premières impressions ?
L'animation, offensive ?
Je vous le disais plus tôt, de nets progrès sont à noter dans ce PES 2011. Parmi ceux-ci la présence de nouvelles animations. D'ailleurs, si vous voulez effectuer avec aisance, et donc admirer, coups du foulard, crochets et autres roulettes, vous pouvez désormais les assigner à une direction du deuxième stick analogique et ainsi frimer sans difficulté. Mais outre ces manières de Ronaldo (le Portugais et le Brésilien), on est content de voir des tenues de balles plus soignées, des actions de passes peaufinées, des duels épaule contre épaule auxquels on croit, bref tout un secteur d'animation bonifié. Cependant, force est de constater que PES 2011 possède encore un bon nombre d'animations de retard par rapport au rival FIFA 11 et que les joueurs à l'écran ne se sont pas défaits de leur balai dans le fondement... En même temps, certains vous le diront, cette raideur dans l'inertie des personnages contrôlés, donne à PES son identité de gameplay et cette intensité hargneuse lors des joutes entre potes. Tout comme ses scripts relou... Question de feeling en somme.
Si on a tout de même moins le sentiment que toutes nos actions s'effectuent sur des rails, sont pré-établies, la liberté totale que l'on nous promettait (pour la énième fois...) n'est toujours pas complètement au rendez-vous. Ainsi, on se retrouve face à ces sempiternelles mécaniques de jeu robotiques que l'on connait déjà ! Elles sont beaucoup moins présentes que dans les précédents volets mais il suffit de quelques matchs pour les identifier bien vite. Doux ronron du passé qui au choix nous donne l'impression de retrouver de bonnes veilles pantoufles pas mal esquintées mais dans lesquelles on est à l'aise ou alors nous ennuie au plus haut point, au regard de l'innovation que l'on nous avait promis. Finalement, on a l'impression de bien jouer à un bon PES mais toujours pas à une vraie simulation de foot, comme si les deux choses étaient désormais bien distinctes et que FIFA se rapprochait plus de ce l'on peut voir le dimanche soir sur Canal+ (l'intensité en plus car on parle quand même de la L1 là). Certes, on gagne quand même en combinaisons et en situations de jeu, grâce à la fameuse nouvelle jauge de puissance qui permet de placer le ballon à peu près où on veut avec précision mais on peste bien souvent sur le fait que nos partenaires tournent passivement autour du porteur du ballon, sans faire d'appels de balle, sans créer de décalages. Pour couronner le tout, le comportement du bloc équipe est toujours à la ramasse, chacun vacant à ses occupations, tout comme l'intelligence des gardiens... Vous me direz ça contraste avec les super-saïyens qui gardent parfois les cages dans FIFA.
Du contenu, des idées
Au niveau du contenu, PES 2011 possède son lot de petites exclus sympathiques qui font mouche. En premier lieu évidemment, la présence de la Ligue des Champions et puis celle de la Copa Libertadores et de la Super Coupe d'Europe ensuite. Le gros problème vient encore une fois des licences concernant les clubs... Si les plus gros sont présents et tout pimpants avec leur équipement sponsorisé, la myriade d'équipes aux maillots made in Konami fait quand même un peu tâche comparée au catalogue impressionnant tenu par FIFA. Pour vous consoler, vous pourrez toujours créer vos propres collections pour ainsi faire tout beau votre avatar créé dans le mode Deviens une Légende, qui on vous le rappelle, vous met dans la peau d'un minot du football qui devra grimper les échelons de ce monde impitoyable. Moins intense et immersif que le même mode proposé dans FIFA 11, cette façon de jouer se révèle tout de même assez prenante. Toujours dans cette idée de customisation, sachez que les coiffures ridicules et autres joyeusetés bizarres (faciès des statues de l'Île de Pâques, casque de Spartiate, etc.) sont de nouveau disponibles. On peut également mettre beaucoup d'application à se confectionner un logo (les possibilités sont vastes) ou encore à concevoir un stade. Rigolo certes mais ce n'est pas vraiment le cœur du jeu et ce à quoi on tend immédiatement en lançant PES 2011.
Dernier point essentiel pour ce nouveau volet PES, l'intégration d'une Master League Online. Si nous n'avons pas pu nous y essayer pour le moment, l'idée est fort alléchante et pourrait bien dynamiser le jeu en ligne de PES, un poil moins convaincant jusqu'ici que celui proposé par FIFA. Ainsi les joueurs se voient dispersés entre plusieurs divisions, les meilleurs atteignant des phases éliminatoires, à dates fixes, leur permettant en cas de victoire d'amasser des gains et d'ainsi renforcer leur effectif à grand renfort de stars. Le onze de départ n'est en effet constitué que de joueurs lambda, inventés de toutes pièces. Nul doute que l'on pourra se joindre à cette ligue prochainement et que le cas échéant, nous vous donnerons toutes nos impressions détaillées sur ce mode en ligne. En attendant, jugeons de ce PES 2011 sur la base de ce que nous avons développé tout au long de cette critique.
Après des années bien difficiles, l'édition PES 2011 séduit de nouveau, timidement, les amoureux que nous étions autrefois de la licence Konami. Cependant si Pro11 a su rattraper une grande partie de son retard, c'est d'abord sur l'évolution de sa propre licence et non sur le concurrent FIFA 11. Sur tous les points, à part peut-être l'ergonomie des menus de formations et la physique de balle, le titre de Electronic Arts semble supérieur à son rival déchu. PES 2011 n'en reste pas moins un très bon jeu de foot, seulement il ne tient pas la comparaison face à FIFA 11. Nul doute cependant que comme les Bataves vaincus, PES continuera d'être aimé et encouragé par beaucoup, même si toujours comme les Oranje, sa dernière prestation n'est pas la plus belle, surtout au regard de ce qui se trouve en face...