Sorti à l’origine en 2016 sur Nintendo 3DS, Monster Hunter Stories était un moyen pour Capcom de faire découvrir sa célèbre licence de chasse aux monstres d’une autre manière dans le monde entier. Alors principalement populaire au Japon et sur consoles portables, la franchise a mélangé dans cette nouvelle mouture sa formule classique pour l’adapter à un RPG à la Pokémon. Un habile mariage qui s’était montré payant et a permis de faire découvrir cet univers un brin brutal autrement pour un public plus jeune.
Huit ans plus tard, le premier opus s’offre un remaster sur PC, PS4/PS5 et Nintendo Switch. Son principal objectif : proposer un retour aux origines de ce spin-off sur des plateformes plus modernes, et ainsi compléter la collection avec Monster Hunter Stories 2: Wings of Ruin, sorti quant à lui sur PC et Nintendo Switch le 9 juillet 2021, avant d’être porté le même jour que ce Remaster sur PS4/PS5. Un retour aux sources réussi et un bon moyen d’attendre Monster Hunter Wilds ? Notre réponse dans ce test.
Un jour, je serai le meilleur Rider de Monster Hunter Stories
Comme dans la plupart des jeux de la franchise de Capcom, l’histoire de Monster Hunter Stories démarre dans un petit village. Plus précisément ici, le village d’Hakum. Mais la similitude s’arrête ici, puisqu’il ne s’agit pas d’une communauté de chasseurs, mais de gens vivant en harmonie avec les monstres. En utilisant le pouvoir d’une gemme d’amitié (oui, c’est un peu cliché, mais passons), ils peuvent créer des liens avec les monstres, ou Monsties, et se battre à leur côté, au lieu de les chasser. Ces personnes sont connues sous le statut de Riders (et non dresseurs, le terme étant déjà pris).
C’est justement ce qui arrivera à notre avatar, que nous pouvons comme à l’accoutumée plus ou moins personnaliser. Mais ce prologue globalement plutôt guilleret va prendre une tournure plus sombre lorsqu’un monstre atteint d’un mystérieux mal va saccager le village d’Hakum et mettre fin à la vie de certains habitants. Un an après cette tragédie, nous passons officiellement notre examen de Rider. En récupérant notre premier Monstie, nous faisons également la connaissance de Navirou, un Félyne pas comme les autres. Ainsi commence notre grande épopée dans Monster Hunter Stories premier du nom pour sauver le monde de ce terrible fléau en devenant le Rider prophétisé par une légende d’un temps révolu.
Capcom a parlé d’un Remaster, et il ne faut donc pas s’attendre à une profonde refonte visuelle. Le titre est sorti à l’origine sur 3DS, et cela se ressent avec des graphismes qui n’ont pas nécessairement bien vieilli. On appréciera cependant une plus grande finesse dans les textures, une meilleure distance d’affichage, quasiment aucun clipping, ainsi que la possibilité d’y jouer même en 4K sans distorsion, le tout avec une fluidité constante (en 60 comme en 120 Hz). C’est du moins ce que nous avons relevé sur ses robustes versions PC et PS5. On saluera également quelques efforts déployés pour améliorer l’expérience, comme des personnages entièrement doublés en anglais et en japonais, ou encore la présence de tous les ajouts et DLC du jeu original. Le titre prend ainsi sans le dire la forme d’une édition complète. Le jeu a par ailleurs été lancé sans microtransactions, et c’est tout à son honneur.
Moi et mes Monsties, on se battra sans répit
Une fois cette assez longue introduction passée, il est donc temps pour nous et nos Monsties de partir à l’aventure, juchés sur leur dos. Notons d’ailleurs à ce sujet que, en fonction du monstre choisi, nous serons en mesure de nous déplacer plus vite, de nager, grimper vers des lieux en hauteur ou encore voler. Déjà dans l’exploration, les bêtes qui nous accompagnent se montrent indispensables. Nous allons ainsi pouvoir nous balader assez librement dans plusieurs zones semi-ouvertes (qui ont le mérite de proposer de nombreux biomes très différents) garnies de monstres à affronter et de ressources à récolter. Outre l’histoire principale, ces activités vont nous occuper une très (trop ?) grande partie du temps. Pour monter en expérience et rassembler les éléments nécessaires pour fabriquer armes et armures pour notre personnage et différents objets de soin et de soutien pour notre équipe, nous serons littéralement abreuvés de quêtes dites « Fedex ». À savoir vaincre X monstres, ramasser X composants, et autres objectifs de cet acabit. La formule est certes bien connue dans les jeux Monster Hunter, mais devient ici quelque peu lassante. Ce en partie en raison de combats qui n’ont malheureusement pas le panache des jeux originaux. On retrouve en revanche le côté « theory crafting » propre à la licence s’agissant d’équiper notre personnage avec des armes et armures dotées de statistiques qui nous rendront plus performants face à des catégories données de monstres, mais de manière plus simplifiée pour rendre le titre accessible à un public plus jeune, et c’est tout à son crédit.
Les combats de Monster Hunter Stories ressemblent en effet beaucoup plus à un JRPG classique au tour par tour, et en l’occurrence à Pokémon. Notre Rider et un Monstie parmi les six qui composent notre équipe font face à un ou plusieurs adversaires. Là où ce spin-off tire son originalité, c’est dans un système de Pierre-Feuille-Ciseaux, ou en l’occurrence Force-Technique-Rapidité. Lorsqu’un adversaire nous cible, il faudra donc choisir la bonne option pour gagner un avantage dans le duel, ou payer le prix d’un mauvais choix. Sauf que notre Monstie n’en fait lui qu’à sa tête, à moins de lui donner un ordre précis. Et à force d’enchaîner des combats contre des monstres génériques pour terminer nos innombrables quêtes secondaires, on finit quelque peu par s’en lasser. Outre ce Shifumi perpétuel, notre compagnon et un adversaire pourront s’engager dans des duels de force ou de souffle que Dragon Ball n’aurait pas renié, où il faudra marteler les bonnes touches pour l’emporter. Enfin, nous avons les attaques duo impliquant notre Rider et notre Monstie, tirées quant à elles de Stories 2. Une manière comme une autre d’apporter un peu de dynamisme à l’ensemble, mais qui devient également un brin répétitive à la longue. Capcom y a heureusement pensé en nous permettant (les Dragons Anciens soient loués) de passer ces combats pour le moins lassants en vitesse doublée ou triplée.
Heureusement, la chose est plus agréable s’agissant des combats liés à l’histoire principale. Ceux-ci prennent une tournure plus tactique voire même dramatique, où il faudra utiliser efficacement ses ressources pour l’emporter. En réussissant des duels, nous faisons par ailleurs monter une jauge d’amitié, qui nous permettra ensuite de chevaucher notre Monstie, et ainsi utiliser son attaque la plus puissante et dévastatrice. C’est aussi dans ses moments pivots du récit que Monster Hunter Stories s’affirme et s’épanouit un peu plus dans sa mise en scène et narration autrement assez enfantine, jeu s’adressant à un public plus jeune oblige. On pourra cependant reprocher une forme de difficulté artificielle, nous forçant parfois à farmer de l’expérience avec des combats peu intéressants, au risque de se faire écraser par un boss trop puissant. Dans le cas contraire, notre Rider ne fera que passer son temps à utiliser des potions pour soigner l’équipe. En définitive, le mélange entre Monster Hunter et Pokémon dans les combats est globalement bien amené, mais manque un peu de calibrage pour vraiment briller. Il devrait en revanche combler les amateurs de RPG au tour par tour, notamment grâce à son côté cinématique plutôt bien réussi pour un jeu datant de 2016.
Les amateurs de combats tactiques et nerveux pourront par ailleurs trouver d’autres joueurs à affronter en ligne, grâce à une pleine intégration de cette fonctionnalité sur cette version remasterisée du jeu. Bon courage cependant pour vous constituer une équipe de Monsties solide capable de l’emporter contre d’autres Riders plus expérimentés…
Les Monsties de Monster Hunter Stories et leurs mystères
Comme dans Pokémon, l’autre attrait principal de Monster Hunter Stories est évidemment d’adopter des Monsties et de les faire gagner en puissance. Quelque part, c’est une sorte de fantasme de fans de la franchise qui se réalise : on a tous voulu avoir un Rathalos ou un Nargacuga de compagnie, et cela est possible dans ce spin-off. Cependant, ce rêve de gamin peut ne pas être à la hauteur des attentes, selon l’affinité de chacun à ce genre d’activités. Comme le farming de monstres et ressources pour les quêtes secondaires, « capturer » des Monsties peut à la longue devenir une gageure. Celles et ceux qui adorent ce type de mécaniques seront cependant bien servis.
De notre côté, la sauce n’a malheureusement pas particulièrement bien pris. Il faut en effet se rendre dans des tanières et récupérer des œufs de manière aléatoire, en fonction du biome que l’on explore. Même si on finit par anticiper quel monstre en sortira, nous sommes un peu confus au début et il nous faudra plusieurs essais pour obtenir la créature que l’on souhaite. Et même là, nous ne sommes pas au bout de nos peines dans l’élevage d’un Monstie. En le faisant éclore, il recevra notamment des statistiques (Attaque, Défense, Points de Vie) aléatoires, de même que différents gènes. Ceux-ci seront déterminants pour qu’il puisse acquérir des attaques spéciales, des affinités élémentaires ou encore une meilleure résistance à un élément donné. Si le résultat ne nous plaît pas, il est toutefois possible de transférer des gènes d’autres monstres à nos bestioles préférées.
Combinez tout cela, et vous avez alors une formule certes complète, mais dans notre cas assez rébarbative au bout de plusieurs heures de jeu. Autre problème : pour accéder à des Monsties plus puissants, il nous faut progresser dans l’histoire principale et débloquer la capacité de les dresser. Dans Pokémon, nous pouvons garder nos toutes premières captures et les emmener jusqu’au bout du jeu. Tel n’est pas le cas dans Monster Hunter Stories, où les bêtes de bas niveau sont infiniment plus faibles que celles de niveaux supérieurs, peu importe le temps que nous passons à les faire monter en expérience et en compétences. L’exercice devient donc à la longue quelque peu décourageant, sauf si bien sûr c’est un élément de gameplay que l’on recherche dans un titre de ce style. Et dans ce cas-là, les éleveurs en herbe pourront passer des heures de plaisir à voir leur équipe de monstres devenir toujours plus puissante. Mais comme les jeux originaux de la franchise centrés sur la chasse, ceux centrés sur leur élevage s’adressent fatalement à une certaine niche de joueurs. Il n’appartient donc qu’à vous de voir si la formule de ce spin-off correspond à vos goûts.