Quand on y pense, l'appellation "Mario Bros." est assez discutable, une fois les considérations marketing évacuées. Les titres "Jump Bros", voire "Plumber Bros" auraient été plus appropriés, car dans l'absolu, c'est un peu comme si Gameblog se nommait "Trazom Friends" ou un truc du genre... Pourquoi le fait d'avoir manqué les toutes premières aventures de Mario condamnerait Luigi à jouer éternellement les seconds rôles lors de leurs élucubrations communes dans la plateforme ? Et pourquoi devrait-il rester le "frère de Mario" ? Heureusement cette époque semble révolue, Luigi profitant de ses trente ans pour s'afficher au premier plan. Pour preuve, son prénom est placardé sur cette extension de New Super Mario Bros. U, et notre plombier moustachu vert aura également droit à une version "en boîte et due forme" habillée de sa couleur favorite, sans la moindre trace de son encombrant frangin...
... exception faite d'une casquette laissée par Mario sur la table du banquet où trône Peach, qu'enlève bientôt Bowser au nez et à la moustache de Luigi. L'introduction se montre ainsi quasiment identique, à l'instar de la carte du monde. Mais dès que l'on entre dans le premier niveau, aux commandes de Luigi, ce dernier marque sa différence. Évidemment les décors reprennent les éléments graphiques de New Super Mario Bros. U à quelques détails près, notamment les différentes représentations de Luigi facétieusement dissimulées dans chacun de ces 82 niveaux inédits. Car leur structure n'a plus rien à voir, ceux-ci ayant été construits sur mesure afin d'exploiter les capacités particulières de Luigi. En effet, Luigi court plus vite, saute plus haut et plus loin que Mario, ce qui lui vaut en contrepartie de glisser davantage. Luigi est donc plus délicat à manier, un surcroît de difficulté que souligne la petite musique familière (et bien stressante) qui retentit à peine le niveau lancé, puisque l'on ne dispose que de cent secondes pour arriver au bout ! Rassurez-vous, la longueur des parcours a été rabotée en conséquence, de sorte qu'ils se terminent en une minute environ, du moins quand on parvient jusqu'au drapeau... Qu'il s'agisse des ennemis, des pièges et autres précipices, le nombre de dangers a été méchamment revu à la hausse, à l'image de Super Mario Bros. : The Lost Levels. Ces changements se traduisent par une densité accrue, surtout au sein d'espaces plus restreints.
Plus vite, plus haut, plus fort ?
De ce fait, l'agilité de Luigi est précieuse pour traverser de tels champs de mines, de même que les pièces placées de manière à indiquer le chemin idéal. Voilà qui illustre ostensiblement le level design aussi cruel qu'ingénieux, au point que l'on ricane souvent en découvrant les stratagèmes diaboliques élaborés par l'équipe de Takashi Tezuka pour dévorer notre maigre stock de vies. Clairement, ils se sont lâchés en terme d'architecture, avec un talent certain pour détourner d'anciennes mécaniques de gameplay. Imaginez les niveaux enneigés - déjà fort glissants - avec un Luigi en costume de Pingouin ! Deux autres Power-Ups font d'ailleurs leur retour, en l'occurrence le mini champignon et le champignon à hélice. Hélas ces pouvoirs se révèlent ici sous exploités, dans la mesure où New Super Luigi U mise sur la dextérité au détriment de l'exploration, forcément limitée par la taille des niveaux. Il ne reste que les sorties secrètes à chercher, et malgré leurs cachettes malicieuses, le fait qu'elles se situent au sein des mêmes niveaux que dans New Super Mario Wii U (avec les mêmes raccourcis à la clé) réduit d'autant la zone de fouille. De leur côté, les pièces étoiles sont la plupart du temps plutôt faciles à repérer. Pour les attraper en revanche, c'est une autre paire de manches. Une excellente raison de jouer à plusieurs, bien qu'il soit possible de toutes les récupérer en solo, au prix de pirouettes qui tiennent parfois du suicide. Ces manœuvres deviennent nettement plus simples en duo, grâce aux plateformes créées par le porteur du GamePad. Néanmoins, mieux vaut se contenter de trois joueurs sur les cinq autorisés, tant on se sent à l'étroit le cas échéant, avec le désordre que cela suppose. Surtout que Mario est remplacé par un sacré énergumène : Carottin !
Les Carottins sont cuits !
Notre lapin masqué a en effet la spécificité de ne subir aucun dommage quand il touche les ennemis, qu'il reçoit un projectile ou qu'il marche sur des pics. Revers de la médaille, Carottin ne peut ni transporter des bébés Yoshi, ni profiter des Power-Ups, transformés en 1-Ups à la fin du niveau. En outre, il n'est pas invulnérable, puisque certaines attaques sont susceptibles de couper son élan, et les chutes dans le vide lui sont fatales. Carottin constitue donc un personnage parfaitement adapté pour les novices, y compris si l'on choisit de l'incarner pour aider tranquillement ses camarades à progresser. Cela dit, sa quasi invincibilité donne quelquefois le sentiment de tricher, en particulier face aux Boss complètement inoffensifs pour lui, rendant du même coup leur recyclage encore plus regrettable. D'une certaine façon, Carottin se mue carrément en Super Guide, car on peut aussi l'utiliser en solo à l'envi (une astuce top secrète planquée dans les légendes des images ci-contre). Le point positif de la chose, c'est d'avoir ainsi l'opportunité de mettre la main sur des pièces étoiles vicieusement positionnées sans s'arracher les moustaches. Mais gare à l'indigestion de Carottin, en abuser revient à gâcher une bonne partie de l'intérêt du jeu, ce qui le prive paradoxalement de sa véritable carotte : la course à l'adresse pure et dure. New Super Luigi U a indubitablement des allures de grande Ruée vers l'Or, une impression renforcée par l'absence de ce mode ainsi que des Défis et de la Course aux Pièces. La durée de vie s'avère malgré tout des plus trapues, surtout quand on prend en compte la manière étonnamment fraternelle de revisiter ces niveaux qui nous est offerte, une fois celle-ci achevée.