Évoquer Naruto et sa suite Naruto Shippuden, c’est basculer dans une ère relativement récente encore de nostalgie. De frustration aussi, notamment pour le deuxième cité, en repensant à ces épisodes fillers - sans lien direct avec l’histoire principale - qui n’ont fait que retarder les grandes échéances et leur dénouement. Mais surtout de bonheur, parce qu’au final, on aura quand même “bien mangé” avec ces deux séries particulièrement chronophages. 

Évidemment, le jeu vidéo a déjà mis à l’honneur le ninja blond le plus célèbre de sa génération avec une série bien distincte, les Ultimate Ninja Storm. C’est donc pour un cinquième épisode que Naruto ressort le kunai, affublé de son ami de toujours, Sasuke. Et pour le coup, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce soit visuellement ou manette en main, le joueur habitué de la série ne part pas en terrain inconnu. La cinématique d’entrée, qui reprend les codes d’un des génériques iconiques de la licence, nous met dans le bain. L’interface de Nartuo x Boruto Ultimate Ninja Storm aussi, qui garde, de la police des menus à leur couleur, l’essence des précédents Storm. Niveau jouabilité, que l’on développera plus tard, idem : permutation, ruée de chakra, recharge de chakra, lancer de kunai et d’objets, attaques spéciales, combos, tout y est. Avec des ajustements tout de même.

Des histoires dont vous êtes presque le héros

test Ultimate Ninja STORM CONNECTION

Avant d’évoquer le fond, parlons de la forme. Storm Connections s’articule autour d’une proposition assez élargie : un roster de fou furieux, avec 157 personnages, dont 10 inédits : Asura et Indra Ōtsutsuki, Naruto (Mode Baryon), Sasuke (Assistant Kage), Boruto (Kāma), Kawaki, Jigen, Koji Kashin, Delta et Boro. Un mode Histoire, qui reprend les aventures et moments marquants de Naruto et Naruto Shippuden, une Histoire Spéciale, développée avec le soutien de Masashi Kishimoto et centrée cette fois vers Boruto, du combat en ligne, de l’entraînement, du Versus… bref, là encore, un contenu classique, dense et logique pour un habitué des Storm. Ce qui l’est moins, c’est le rendu des deux premières expériences.

Le mode Histoire se répartit sur 8 chapitres, chacun d’entre eux se découpant en forme de frise, avec des moments de cinématiques et d’autres d’action, où on rejoue un des combats mythiques ou majeurs de l'œuvre Naruto. Dans les faits, le rendu est beaucoup plus discutable. D’abord parce que les séquences “animées” ne sont que des extraits doublés de la série (sous forme de plans fixes dans la majorité des cas, des diapositives quoi). Ensuite parce que tous les combats importants ne sont pas là. 

Difficile de cacher sa frustration quand on ne rejoue pas réellement l’arc de récupération de Sasuke par exemple et les affrontements dantesques que chaque étape de ce passage comporte. Les joutes du mode Histoire sont exclusivement centrées autour de Naruto et Sasuke. Ce choix peut s’expliquer par une volonté de ne pas imposer au joueur habitué des Ninja Storm une répétition de ce qu’il a déjà connu par le passé. Mais ce n’est pas juste pour les autres. Et en réalité, cela renforce juste le sentiment général autour de cette narration dépourvue d’exploration et de liberté : ce mode est là parce qu’il doit être là, point barre.

Plus Naruto que Naruto x Boruto

NARUTO X BORUTO Ultimate Ninja STORM CONNECTION test

Les choses se présentent un peu mieux avec le mode consacré cette fois à Boruto. Ce qui nous permet de déplorer que ce dernier ne soit pas associé aux deux autres séries finalement, vu l’avancée de l'œuvre et ce qui s’est passé dedans. Là, on a droit à une histoire originale digne d’un filler ou d’un film, selon les goûts, reposant autour de deux nouveaux personnages, Nanashi et Merz. L’ombre d’une cinquième guerre ninja pèse sur le monde et les amis d’antan Naruto et Sasuke semblent de nouveau bien décidés à s’opposer. On ne développera pas plus, car l’intrigue, reposant en grande partie sur l’introduction d’un univers en VR, Ninja Heroes, jouit de rebondissements suffisamment sympas pour nous avoir tenus pendant les quelques heures de son évolution. 

Mais là encore, on a cédé à la facilité. Même modus operandi que pour le mode Histoire : des séquences diapositives succèdent à des moments de combat… qui ne mettent pas vraiment Boruto et ses amis en avant. Ce dernier, hormis dans quelques cas bien précis, cède sa place à son père ou, quand le jeu le permet, au reste du vivier de personnages dans la dimension de Ninja Heroes, puisque dans celle-ci, chaque joueur évoluant dans le jeu peut prendre un des éléments du roster comme avatar. Pratique pour se faire plaisir en switchant de persos en cours d’aventure. Mais une fois de plus, c’est l’univers de Naruto et Naruto Shippuden que l’on met en avant. Et on notera aussi que la grande majorité des 10 persos ajoutés au roster ne sont introduits et présents d’aucune manière scénarisée dans les deux modes Histoires. C’est ballot.

Le goût de l’ancien, avec un léger neuf

NARUTO X BORUTO Ultimate Ninja STORM CONNECTIONs

Ce manque d’équilibre se ressent aussi d’un point de vue graphique. Naruto x Boruto Storm Connections est plutôt beau, mais affiche parfois une modélisation sommaire - notamment dans certaines scènes du mode Histoire Spéciale - à tel point qu’on doit écarquiller les yeux et se pincer pour être sûr de ne pas s’être trompé de génération de consoles. Certaines cinématiques sont réussies, d’autres moins, alors qu’elles sont le copier-coller d’anciens Storm. Un petit mot sur la caméra, qui, comme les précédents épisodes, peut se retrouver en galère sur un ou deux enchaînements. Bref, on sent l’odeur de l’ancien sur ces aspects-là et ce n’est pas forcément une excellente chose en soi.

Manette en main, pas grand-chose à redire : c’est du Storm et s’il nous a fallu quelques minutes pour retrouver nos sensations, on prend vite le coup. CyberConnect 2 a tout de même voulu ouvrir les chakras de la jouabilité de son titre : les ninjutsu sont au nombre de deux désormais, les lancers de shuriken ont disparu, les objets à utiliser en cours de combat sont soumis à un cooldown, la barre de chakra se remplit toute seule, rendant les attaques spéciales plus fréquentes du coup, une nouvelle mécanique de soutien en pressant les deux gâchettes est disponible et on peut alterner entre chacun des membres de son équipe (qui ne dispose que d’une barre de vie pour les trois), histoire de varier les plaisirs, brouiller les pistes ou répondre à une problématique posée par l’adversaire, puisque chaque ninja, s’il épouse le même système de coups, n’a pas la même façon de les donner sur le terrain. 

test BORUTO Ultimate Ninja STORM CONNECTION

Le rendu donne des combats plus spectaculaire, plus fluide aussi. Enfin, à l’instar de ce qui se fait quasiment partout - Street 6 et bientôt Tekken 8 - un mode simplifié permettant d’actionner en une touche certaines actions est également présent. Le plus appréciable, finalement, est la présence des techniques combinées, qui se concrétise par la symbiose parfaite entre les membres de votre équipe - à vous de bien la composer pour déclencher une cinématique stylée - et fait appel aux techniques spéciales de chacun. Le rendu est bon, les dégâts font bien mal et la méthode est on ne peut plus jouissive.

Il paraît évident après quelques heures que ce Storm Connections est bien finalement ce qu’il doit être : une compilation des quatre Storm précédents et non pas un nouvel épisode à part entière. Les changements qu’ils apportent niveau gameplay sont louables, mais ne révolutionnent pas le genre ni la saga, même si bon nombre d’entre eux trouveront certainement un écho favorable chez les joueurs compétitifs en ligne. 

La présence du doublage français (tout comme l’allemand d’ailleurs) et le roster maousse de personnages (157, sans compter ceux qui arriveront via le Season Pass), même si certains ne sont que des variantes, en font à l’heure actuelle le jeu indispensable pour tout fan de Naruto. On aurait aimé que la licence Boruto jouisse de plus de place et, quitte à nous faire revivre les aventures du papa, que l’on ne passe pas à la trappe certains affrontements de légende.