Le black-out du PlayStation Network est une véritable plaie. A plus d'un titre. Dont celui d'empêcher les joueurs équipés en PS3 de s'essayer à Outland. Nouvelle pépite dématérialisée débarquant sur Xbox Live et PSN (un jour), ce jeu de plate-forme brasse les influences avec délectation afin d'offrir un jeu de plate-forme/action certes non conventionnel, mais aussi exigeant qu'hypnotisant. Ouvrez grand les yeux...
Nouvel eldorado des productions misant plus sur l'originalité et le gameplay que sur la débauche technologique, le dématérialisé ne cesse de nous surprendre. Agréablement et à petit prix. Avec Outland, les finlandais de Housemarque (Super Stardust HD et Dead Nation) tentent le grand écart ultime, le méga-mix absolu, le tout servi avec panache. Et il en faut du culot pour oser rassembler, dans un même jeu, un visuel 2D épuré à la Limbo, les mécaniques de progression et d'action/plate-forme d'un Castlevania traditionnel, le tout saupoudré des règles bicolores incarnées par les billes du cultissime shoot them up Ikaruga. Vous craignez la crise de foie ? Vous allez pouvoir découvrir un titre sachant mêler gameplay précis, progression exigeante, et immersion saisissante. Rétro mais pas trop, hardcore sans être impossible, artistique sans être pompeux... un vrai bon jeu surtout.
A la croisée des chemins
A une heure antique où magie et chamanisme régnaient, un jeune guerrier se dresse pour défier deux déesses possédant le sort de notre monde entre les mains. S'en suit un long périple dans un gigantesque labyrinthe en deux dimensions. Plates-formes mouvantes, ennemis à éradiquer, sauts millimétrés, leviers à abaisser et déluges de bulles d'énergie à éviter... voilà la destinée ludique proposée par Outland. Un monde en ombres chinoises multicolores. Où les bruits des forêts vierges et le murmure des cités millénaires, rendent le parcours plus viscéral. Impossible de ne pas percevoir le sens esthétique émanant du titre. Rien d'unique ou d'inédit, mais l'ensemble est ciselé avec légèreté, comme dessiné avec la plus fine des plumes. Cohérent. Attirant. Un théâtre de choix pour mieux profiter d'un gameplay dense et qui ne cessera de se complexifier. Pas de flottement, des sauts précis, des hit-box parfaitement calées, des boss démoniaques... D'emblée, en matière de plate-forme/action, Outland se hisserait illico dans le haut du panier, mais pour enfoncer le clou, il dispose d'une botte-secrète !
En rouge et bleu
Une constellation de billes rouges et bleues. Des poussières d'étoiles en mouvement, véritable ballet macabre que vous devrez éviter. Ces dernières confèrent sans conteste une saveur inimitable à Outland. L'aventure ne débute pourtant pourtant pas directement avec elles. Progressivement, le jeu vous offrira tout d'abord de nouvelles capacités (attaquer, effectuer des sauts spécifiques, alterner entre les couleurs, se téléporter, etc.) et en profite pour affûter son gameplay. A ce titre, les créateurs font preuve d'une belle maîtrise dans l'intensification de la difficulté. Rien n'est brutal. Tout se laisse dompter au fur et à mesure... même s'il est vrai que par moment, certaines situations semblent initialement diaboliques. La solution n'est pas tant dans la réflexion, que dans une admirable science du réflexe et de la dextérité. A l'ancienne. Et pour éviter toute frustration, l'ensemble a été réglé à merveille.
Ombre et lumière
La première couleur que vous maîtriserez sera l'aura bleue. Puis viendra le rouge. Vous pourrez alors alterner à tout instant d'une pression sur une touche de la tranche. La mécanique est alors totalement similaire à Ikaruga. Vous serez immunisé contre les vagues de projectiles dont vous porterez la couleur, et sensible à l'autre. Facile. Sauf quand les assauts de billes bleues ou rouges déferleront et s'entremêlant, vous obligeant à jongler entre les deux. Visuellement, ce maillage peut devenir d'une extrême complexité à la limite du puzzle coloré. Souvent complexe (si on veut ne jamais se faire toucher), toujours étonnement esthétique. Petite subtilité supplémentaire, chaque ennemi portera aussi une couleur, et vous devrez alors la combattre en vous drapant dans sa couleur opposée. Un ensemble de règles offrant un style visuel furieusement hypnotique au jeu, tout en lui imprimant un rythme souvent frénétique car il faut aller vite, switcher d'une couleur à l'autre parfois même en plein saut. Dans un autre registre, les boss restent aussi des moments notables avec de vraies luttes à l'ancienne où réflexes et réflexion doivent s'accorder. Promis, vous allez mourir. Souvent. Mais heureusement, Outland évite l'écueil de la frustration grâce à des chargements rapides et un système de sauvegarde à intervalles réguliers évitant de repartir de trop loin.
Enfin, au-delà du mode solo, des options multijoueurs vous attendent. Comme des défis coopératifs spécifiques auxquels on pourra malheureusement reprocher de n'être jouable qu'en ligne. On retiendra aussi la présence d'un mode Arcade pour effectuer des runs ultra rapides. S'il ne faut compter qu'entre 4 et 8 heures pour voir le bout de l'aventure solo et si l'histoire reste assez anecdotique, le périple ne laisse pas insensible. Outland possède ce supplément d'âme qui transcende l'expérience de jeu. Vous donne envie d'y revenir. D'en parler. De plonger toujours plus profondément au coeur de ce labyrinthe aux mille et une couleurs. Une franche réussite.