Lorsque RaHaN m'a tendu la galette de Patrician IV avec un petit sourire narquois en travers du visage, j'ai tout de suite senti l'embrouille. "T'aimes bien les jeux de stratégie toi, non ? Hin hin hin". Oui, j'aime bien ça. Mais ce n'est pas parce que j'aime la littérature que je vais me mettre à lire du Marc Lévy.
Au fond, Patrician IV n'est pas un mauvais bougre. C'est un peu le Pierre Richard du jeu de stratégie : une bonne bouille, blindé de bonnes intentions, mais maladroit au possible. Qui plus est, il souffre aussi d'un esthétisme un peu suranné, "beau comme un jeu de 1995" est ce qui le décrit le mieux. Certes, la finesse des graphismes et la puissance du moteur 3D ne sont pas des éléments primordiaux dans un RTS, mais ça n'empêche pas de faire un minimum d'efforts malgré tout.
L'axe principal du titre, c'est le commerce. Apprendre à cerner les meilleures opportunités pour vendre votre came au prix le plus élevé sera donc votre objectif premier. Et, pour être tout à fait franc, ce sera en gros le seul truc vraiment intéressant qu'on vous demandera de faire tout au long du jeu. Établir des routes commerciales de plus en plus nombreuses, acheter des biens pour une misère, les refourguer une fortune, processus que vous aurez la possibilité d'automatiser pour vous éviter de devoir trop micromanager.
Mais du coup, que reste-t-il ?
Très honnêtement, pas grand-chose. En dehors du volet commercial, Patrician IV propose également une petite partie de city building plutôt légère, puisqu'il s'agit simplement d'implanter votre business dans de nouvelles villes et peu importe son positionnement par rapport aux voies d'accès, cela n'influera en rien sur le cours du jeu. Oui, c'est franchement dommage parce que du coup, ça nuit un peu à l'intérêt de la manœuvre.
Il y a également un volet politique à chaque partie, mais il intervient relativement tard dans le jeu et ne permet finalement que de faire bien peu de choses : construire de nouveaux bateaux ou de nouveaux bâtiments, engager des mercenaires pour terroriser la concurrence, voire devenir maire de votre ville natale. Tous ces choix auront bien entendu un impact sur vos affaires, mais au final, il ne sera guère compliqué de prendre les bonnes décisions.
Il est à terre, achevons-le...
Oh j'allais oublier les derniers détails qui fâchent : on peut faire des batailles navales mal fagotées, si on tire un malin plaisir à se faire chier, il n'y pas de multijoueurs et les villes produisant toujours le même type de biens, la replay-value est quasi inexistante. Voilà. J'ai fini de me faire violence, je vais de ce pas postuler comme attaché de presse chez Kalypso.
À moins d'avoir envie d'essayer absolument TOUS les jeux de stratégie qui sortent, je ne vois pas trop ce qui pourrait m'amener à vous le recommander. Doté d'une réalisation très moyenne, d'un intérêt limité et générateur d'ennui à relativement court terme, Patrician IV fait véritablement pâle figure face à la concurrence. Il a certes un bon fond et ses intentions sont louables, mais il manque aussi clairement d'ambition. Dommage.