Lors de sa sortie il y a deux ans, Naruto Ultimate Ninja Storm a imposé un nouveau standard aux licences tirées de mangas et d'animés. Doté d'une superbe réalisation et d'une mise en scène des combats époustouflante, il avait su approcher, voire dépasser, le rendu visuel d'une série animée comme aucun titre avant lui. Au niveau du gameplay, en revanche, le jeu ne proposait rien de bien innovant, ni même de très intéressant. Ce second volet, annoncé comme plus abouti et plus mature, rectifiera-t-il le tir ? Aura-t-on droit, cette fois, à une dimension ludique à la hauteur du visuel affiché par le titre ? Direction le village caché de Konoha pour trouver la réponse !
La pression monte...
Comme son nom l'indique, cette suite se déroule à l'époque Shippuden, soit trois ans après les événements qui opposèrent Les ninjas de Konoha au terrible Orochimaru. Nous retrouvons Naruto alors qu'il revient de son entrainement avec Jiraya. Le jeu propose sept chapitres relatant avec précision le scénario original jusqu'à l'affrontement entre Naruto et Sasuke, à la tête du Clan Taka. Si les fans peuvent aisément imaginer ce qui les attend, précisons pour les autres que l'histoire sera riche en surprises et en rebondissements, parfois dramatiques... Notons d'ailleurs la grande qualité de l'oeuvre originale sur cette partie de l'histoire, qui renoue avec les débuts haletants de la série. Cette richesse scénaristique constitue également l'un des points forts du jeu pour lequel tout est prétexte à servir l'histoire. Peu de digressions seront d'ailleurs consenties, et pour ce qu'elles valent, c'est peut être mieux comme ça. Ainsi, ce n'est pas seulement Naruto que vous dirigerez dans cette aventure, mais chaque personnage concerné par les évènements. Il arrivera même que vous laissiez Naruto de côté pendant plusieurs chapitres, même s'il reste votre personnage principal et le seul à pouvoir réaliser des quêtes annexes et autres petits jobs.
Remise à plat
Bien que très similaire dans le fond et la forme à son prédécesseur, ce nouveau volet propose pourtant une expérience de jeu radicalement différente. Et cela n'est pas simplement dû au dosage des éléments qui constituent le rythme et la base du jeu, mais surtout à des changements radicaux dans l'approche de l'aventure. Le premier bouleversement concerne l'environnement qui est désormais géré par un système de caméras fixes. Fini le village de Konoha en 3D et les balades sur les toits ! Chaque lieu est constitué de cinq ou six écrans que l'on traverse pour passer au lieu suivant. En revanche, les endroits à visiter sont bien plus nombreux. Vous pourrez par exemple vous rendre au Village du Sable, en traversant forêts, plaines et désert, explorer le repère d'Orochimaru ou encore vous infiltrer dans le Village de la Pluie... Si cela offre de la variété au titre et lui permet d'afficher des écrans élaborés comme des cases de manga, cela pose aussi un gros problème : l'impression que le monde tient dans un mouchoir de poche. Imaginez qu'en une dizaines d'écrans fixes on passe de Konoha au village du sable... Le pire c'est que lors de certains déplacements avec dialogues, les protagonistes feront part de leur fatigue ou leur désir de faire une halte, après plusieurs jours de marche, qui ne représenteront dans le jeu que deux ou trois écrans... Bizarre ! Le mini jeu qui proposait de traverser les forêts en sautant d'arbre en arbre et rajoutait à l'impression de distance, a tout simplement disparu. Tous les mini-jeux ont d'ailleurs disparus...
L'esprit d'équipe
Le système de combat, quant à lui, a légèrement évolué. Vous combattez toujours dans des arènes en 3D et disposez d'un bouton pour les combos, un pour les sauts, un pour les armes de jet, une garde qui sert aussi aux permutations instantanées et d'un bouton pour déclencher le chakra, permettant de booster les autres actions ou de lancer des techniques secrètes. Chaque personnage dispose de deux jutsus dévastateurs dont le coût en chakra est proportionnel à la puissance. Au niveau des combats, rien à redire, c'est un régal. Les animations sont fluides, détaillées, variées, rapides, et les contacts parfaitement gérés, les caméras suivent l'action sans heurt et les techniques secrètes sont toujours aussi hallucinantes. Lors de ces combats vous pouvez être assisté de deux équipiers qui interviennent à votre commande pour balancer leur attaque spéciale. La nouveauté, c'est que vous créez des liens avec ces équipiers. A mesure que vous faites appel à eux, une jauge d'équipe se remplit. Une fois pleine, vos équipiers agiront sans être sollicités et viendront ainsi renforcer vos combos, vos attaques spéciales. Ils pourront également se jeter sur un adversaire trop agressif ou vous protéger de ses attaques. Simple d'emploi et d'une efficacité indéniable, ce système apporte une plus grande dimension aux personnages et installe un réel esprit d'équipe entre les ninjas. Ca n'a l'air de rien, mais in game, ça déchire ! Imaginez qu'une volée de shurikens s'abatte sur vous et qu'au moment où tout semble perdu, Rock Lee débarque en hurlant votre nom et faisant rempart de son corps pour vous protéger... Tout cela sans mise en scène particulière, le plus naturellement possible et souvent sans qu'on s'y attende.
La Foirefouille des ninjas
Autre aspect novateur du jeu : l'importance accrue des objets. Etant dénué de tout équipement ou amélioration de personnage votre seul moyen de faire tourner le combat à votre avantage est une utilisation judicieuse des objets. La première étape consiste à récolter des ingrédients, disséminés de manière très visible dans la nature, lors de vos innombrables déplacements. Vous les assemblerez ensuite en suivant des recettes précises pour créer de nouveaux objets qui deviendront disponibles à la vente chez les commerçants du village. Vous retrouvez ainsi les sempiternels kunais explosifs, parchemin à effets variés et autres boosters d'état, utilisables en combat, mais aurez également la possibilité d'acheter des brochettes et des ramens aux propriétés spéciales. En effet, consommés juste avant un combat, ces plats vous permettront de renforcer l'une de vos caractéristiques (défense, dépense de chakra, puissance...) pendant toute la durée du duel. Vous aurez ainsi la possibilité d'associer un repas à des objets ayant un effet identique pour obtenir un super boost ou au contraire, d'équilibrer les bonus offerts par le repas et les objets. Considérez ces objets comme un équipement que vous pouvez changer à chaque affrontement, en fonction de l'ennemi ou de votre stratégie. Loin d'être un gadget, ce principe peut changer l'issue d'un affrontement et justifie quelque peu les longues phases de cueillettes qu'il induit.
Konoha Motion Pictures Presents
Dernier aspect particulièrement marquant de Naruto Storm 2 : les combats contre les boss. A certains moment clés de l'histoire vous devrez livrer bataille contre des ennemis très puissants ou démesurés, souvent les deux. Lors de ces affrontements il ne s'agit plus de chercher à mettre KO l'adversaire en se ruant sur lui, mais plutôt d'observer ses mouvements pour en exploiter la faille et le blesser progressivement. Lorsque l'ennemi sera suffisamment affaibli vous pourrez déclencher une séquence de QTE à vous décrocher la mâchoire, lors de laquelle les protagonistes s'en mettront plein la tête dans un déluge d'effets spéciaux et de techniques secrètes de fous furieux. Il arrivera même qu'un mini jeu se mette en place juste le temps de l'affrontement pour coller à l'histoire originale. Ces séquences ultra dynamiques sont ce qui se fait mieux dans le genre et bien qu'elles suivent, au geste près, le déroulement de l'animé, leur rendu est nettement supérieur. On est totalement euphorique devant ce qui se passe sous nos yeux, c'est du très, très lourd ! Evoquons, seulement, le combat flash back entre Naruto et Sasuke, que vous aurez le plaisir de découvrir : une pure merveille ! Du coup, on en redemande et l'on souhaiterait que tous les combats soient de la même trempe. Les affrontement ordinaires, pourtant très réussis, paraissent tellement courts et rudimentaires face à ces batailles acharnées qui peuvent durer plus d'un quart d'heure ! Si vous aimez Naruto et que vous cherchiez une raison de craquer pour ce jeu, elle est là ! Sachez enfin que le jeu propose neuf combats de ce type contre quatre pour le précédent volet.
Chakra instable
Au final, le plus gros problème de ce second Naruto Storm est qu'il tarde à trouver sa voie, son rythme et alterne entre le médiocre et l'excellent. Au début on a presque l'impression d'être devant le même jeu que le précédent. On suit l'histoire au travers de combats tout en effectuant quelques missions annexes, mais la sauce ne prend pas, ou plus. On passe de phases endiablées à des missions sans intérêt et l'ennui s'installe... Dans la seconde moitié du jeu, les missions annexes disparaissent totalement, le jeu se recentre sur l'histoire et trouve un second souffle, multipliant les combats dantesques et les revirements de situations. A cet instant, on ne décroche plus et l'on comprend que tout l'intérêt du jeu se trouve dans cet aspect animé interactif. Nul besoin de ces missions annexes insipides qui tentent, en vain, d'apporter de la profondeur et de la variété à l'aventure. Sur ce point le titre n'atteint même pas le niveau d'un Naruto Narutimate Accel sur PS2 qui développait aussi un aspect RPG plus poussé. Non. La vocation de ce Naruto Storm 2 est d'être une version jouable et survitaminée de l'animé. Qu'il s'assume en tant que tel et arrête d'être plus ambitieux qu'il ne faut. Naruto Storm 2 s'adresse avant tout aux fans alors autant y aller franchement, plutôt que d'essayer de capter quelques joueurs qui pourraient être attirés par un principe de bac à sable, ici totalement désuet. Naruto Storm 2 aurait donc gagné à être plus cohérent dans son concept, si la barre se redresse de manière assez radicale au troisième chapitre, les débuts laborieux laissent un goût amer que les phases de déplacements incessantes contribuent à rendre plus persistant.
Doté d'une réalisation ravageuse et de combats époustouflants, Naruto Shippuden Ultimate Storm 2 s'adresse essentiellement aux fans. Après un début laborieux où le jeu explore différentes pistes peu concluantes, il parvient à se recadrer et devient quasiment un dessin animé interactif. Epuré, et débarrassé du superflu, le jeu prend alors toute son ampleur et parvient à magnifier un scénario intelligent, haletant et plus sombre qu'à l'accoutumée. Si vous cherchez le choc visuel, l'explosion de rétines, si vous voulez du Rasengan et du Chidori de la mort qui tue, c'est le titre qu'il vous faut. Si vous êtes un fan invétéré, vous pouvez aisément rajouter une étoile à sa note, à condition d'être indulgent sur le reste.