Payday 3 est enfin là et il a eu pas mal de problèmes à son lancement. Mais que vaut le jeu réellement ? Verdict après plusieurs heures braquage et des millions de dollars en poche.
On ne l’attendait plus, mais le voilà enfin. Payday 3 vient de débarquer sur consoles et PC après des années de développement. Un jeu qui a bien failli ne jamais voir le jour d’ailleurs, puisque le studio Starbreeze a bien failli mettre la clé sous la porte après le désastreux Overkill The Walking Dead. Au seuil de la mort, la boîte sera finalement sauvée sur le fil par des investisseurs qui continuent à croire en eux. Starbreeze s’est alors relevé la tête haute et s’est lancé dans Payday 3.
C’est LA licence qui a fait exploser le studio, plus précisément, c’est le second opus qui a tout pulvérisé sur son passage. Sur Steam, Payday 2 s’est imposé comme un incontournable. Un shooter coopératif où l’on incarne une bande de voyous prêts à tout pour se faire de l’argent. Des années à évoluer, à muter et à se garnir de près de 60 DLC et de dizaines de collaborations (John Wick, Goat Simulator, Scarface, Reservoir Dogs, Chivalry…). Après 10 ans de bons et loyaux services, il est temps pour Payday 2 de raccrocher, de partir en retraite et de laisser place à une suite, Payday 3.
Un retour très attendu
Mais passer derrière un jeu aussi énorme, avancé et ancré dans le paysage n’est pas une mince affaire. Payday 3 a intérêt à avoir de sacrés arguments pour convaincre. Dix ans, c’est énorme. Les joueurs étaient en plus encore très nombreux sur Payday 2 et ce dernier a reçu des DLC et des mises à jour il n’y a pas si longtemps que ça. Alors pourquoi repartir de zéro avec un tout nouveau jeu ? On ne sait pas trop, certainement une volonté de faire du neuf au lieu d’opter pour une refonte graphique ou quoi que ce soit d’autre. Quoi qu’il en soit, c’est le parti pris du studio. À l’heure où les jeux-service se multiplient à vue d'œil, et où beaucoup d’entre eux cartonnent, Starbreeze s’est dit qu’il avait une carte à jouer.
Cependant, Payday 3 n’est pas un jeu-service, du moins, pas encore. On devine assez facilement qu’il se dessine quelques idées en arrière-plan, mais en aucun cas le jeu ne cherche à nous mettre le pif de force dans ses boutiques, et aucune mécanique lourdingue n’est à relever. Ceci dit, vu le lancement chaotique, il valait peut-être mieux. Problème de matchmaking, bugs de connexion… c’était un peu la foire à la saucisse. Mais que ce soit dit, on ne lui en tiendra pas rigueur, les dérapages lors des sorties sont, malheureusement, devenus monnaie courante et on sait évidemment que ce genre de problème est résolu assez rapidement. Et de toute façon, ça n'enlèvera rien aux forces et faiblesses de ce Payday 3.
C'est le jour de paie ! Payday !
Parce que oui, Payday 3 est loin d’être mauvais, bien au contraire même. Le jeu conserve ses solides bases et cherche à les améliorer. Pourquoi changer une recette qui fonctionne de toute façon ? Il est donc toujours question de jouer les voyous et d’aller braquer des banques, des bijouteries, des fourgons blindés et tout le toutim. Nos lascars quittent toutefois Washington pour New York histoire de varier les plaisirs. Pour nous joueurs, on ne va pas se mentir, ça ne change pas grand-chose. Certaines cartes des huit disponibles au lancement ont d’ailleurs comme une odeur de déjà-vu, notamment la petite banque au coin de la rue, la boîte de nuit et la bijouterie. Alors non, il n’y a pas de reprise des éléments d’un jeu à l’autre, on a juste l’impression d’être en terrain conquis.
On est en terrain connu, mais le fait est que Payday 3 a très largement mûri comparé à son prédécesseur. Les casses sont plus complexes, et l’on est souvent amené à remplir quelques petits objectifs pour mener à bien notre mission, comme trouver des codes d’accès, subtiliser les cartes magnétiques des gardes, fouiller les PC à la recherche d'indices pour trouver des objets de grande valeur ou des trésors cachés, etc. C’est plus approfondi que les derniers contenus de Payday 2 qui s’orientaient déjà vers cette tendance.
On ne s’en plaindra pas, d’autant que le placement aléatoire des objets, des caméras et parfois des gardes, ainsi que le changement des codes et la disposition des objectifs assurent une certaine rejouabilité. Heureusement d’ailleurs, puisqu’avec seulement 8 cartes au compteur, on pourrait vite tourner en rond.
Oui, c’est peu, c’est même trop peu, on ne va pas se mentir, d’autant que Payday 3 fait une croix sur les modificateurs, les casses sur plusieurs journées, etc. Pour le moment, nous n’avons plus qu’un menu simple dans lequel on choisit son contrat et voilà, là où avant c’est le jeu qui générait lui-même des contrats lancés par des indicateurs. On s'assoit également sur les phases de briefing où l’on pouvait acheter des informations ou obtenir des bonus avant de commencer nos missions, ici encore c’est un simple menu qui s’en charge pour nous. Alors oui, l’ambiance en prend un petit coup. Payday 3 est moins chaleureux et un poil moins immersif que son prédécesseur, mais il n’en est pas moins généreux pour autant.
S’il n’y a pas beaucoup de missions, il y a énormément de choses à déverrouiller. Des dizaines d’armes (fusils d’assaut, pistolets, fusils à pompe…), une tonne d'accessoires (silencieux, lunettes, chargeurs…), des masques, des costumes et des gants à ne plus savoir quoi en faire. Si les vêtements sont cosmétiques, les armes quant à elles ont leur importance, car elles nous sauveront la mise lors de nos braquages. À vous de voir comment vous voulez que les choses se passent, à la dure en décimant une armée de policiers dans la foulée, ou en douceur comme des cambrioleurs presque gentlemen. Naturellement, le jeu nous pousse à jouer en finesse. On a toujours le droit à une phase d’observation durant laquelle on repère les lieux, on note la présence de gardes, de caméras et de civils.
Bas les masques !
On peut même désormais faire un peu plus de choses, se faufiler ici et là par exemple pour commencer ses basses besognes discrètement. Puis vient le casse, on enfile les masques, on hurle sur les civils pour les mettre au sol et on fait le maximum avant l’arrivée de la police. Ces derniers viendront inévitablement, même si Payday 3 embarque une petite nouveauté permettant de donner des otages en échange d’un peu de répit. Quelques minutes suffiront à la police pour débarquer absolument de partout par paquets de 10, là Payday 3 se transforme en simulation de massacre. La flicaille de pixels déboule de toute part et tire à vue sans sommation.
Certains sont même des "policiers spéciaux" équipés de mines électriques, de tasers ou de medikits par exemple. D'autres forces spéciales sont carrément blindées jusqu’à la moelle et armées de mitrailleuses lourdes ou de véritables ninjas capables de nous mettre à terre d’un coup. Pour le réalisme, on repassera, mais ces flics spéciaux vous obligeront à vous serrer les coudes. Payday 3 est plus que jamais axé sur la coopération de toute manière, il suffit de jeter un œil à la grosse centaine de compétences à déverrouiller pour s’en convaincre. On retrouvera des capacités bien connues de la licence, comme celles qui permettent de contrôler la foule, la police ou de pirater, mais également des compétences de teamplay offrant des bonus d'équipe ou la possibilité de soutenir ses camarades.
Les builds peuvent être multiples, loin des archétypes de Payday 2. Mais si Payday 3 est plus permissif, son système d'évolution est un poil chaotique. Il faut en effet rechercher les compétences une à une en les présélectionnant. L'expérience gagnée en fin de partie viendra alors participer à la recherche. Une fois les compétences primaires acquises, il faudra les équiper pour déverrouiller naturellement les capacités spéciales qui y sont liées. C’est un peu bordélique et pas hyper précis, mais au moins, les compétences se déverrouillent rapidement, contrairement à l'armement.
Si l’arsenal est plutôt complet, il n'en reste pas moins un peu long à se dévoiler. Il faudra monter de niveau pour avoir accès à chaque arme, mais aussi dépenser des fortunes pour mettre la main dessus. Une monnaie spéciale, une sorte de crypto locale, est également disponible et permet d’acheter de l’armement personnalisé. Seul hic, on ne peut acheter cette monnaie spéciale qu'un certain nombre de fois chaque semaine et ça coûte plusieurs millions de dollars. On imagine assez bien une boutique venir pointer le bout de son nez à terme, permettant d’acheter directement cette monnaie spéciale. J’espère que non, puisque faire des missions à la chaîne pour amasser de l’argent à dépenser, c'est l’essence même de Payday 3. Surtout que chaque dollar nous permet de nous améliorer, d’être mieux préparé, et donc d’attaquer des missions de plus en plus difficiles pour gagner toujours plus d’argent, et ainsi de suite. Et ça fonctionne bien, la montée en puissance est réelle, même si elle met un peu de temps à venir, et on prend plaisir à partir en mission toujours plus difficile.
Quand braquage rime avec carnage, Payday 3 fait le ménage
Huit maps (oui, je n'en démords pas, c’est toujours peu), toutes suffisamment différentes pour éviter la redite. Le level design gagne d’ailleurs très largement en densité. Les zones sont globalement plus grandes que dans Payday 2, mieux construites et offrent bien plus d'opportunités d’approche. Résultat, les missions sont toujours grisantes et intéressantes à faire même après plusieurs heures de jeu. Je vous recommanderai toutefois d’y aller entre potes ou, au mieux, de vous trouver des camarades de jeu. Jouer avec l’IA serait une erreur fatale. Nos compagnons sont bêtes à manger du foin et tout juste bons à tirer et porter des sacs qu’ils ne sont même pas foutus de mettre en sécurité. Même son de cloche du côté de la police.
Les pauvres bougres se déplacent en troupeau comme des bœufs dans un couloir, butent contre les portes, attendent derrière les murs en nous suivant du viseur ou semblent se perdre dans la carte. Bref, la police est juste bonne pour venir nous taper dessus sans discuter et ne cherchera jamais à faire quoi que ce soit d’autre. On ne demandait pas la lune, mais juste une IA un peu plus fine. Qu’à cela ne tienne, la police fait son travail et nous met une pression colossale. On compte les sacs de butin, on jauge les prises de risque et on essaie de faire le casse au plus vite en évitant les balles. Ça devient rapidement stressant lorsque l’on augmente la difficulté et donc, totalement grisant. Payday 3 assure des parties dynamiques, explosives et une excellente expérience coopérative.
Quatre as font la paire
S’il n’y a pas de chat vocal in-game pour le moment, on peut toutefois communiquer via de très nombreux pings pour donner des ordres ou indiquer l'emplacement des caméras et autres gardes, par exemple. En jouant avec des potes, on aura aussi vite fait de parler équipement avant de partir, d’acheter des ressources qui seront préalablement disposées dans la zone du casse avant qu’on parte en mission. Chacun équipera les compétences qui lui vont le mieux tout en réfléchissant à une stratégie de groupe.
Il sera toujours idéal d’avoir un hacker, un gars spécialisé dans les munitions et/ou le soin, un autre capable d’affronter la police à lui tout seul ainsi qu’un dernier pour s’occuper des otages. C’est à vous de voir et de composer votre propre équipe. Le choix du personnage n’apportera d’ailleurs pas grand-chose, c’est une affaire de goût et de cosmétique, une fois encore. Même le mode histoire ne s’embarrasse pas à développer les personnages. On retrouve pourtant notre quatuor de Payday 2 et deux petites nouvelles qui viennent se greffer au groupe, mais aucun d’eux n’a le droit à un traitement de faveur. Le scénario tient avec un coton-tige, tout le monde s’en tamponne et les cinématiques de quelques secondes entre deux braquages ne servent absolument à rien, d’autant que ce ne sont que des illustrations et une voix-off. Mais entre nous, on n'achète pas Payday 3 pour ça.
En résumé, Payday 3 repart vraiment de zéro. Le jeu est complet et se suffit à lui-même, mais s’avère être bien moins fourni que Payday 2. Difficile de toute façon d’être aussi riche qu’un jeu qui a dix années de service dans les pattes. Néanmoins, ce troisième épisode dispose de très solides bases pour commencer et pour le prix demandé, une quarantaine d’euros, on en a pour notre argent, d’autant qu’on sait que le jeu sera amené à évoluer avec le temps. Mais ne pensez pas qu’il se contente de se reposer sur ses acquis, ça non. Les nouveautés font très largement le job et bien entendu, il y a une sérieuse évolution graphique. Pour avoir relancé Payday 2 durant le test, le constat est immédiat. Payday 3, sans être un monstre graphique, est très propre sur PC. Les textures sont pour la plupart solides, les effets de lumière (néons, etc…) très largement suffisants et les modèles tiennent la route. Bon, les animations en revanche, ce n’est toujours pas ça et quelques bugs subsistent, mais rien de bien grave.