Depuis plus de 25 ans, Mario Party anime les goûters, soirées entre amis et fêtes de fin d’année en famille à grand renfort de complots, trahisons et rebondissements. Deux épisodes sur Nintendo Switch plus tard, la licence tourne en rond et semble déjà avoir trois fois le tour du plateau sans réellement réussir à pleinement se renouveler. À l’orée de l’annonce du baisser de rideau de la console hybride, la franchise va faire une grande fête d’adieu avec Super Mario Party Jamboree.
Plus de plateaux, de mini-jeux et de modes, Big N a vu les choses en grand pour le dernier party-game majeur de la Nintendo Switch. Loin du virage plus coopératif de certains épisodes, Mario Party Jamboree renoue avec l’identité de la licence et ce qui a fait son succès. Fini le maudit covoiturage sur le plateau, ce dix-huitième volet signe le véritable retour du jeu de l’oie loufoque où quatre joueurs progressent chacun de leur côté, où chaque case peut être le théâtre de rebondissements et où tous les coups sont permis. Une approche plus individualiste, forcément plus amusante, qui permet à la licence de rimer à nouveau avec fourberie. Les petites canailles seront clairement en terrain conquis, mais Jamboree est-il pour autant l’épisode du renouveau ? Pas tellement, mais c’est peut-être aussi ce qui fait tout son charme.
Un retour en force de Mario Party ?
Comme le veut la coutume, les premiers coups bas se feront dans le classique mode Mario Party. Il suffit de quelques tours pour voir que Nintendo a essayé de bosser un peu la formule, qui se plie toujours cyniquement aux traditions de la licence. On dit adieu aux dés spécifiques à chaque personnage, qui étaient franchement claqués, pour se recentrer sur l’essentiel : la course aux étoiles, qui coûtent à nouveau 20 pièces, plein de cases spéciales qui peuvent changer le cours d’une partie, des boutiques ici et là pour affiner sa stratégie, des petits événements qui peuvent clairement renverser la tendance, un voleur stellaire ici représenté par Boo, la roue de malchance, des blocs cachés et pleins d’autres surprises. Les habitués retrouveront très vite leurs marques, la recette longtemps éprouvée reste presque immaculée. Sans véritable originalité, Super Mario Party Jamboree recycle efficacement tout ce qui fait le sel de la licence, tout en se permettant d’affiner quelques évolutions des précédents jeux. On pense notamment au système de camarades introduit dans le volet précédent, qui permet à un personnage aléatoire de rejoindre le gagnant de ses épreuves en lui offrant des bonus variés et surtout un double d’étoiles qui s’applique à tout : quand vous en gagnez une et aussi quand vous en volez une ! Rien de tel pour pimenter la foire à l'empoigne sans se montrer trop déséquilibré cette fois, car il n’est plus possible pour un joueur de les cumuler et c’est tant mieux.
Ajoutez à cela des plateaux encore plus travaillés qui ont chacun des mécaniques propres qui peuvent changer la donne, et vous obtenez un jeu encore plus imprévisible et sacrément fun. On sent d’ailleurs que les équipes de Nd Cube s’en sont donné à cœur joie avec des terrains de jeux (cinq nouveaux, deux anciens) particulièrement ingénieux, vivants, jolis et fourmillant de détails. Tous proposent suffisamment de bonnes surprises pour dynamiser chaque partie et apporter leur propre saveur à l'injustice typique des Mario Party, même si certains devraient rapidement gagner les faveurs des joueurs. Entre les passages qui changent de direction au plus mauvais des moments, la configuration du terrain qui se transforme ou encore un accident sur la piste, tous les plateaux ont un caractère suffisamment prononcé pour qu'aucune partie ne se ressemble, même si la grande roue du hasard et les items parfois un peu craqués font déjà le boulot. Que ce soient des plateaux malins comme pas deux, les animations des événements ou des personnages, la petite intro avant une joute et la pléthore de petits détails qui fusent à chaque case, Nintendo est encore une fois irréprochable sur la réalisation. En prime, ce Super Mario Party Jamboree se paie même le luxe d’être beau comme tout, mais ce n’est pas sur son bel enrobage qu’il était attendu au tournant.
La fête est plus folle
La substantifique moelle de Mario Party et le cœur de l’action, ce sont bien évidemment les mini-jeux, plus nombreux que jamais avec plus de 110 activités recensées, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont aussi variés que réussis. Il y en a franchement pour tous les goûts, tantôt classiques et jouables avec les touches de la manette, tantôt mettant à contribution les fonctions gyroscopiques des Joy-Con. C'était inévitable, tous les mini-jeux ne se valent pas, mais il y a de très belles trouvailles et on retrouve rapidement le plaisir d’antan que ce soit en participant à un triathlon, en préparant des pâtisseries, en jouant au basket ou en prenant des photos selon un modèle. Les participants seront toujours amenés à faire équipe en duo ou à se liguer tous ensemble contre l’un de leurs adversaires de temps à autre. Parfait pour pimenter toujours plus les parties et mettre à mal quelques alliances malvenues au passage avec des jeux encore une fois très efficaces. Alors oui, certaines activités peuvent avoir une légère odeur de réchauffé, oui on a la sensation de tomber souvent sur les mêmes jeux malgré une quarantaine en plus par rapport à son prédécesseur, mais dans l’ensemble ils fonctionnent très bien et exploitent suffisamment le potentiel des Joy-Cons, même si c’est un peu plus timide que ce qu’on aurait été en droit d’attendre du dernier party-game de la console.
Le mode plateau de Super Mario Party Jamboree gagne aussi un chouïa en rythme. On ne pourra toujours pas passer les tours de l’ordinateur, mais il est possible d’accélérer quelques saynètes et d’augmenter la vitesse des animations avant une partie. Petit ajout ingénu, les joueurs qui auraient le malheur de se retrouver sur une même case devront désormais s’affronter en duel au cours d’un mini-jeu avec une poignée de pièces misées. Ça n'a pas l’air dit comme ça, mais ça peut clairement dynamiser une partie et ça a surtout le mérite de proposer un peu plus d’activités avant le mini-jeu commun à la fin de chaque tour. Des petits détails comme celui-ci il y en a une poignée et mis bout à bout ils permettent de rehausser la recette sans foncièrement en changer la saveur. Nintendo a d’ailleurs poursuivi ses efforts en termes d’accessibilité avec des parties plus personnalisables et surtout un mode Pro pour les acharnés qui connaissent les épreuves sur le bout des doigts et qui veulent du challenge, du vrai. C’est sans aucun doute là que se rueront les allergiques à l’aléatoire et les malchanceux tant ce mode laisse surtout place au talent. Tout a été mis en place pour avoir une expérience à la carte sur les plateaux. La bonne nouvelle, c'est que tous les plateaux sont jouables en ligne et non plus seulement les quelques activités annexes.
Des modes de jeux variés
Pour de la véritable nouveauté, il faudra quitter les plateaux pour se tourner du côté des modes de jeu inédits puisque Super Mario Party Jamboree fait tout pour varier les plaisirs. Plutôt que de ranger votre cartouche en attendant une soirée jeux pour réunir vos camarades, il est possible d’aller mettre ses talents à l’épreuve dans le mode en ligne Koopathlon. Pas de fioriture ou d’aléatoire, ce marathon de mini-jeux réunissant 20 joueurs va à l’essentiel en vous faisant enchaîner trois activités qui se complexifient à chaque tour avant d’arriver sur une épreuve décisive et éliminatoire qui pourrait vous faire reculer de 30 cases en cas d’échec. Un format court, simple et diablement efficace. Ce dix-huitième épisode met aussi un accent particulier sur la coopération. En cuisine, dans les airs ou dans une usine, trois modes distincts permettent d’enchaîner les épreuves de dextérité et de coordination avec vos camarades, avec des niveaux qui gagnent en difficulté à mesure que l’on progresse. Là encore, si ça ne révolutionne en rien la saga, c'est franchement bien fait. On ne garantit pas que vous ne crierez pas sur votre partenaire un peu trop maladroit ceci dit.
L’ajout le plus original de ce Super Mario Party Jamboree c’est la Brigade Anti-Bowser, le mode de jeu qui apporte le plus un petit vent de fraîcheur. Le but est simple : il faut arrêter un faux Bowser géant et hors de contrôle en chargeant un canon avec des bombes cachées dans des caisses disséminées sur un petit terrain de jeu, et ce dans un nombre de manches imparties. Entre des sbires, des flaques de lave et des boîtes qui nécessitent de se mettre à plusieurs, la coopération sera de mise. Même son de cloche pour les mini-jeux qui séparent chaque manche et qui permettent d’obtenir des objets utiles pour faire face à la grande menace en fonction du rang obtenu à la fin de l’épreuve. Une nouveauté clairement validée, même s’il ne faudra sans doute pas trop en abuser au risque de la voir vite devenir redondante.
Au rayon des petits ajouts, on mentionnera le retour du mode solo qui permet de visiter différents plateaux en accomplissant quelques quêtes toutes bêtes comme trouver une canne à pêche quelques cases plus loin ou obtenir trois étoiles dans un mini-jeu donné. Personnellement, ce n’est pas le mode qui m’a le plus fascinée, même s’il sera nécessaire d’y faire une petite incursion si vous êtes atteint d’une collectionnite aiguë. Super Mario Party Jamboree ne vous livre pas tout sur un plateau et nécessitera de progresser de rang pour débloquer de nouveaux contenus allant de terrains de jeux inédits, aux persos, en passant par des objets pour décorer l’esplanade qui sert de hub ou de stickers pour habiller votre carte de visite. Un petit tour de passe-passe qui fonctionne assez bien et qui rend l’ensemble du jeu bien plus engageant.