Le voilà enfin, le jeu dont tout le monde parle depuis l'E3 2005, présenté à l'époque en démo mystérieuse dont personne ne pouvait dire s'il s'agissait ou non d'images "in-game" ou bien créées par Dreamworks himself. Aujourd'hui, on voit enfin le résultat de ce jeu de course très rock'n roll, avec une version PS3 européenne qui, si elle ne gagne pas vraiment en supers bonus, n'en demeure pas moins prenante. Hélas, MotorStorm reste également loin d'être dénué de défauts énervants. Explications tout de suite, avant que je ne pulvérise une manette sur le crâne d'un innocent !
Heureusement que ces derniers temps, la zénitude me gagne. Sûrement les litres de jus de carottes ingurgités... sinon je ne donnais pas cher de la manette SIXAXIS machin truc. Oh, pas la peine de pester, je sais ce que vous allez dire, hein. Enfin, je crois. Mais je préfère évacuer les choses qui fâchent dès le départ. Enfin dès le départ, pas forcément, il y a tellement à dire... Sincèrement, les développeurs d'Evolution Studios, rois du Rallye officiel par le passé, ont-ils pensé aux joueurs en faisant leur jeu ? Parce que par certains aspects, la réponse est toute trouvée : c'est non ! MotorStorm est, par bien des côtés, le jeu le plus frustrant jamais sorti. Même Earthworm Jim, à côté, c'était de la rigolade, et pourtant j'en avais chié des ronds de cuir, comme disent les vieux d'aujourd'hui. Et d'hier aussi, d'ailleurs. Je n'exagère même pas, et vous allez vite comprendre pourquoi, bande de nerds...
Difficulté ultra mal dosée
Voilà le gros reproche que je ferai à ce jeu de bagnoles. Visiblement, ça n'a pas choqué grand monde dans ce milieu de blaireaux (sans doute trop fiers d'eux, alors que ce sont des humains comme les autres, bordel), mais vraiment, si l'on doit faire un seul reproche à ce titre, c'est bien sa difficulté ultra bizarre, pour ne pas dire zarbi. A tel point qu'après bien des heures de jeu, je ne comprends toujours pas pourquoi, à un moment, je dois passer 40 bonnes minutes pour arriver à finir un circuit parmi les trois premiers de la course (oui, vous avez bien lu, 40 min). Sur un autre circuit, après quelques séances de Yoga appliquées entre-temps, histoire de choper la victoire et la médaille d'or qui va avec, cela va se faire du premier coup... et avec une bonne marge d'avance sur les concurrents ! La faute à pas de chance ? Je suis maudit des glandes sudoripares ? Je suis une surbuse ? On m'a jeté un sort du fin fond d'une grotte Afghane ? Un coup de la NSA ? L'I.A. est mal fichue ? Tant de questions qui me taraudent (de Marseille). Seule certitude quant à cette dernière question toutefois : la réponse est non, l'I.A. des concurrents est au contraire plutôt très bien adaptée, et le dosage est même très bon. LE big défaut du jeu vient d'ailleurs, from the outer space tiepi...
Ca passe ou ça casse !
En vérité, je vous le dis, dans MotorStorm, c'est au petit bonheur la chance. Rien à voir avec votre propension à savoir conduire des caisses, ou avec votre habitude des jeux de bagnoles. Que vous soyez plutôt bon dans le domaine, ou une vraie truffe humide des bois, vous allez être logés à la même enseigne : ça passe ou ça casse ! Selon le démarrage que vous ferez ou non, selon le chemin que vous emprunterez, la minuscule bosse invisible à l'œil nu que vous n'aurez pas vu (et sur laquelle vous exploserez votre caisse sans comprendre pourquoi), selon la rapidité avec laquelle la dizaine de concurrents vous filera le train et vous rattrapera dans le dernier virage malgré votre substantielle avance (insupportable manière artificielle d'équilibrer les chances)... En fait tout dépendra de plein de choses, mais pas de votre pilotage, aussi génial soit-il ! Frustrant à MORT. Vive le hasard (ou le destin, si vous préférez ce terme Nostradamien). Croyez-moi, tout cela contribuera à vous faire véritablement péter un câble ! Ou alors, vous êtes des dieux vivants et je m'incline devant votre surpuissance intellectuelle. Mais faudra me le prouver ! Gniark.
Tonnerre mécanique
Le jeu se déroule en fait de manière on ne peut plus simple : vous avez 21 tickets à débloquer dans tout le jeu. Chaque ticket permet de libérer une à quatre courses. Pour pouvoir débloquer le ticket suivant, soit vous devez glaner un nombre de points suffisants à cet effet (c'est précisé, pas de panique), soit vous devez vous démerder pour finir à une place précise (argent ou or). Quoiqu'il arrive, les précieux sésames seront vôtres uniquement si vous terminez dans les trois premiers. Un classement supérieur reste toutefois sauvegardé, histoire de vous faire comprendre que vous êtes une chèvre, et que vous avez tout intérêt à vous remettre au turbin fissa. Ces tickets "poupées gigognes" sont également répartis selon leur niveau de difficulté : il y en a quatre en tout. Les courses démarrent la plupart du temps avec un véhicule imposé, histoire de corser les choses ! Mais lorsque vous voyez le logo "OR" sur ledit ticket, vous pouvez utiliser n'importe quel bolide. A ce propos, on en dénombre 7 au total, que je vais vous citer pas plus tard que maintenant, sauf si vous y voyez une quelconque objection, auquel cas, je m'inclinerai volontiers of course.
7 Véhicules de l'apocalypse
On a effectivement dans notre escarcelle, et ce d'entrée de jeu, le Buggy, la moto, la voiture de rallye, le quad, la camionnette, le semi-remorque et le 4X4. Vous vous retrouverez souvent avec des challenges bien compliqués à relever, notamment lorsque vous serez au guidon d'une moto, en plein milieu des semi-remorques et autres 4x4 de Bobo. La lutte semble inégale, et mieux vaudra faire gaffe à vos fesses, si vous ne voulez pas finir comme une tranche de jambon entre deux pains de mie. Heureusement, y'a le Turbo ! Certes, son utilisation est limitée sous peine de faire surchauffer votre moteur (qui pourra aller jusqu'à l'implosion), mais il reste à utiliser avec parcimonie, notamment dans le dernier virage si vous jouez la gagne, ou sur des tremplins, pour des sauts über spectaculaires. Pour tous ces bolides, seulement deux vues sont proposées. Au secours la radinerie. Personnellement, je mets toujours la vue "interne", pour une meilleure impression de vitesse, mais cette dernière, selon le véhicule choisi (exemple : le Quad), occulte pas mal l'horizon. Et là encore c'est super frustrant. Surtout dans les niveaux qui regorgent de pièges bien fourbes que vous ne voyez qu'à la dernière minute... Comme des débris laissés par vos concurrents par exemple. Ajoutez à cela le bruit et l'odeur (et surtout la boue sur la visière... identique à tout véhicule, hum hum...) et vous obtenez un gloubiboulga de vues qui aurait pu gagner en clarté et surtout en nombre. Là encore, le choix, toujours le choix... C'est donc cela le libre-arbitre ? Dommage également d'avoir des véhicules ultra légers, même si leur comportement peut différer d'un type à l'autre (ce n'est pas ultra flagrant entre les bolides classiques à 4 roues), dommage là encore de ne pas véritablement les "ressentir". Merci le moteur de la manette. Là, pour le coup, ça manque cruellement. Idem pour les collisions et les réceptions des sauts. Mais bon, c'est la vie hein. A ce propos, le détecteur de mouvements est compatible, et c'est ma foi pas trop mal foutu. Même si on s'amusera 5 minutes avec, pas plus.
Techniquement c'est la claque !
Alors oui, outre ces défauts de jeunesse (le jeu a quand même été sorti à la va-vite), MotorStorm est techniquement bluffant. Même si les circuits sont de qualité inégale et qu'il y a encore pas mal de petits bugs énervants (bloqué dans les décors, micro-ralentissements...), le fait est que dans la région de Monument Valley où se déroule le jeu, il fait bon faire parler les moteurs et monter l'adrénaline ! Les décors et autres effets de projection de boue, la vitesse sans faille (ou presque) du jeu, et le moteur physique qui génère des tas d'explosions ultra sympathiques (j'y reviens toutefois plus bas...), font honneur à cette véritable démo technique sur PS3. La console en a dans le ventre, c'est une certitude. Même si MotorStorm, c'est quand même plus que ça. Heureusement. Il est clair que le jeu remplit son contrat. Mais revenons à nos moutons... Le tracé des circuits, très souvent tarabiscotés et hélas en faible nombre (8), vous permet d'emprunter différents chemins, qui mènent évidemment tous à la ligne d'arrivée. Il vaudra mieux étudier tout cela, afin de choper un raccourci ici, ou un tremplin par là, éviter les bousculades et les embouteillages dans des endroits ultra fréquentés aux heures de pointe. Il faudra donc avoir l'œil (et le bon), pour étudier l'agencement des maps... Eh oui : il n'y a aucun tracé à l'écran pour vous aider.
Des trucs qui énervent encore...
Bon, cela est vrai, MotorStorm est une formidable vitrine technologique qui montre bien les capacités de la console en matière de rendu graphique, de puissance de calcul et tout le tremblement mathématique dont je me garderai bien de parler, au risque de dire des bêtises. Mais le fait est qu'au bout d'un certain temps, la lassitude vous gagne. Refaire les mêmes circuits, certes avec des véhicules différents (semi-remorque = aucun intérêt), peut s'avérer en effet vite gonflant. Certes, les challenges sont relevés, vous l'avez compris, mais tant de choses manquent (compteur de vitesse, tracé du circuit, rétrovision archi-nulle...) qu'une fois encore, ça en devient frustrant. Le fait de piloter des véhicules différents ne rend pas forcément les choses plus agréables, la conduite de la moto étant, à mes yeux, tout simplement catastrophique. Elle se dandine dans tous les sens au moindre coup de guidon... elle semble avoir exactement la même réaction qu'un autre bolide du jeu, ou presque ! Idem pour les explosions, qui interviennent toutes les 20 secondes et qui vous surgonflent à la longue, car vous ne pouvez pas zapper cette séquence à la noix ! Au bout de 100 fois, croyez-moi, ça énerve. Oui je sais, encore...
Alors, j'achète ?
La question est posée. On nous avait dit que cette version européenne serait "plus mieux" que ses homologues nippon et US. Eh bien en fait, mis à part le mode en ligne (avec 12 joueurs possibles, mais rien de bien particulier à signaler à vrai dire, si ce n'est que c'est fluide et qu'on peut choisir le véhicule de son choix), il n'y a rien de plus. Un seul mode solo à se mettre sous la dent donc, avec les courses "Festival" uniquement, pas de mode championnat, pas de mode deux joueurs, ni de mode cascades, de saut le plus long, de gamelle la plus puissante, de replay, de vues supplémentaires... bref, le minimum syndical en somme. Fort heureusement, Evolution Studios planche actuellement sur l'ajout, via le PlayStation Store, de nouveaux véhicules et circuits, à télécharger d'ici quelques semaines. Reste à savoir si, en plus du prix du jeu (60€ environ), il faudra encore débourser quelques deniers de sa poche pour enfin avoir un jeu complet digne de ce nom.
Toujours est-il qu'à l'heure actuelle, MotorStorm, malgré ses défauts, peut faire l'objet d'un achat (meuuh non, je ne retourne point ma veste en cuir de bison fumé)... Mis à part lui, il n'y a pas grand chose à l'horizon dans le genre... pour le moment. Les fans de course vont forcément sauter dessus, et devraient quand même s'y retrouver, soyons en sûrs. Et puis, le jeu fera quand même date pour son côté technique bluffant, personne ne pourra dire le contraire. Maintenant, c'est à l'appréciation de chacun... je ne suis pas votre père d'abord.