Metal Gear Solid est l'une des plus célèbres licences vidéoludiques de l'histoire. Elle est l'une des pièces maîtresses de la carrière du ô combien adulé Hideo Kojima. L'illustre développeur hissé au rang d'auteur de génie par un nombre incalculable de fans est le papa de cette saga qu'il a malencontreusement laissée à Konami lors de sa rupture avec l'éditeur. Une histoire rocambolesque qui a laissé des traces dans l'industrie, et pas que des belles. D’ailleurs le développeur n’a même pas été crédité dans le nouveau générique de cette Master Collection. Voilà qui va faire grincer quelques dents.
Kojima vole désormais de ses propres ailes. Konami, quant à lui, a du mal à se dépatouiller comme un grand, malheureusement. La firme s'est un peu perdue ces dernières années en voulant miser sur les pachinkos et les NFT. Sans parler du désastre eFootball, rejeton héritier de la franchise PES qui n'a presque plus rien pour elle. Mais ça, c'était avant. C'était avant que Konami décide de retravailler sur ses licences phares. On a d'un côté Silent Hill qui revient d'entre les morts dès le 31 octobre 2023, et de l'autre, on a la franchise Metal Gear Solid. Cette dernière a plusieurs projets en cours, Metal Gear Solid 3 remake qui paraîtra dans les prochains mois, et une nouvelle compilation pour consoles et PC. C'est cette dernière que l'on a passé au crible ces derniers jours.
Metal Gear Solid Master Collection vol.1, un nom à rallonge qui veut tout dire. Nous sommes face au premier volet d'une collection des hits de la licence. Une compilation qui regroupe pas moins de 5 jeux complets sur une seule galette. Lors de son annonce, cette nouvelle collection n'a pas fait que des heureux chez les fans, d'autant que la communication de Konami, qui a commencé à parler de retouches ici et là, a commencé à faire flipper. Que nenni, ne vous en faites pas, les jeux n'ont pas changé et n'ont pas bougé d'un iota, c'est peut-être bien ça le problème d'ailleurs.
Metal Gear 1 & 2 et les clones maléfiques
L'histoire commence en 1987 sur MSX2. Kojima fait ses armes chez Konami en tant que Game Designer à l'époque et propose Metal Gear. Un jeu d'action de prime abord, qui se transformera finalement en jeu d'infiltration, notamment à cause des limitations de la machine à l'époque. Quelques temps plus tard débarque Metal Gear 2 Solid Snake, une suite directe. Les deux premiers bébés de Kojima posent ici les fondations de la franchise. Snake, Big Boss, les Metal Gear, l'arme atomique, l'infiltration ou encore le Codec. Tout commence ici. La Master Collection nous permet donc de découvrir les origines de la saga dans leur habillage le plus brut. Pas d'améliorations notables si ce n'est la prise en charge du pavé tactile et des contrôles un brin plus doux. Pour le reste, c'est exactement la même expérience que celle que les joueurs ont pu découvrir dans la Metal Gear HD Collection sortie en 2012 qui comportait quelques ajouts comme la prise en charge du pavé tactile notamment ou encore les sauvegardes à la volée.
Une expérience old school ici donc qui parlera davantage aux fans qu'au commun des mortels. Dans sa volonté de faire une compilation ultime, Konami a jugé bon d'ajouter la version NES de Metal Gear et la suite américaine Snake's Revenge à sa collection. Autant vous le dire de suite, si les deux jeux ne font pas partie du canon, ce n'est pas pour rien. Ils sont mauvais tout simplement. Kojima n'y a pas mis les mains et les libertés prises sont catastrophiques, même pour l'époque. Ajoutez à cela un gameplay encore plus vieillot que les jeux d'origine et vous avez un cocktail détonnant. Bon, ils sont présents pour la déconne, c'est rigolo d'y jeter un œil, mais on n'est pas là pour ça. La Master Collection vaut son pesant d'or juste pour les trois titres suivants.
Metal Gear Solid, le début d'une vraie légende
Si la franchise a de l'âge, c'est bien Metal Gear Solid, sorti sur PS1 dans les années 90, qui va lui permettre d'atteindre des sommets et de devenir tout bonnement culte. Solid Snake infiltre une base secrète en Alaska pour déjouer les plans d'un organisme terroriste. Sur place, les choses dérapent, des secrets sont révélés et cette simple mission, presque de routine, prend des proportions totalement surréalistes. Même si le jeu date, on va s'abstenir de faire des spoilers. Metal Gear Solid a beau accuser son âge, il vaut toujours le détour. C'est une leçon d'écriture et de mise en scène pour l'époque. Les influences du cinéma sont légion, c'est inspiré et ingénieux au possible. Ce qui est chouette, c'est que Konami n'a rien touché, ou en tout cas, rien qui ne saute aux yeux. Il précise que certaines mentions, façon de parler et autres sujets sensibles, ne sont peut-être plus d'actualité. C'est aux joueurs d'avoir l'esprit ouvert. D'ailleurs la firme met un disclaimer au lancement de chaque jeu pour affirmer que rien n'a été touché afin de conserver la " vision de l'auteur ".
En tout cas, les séquences les plus marquantes, comme celle de Psycho Mantis, sont toujours présentes, et on retrouvera même la fameuse fréquence secrète sur une boîte du jeu virtuel, à défaut de fournir une version physique de l'époque. Ce qui est sûr, c'est que le matériau d'origine est intact, peut-être même trop intact, si bien qu'hormis la possibilité d'utiliser le pavé tactile pour le Codec, dans les grandes lignes, rien n'a bougé et on sent un peu le coup de vieux. Les contrôles sont clairement datés, et visuellement, ça pique.
Les amoureux de nostalgie (comme moi) seront heureux de retrouver la "PlayStation touch", mais voir les textures bouger, les bugs graphiques faire apparaître ou disparaître des pans de murs, ou les personnages se planter dans le décor comme à l'époque, ce n'est pas la folie. Et ce sera pareil pour tous les jeux, rien n'a changé, c'est à prendre avec toutes les qualités de l'époque, mais aussi tous les défauts. Notons par ailleurs que Konami à d'ores et déjà prévu de déployer un petit patch day one pour corriger les bugs mineurs sur tous les jeux de la collection.
L'affichage conserve son 4:3 d'antan, sans possibilité de changer quoi que ce soit. Pour pallier au problème, Konami propose de changer l'arrière-plan des deux bandes noires vilaines comme tout qui rétrécissent l'écran par défaut. Une personnalisation sympathique, mais clairement pas transcendante. En prime, il faudra se contenter d'une sortie 1080p à 30 fps seulement. Pourquoi ? Et bien parce que, et puis c'est tout. D'ailleurs, on n'aurait pas dis non au remake Metal Gear Solid Twin Snakes sortis sur Gamecube.
MGS 2 et 3, les deux beaux gosses sont de (re)sortie
Les suites de ce jeu culte paru sur PS2 à l'époque, sont elles aussi de la partie, bien entendu. Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty et Metal Gear Solid 3 : Snake Eater étaient, et sont toujours, d'excellents jeux à bien des niveaux. Mise en scène incroyable, personnages hauts en couleur, scénario hyper bien amené et bien écrit, c'est un vrai régal de (re)découvrir ces deux hits, même après toutes ces années. C'est d'autant plus vrai qu'ils profitent tous deux d'une remasterisation intégrale cette fois. Graphismes améliorés, contrôles plus souples, améliorations diverses… les jeux sont quasiment identiques aux titres originaux remasterisés en 2012 par Bluepoint, mais sont bien plus agréables à jouer. On dit bien quasiment, car Konami a dû opérer quelques ajustements mineurs. Certains ne seront visibles que pour les puristes, d'ailleurs, comme le changement de quelques images d'archive. Honnêtement, ça ne change absolument rien du tout à l'expérience, même si les fans hardcore trouveront certainement à redire. Ils trouvent toujours à redire de toute façon.
Oui, MGS 2 et 3 sont géniaux et les versions proposées par la Master Collection sont solides. Le seul problème, encore une fois, c'est que rien de plus n'a été fait. Les deux jeux présentés ici proviennent directement de la Metal Gear HD Collection signée Bluepoint Games. Autant dire qu'ici aussi ça commence à dater. Ne vous attendez donc pas à de grosses folies visuelles, il faudra se contenter du 1080p à 60fps (test réalisé sur PS5). Pas de 4K ou d'autres améliorations notables. Le strict minimum, point barre. Heureusement que les jeux ont bien vieilli, notamment grâce à l'incroyable travail de Bluepoint à l'époque, sinon on serait mal barrés. Pour dire, il y a même encore les mentions à la HD Collection de 2012. Oui, oui, on se moque un peu de nous là…
Du contenu et des bonus en pagaille
La Master Collection a toutefois pour elle de gros atouts pour les fans de la franchise. On peut dire que c'est même bien là la seule et unique raison qui pourrait vous convaincre de passer à l'achat. Elle est bourrée de contenus à ne plus savoir quoi en faire. Déjà, les jeux sont présents dans toutes leurs versions possibles. Européenne (dont FR pour MGS 1), américaine et japonaise principalement, avec tout ce qu'il faut comme options pour changer les langues et choisir ses sous-titres. Il faudra par contre s'amuser à télécharger les packs supplémentaires à part. Metal Gear Solid premier du nom est quant à lui disponible en plusieurs versions, dont Integral, qui ajoute notamment un mode de difficulté et quelques autres choses ici et là. Le jeu débarque aussi avec ses missions VR, une sorte de DLC pour quelques heures de jeu supplémentaire. Là aussi on le trouvera dans toutes les éditions possibles.. MGS 2 et MGS 3 ont eux aussi le droit à leurs bonus respectifs d'ailleurs. En somme, la Master Collection offre les versions les plus complètes de tous les jeux qui la composent. Cerise sur le gâteau, tous les titres profitent de bonus numériques à trouver directement dans le menu principal. Vous y trouverez des recueils qui reviennent sur l'histoire de la franchise et des jeux, des croquis, et même quelques guides et solutions utiles pour les complétistes. Une quantité folle de goodies numériques qui ne parleront peut-être pas à tout le monde, mais qui feront assurément plaisir aux fans.
Comme prévu, la collection n'est pas complète. Il reste encore tout un tas de jeux Metal Gear, principaux ou non, qui ne font pas partie du voyage. MGS 4 Guns of Patriots, Ground Zero, MGS 5 Phantom Pain, Peace Walker, MGS Revengeance ou encore les Acid… Konami nous sortira certainement un Volume 2 et peut-être même 3 prochainement. On espère en revanche que ce sera beaucoup mieux géré la prochaine fois. Ici, la Master Collection Vol.1 propose de télécharger les jeux à l’unité, un à un et il n’y a absolument aucun hub pour centraliser tous les titres au même endroit. Non seulement ça prend de la place, mais en plus, passer d’un titre à l’autre est assez fastidieux. Niveau ergonomie on repassera.