1985, le regretté Daniel Balavoine se demande "Qu'est ce qui pourrait sauver l'amour ?". 1992, Super Mario Kart voit le jour sur Super Famicom. 2008, Mario Kart Wii sort sur la console du même nom et se classe aujourd'hui comme la troisième meilleure vente de jeux vidéo de tous les temps. 30 mai 2014, un plombier, un gorille, un champignon et d'autres créatures étranges pilotant des karts, offrent un nouveau départ à la la Wii U pour la sauver. Car deux choses unissent Balavoine et Mario Kart 8 dans cette frise historique : le talent et l'immortalité.
De Super Mario Kart sorti sur Super Nintendo en 1993 à Mario Kart 8 disponible sur Wii U en ce mois de mai 2014, rien et à la fois tout à changé. Rien, car ce nouveau Mario Kart sur Wii U est plus que jamais un champion de la convivialité, de cette espèce de jeux pour laquelle c'est toujours "la dernière et j'y vais". Les noms d'oiseaux fusent dans des sommets de mauvaise foi alors que les carapaces volent bas dans ce Mario Kart 8, et s'il ne dépoussière pas les Wii U dans les foyers et n'en offre pas un aux consoles encore en magasin, alors aucun autre ne le fera. Car si Mario Kart restera toujours Mario Kart, ce huitième jeu de la série propose plus que ça pour séduire, "entre tradition et modernité" comme le dit la formule consacrée.
Des étoiles plein les yeux
Première chose, si la Wii U se fait pour l'instant manger par la PS4 et dans une moindre mesure par la Xbox One en termes de ventes, au regard de la plastique de ce Mario Kart 8, la console de Nintendo en a assez sous le capot pour rouler des mécaniques face à celles qu'on appelle encore "next-gen". Il suffit de s'engager sur les pistes inédites des Cascades Maskass, chutes d'eau que l'on remonte à la verticale grâce à l'antigravité, de la Descente givrée, slamon géant, de la Voie céleste, véritable tonnerre mécanique où il faudra éviter les éclairs, ou encore de la nouvelle Route Arc-en-Ciel, vertigineuse, pour s'émerveiller de l'inventivité des tracés et de leur réalisation. Chatoyant, évidemment en HD et à 60 images par secondes à 1 ou 2 joueurs, ce Mario Kart 8 est un ravissement visuel et à la fois un désaveu, pour une console qui se veut entre deux générations, avec une "mablette" certes confortable pour jouer sans allumer la télé ou bien voir l'avance que l'on a sur ses adversaires grâce au plan du circuit, mais qui sinon n'a qu'une utilité (ou qu'une inutilité) : celle de pouvoir klaxonner. Ah oui, il y a la gyroscopie aussi... D'ailleurs, ce Mario Kart 8 se joue avec tout, télécommandes Wii, volant ou encore manettes Wii U. Mais au-delà de deux participants, le jeu change quelque peu...
Un éclair de génie
Jouable jusqu'à 4 en local et 12 en ligne, Mario Kart 8, s'il garde la même qualité technique et visuelle lors des parties à 1 ou 2, que ce soit en ligne ou non (une nouveauté très appréciable), lève le pied dès qu'un troisième et quatrième larron rejoignent la course. Moins pêchu, moins joli aussi, quand on le partage à plus de deux, Mario Kart 8 propose un affichage à 30 images/seconde (constamment, sans variations). Mais vous savez quoi ? On s'en fiche. Car si la comparaison est la première fois assez cruelle entre le mode 1-2 et le multi à partir de 3, l'amusement prend le pas immédiatement sur les considérations techniques. Les conditions de jeu sont certes moins optimales, mais pas altérées. Et de toute façon on relancera sans cesse des courses, que ce soit en mode libre, où tout est paramétrable (nombre de circuits, objets, niveau de l'IA), ou en Grand Prix, avec 8 coupes pour 32 circuits (tous rejouables en mode miroir) dont 16 sont inédits et 16 autres issus des jeux Mario Kart sortis sur Super Nintendo, Nintendo 64, Game Boy Advance, GameCube, DS, Wii ou encore 3DS. ces derniers se voient d'ailleurs absolument transfigurés, comme par exemple avec l'Autoroute Toad, l'Horloge Tic-Tac ou la Vallée Yoshi. Des pistes désormais mythiques dont certaines portions se dérouleront désormais dans les airs ou sous l'eau (une nouveauté issue de Mario Kart 7), mais aussi perpendiculairement au sol, sur un mur, ou la tête à l'envers. Afin de ne pas trop désorienter les joueurs, les équipes d'Hideki Konno, producteur de Mario Kart 8, ont décidé de garder une caméra fixe, mais cette antigravité et ces portions de terrain changent la donne. Proposant d'abord des circuits toujours plus spectaculaires, l'antigravité offre aussi une nouvelle manière de gagner des turbos, en se cognant avec ses adversaires, ce qui fait une méthode de plus pour s'imposer par la vitesse, en plus du saut sur les tremplins (pour réaliser une figure et gagner du turbo), du dérapage et ses étincelles bleues puis rouge (pas de snaking pour autant) et de l'aspiration, collé au train d'un adversaire. Mais bien sûr Mario Kart, comme la vie, est injuste (ou égalitaire, à vous de voir), et tout autant que vos talents de pilote, les objets à utiliser en course décideront de vos performances.
Les courbes du grand requin blanc...
Carapaces vertes, rouges, bananes et champignons (aussi par trois), font toujours partie du parfait arsenal de Mario Kart, tout comme l'éclair, l'étoile ou encore la redoutable carapace bleue. Les nouveaux objets sont le boomerang, qui peut frapper en revenant vers son lanceur, le super klaxon, capable de contrer les carapaces et surtout celle à épines, le Super 8, à savoir huit objets à utiliser dans l'ordre son choix et qui gravitent autour du joueur, et enfin la Plante Piranha, qui en plus de filer des coups de boost réguliers, croque concurrents, bananes et pièces. Des pièces qui, à la manière de Super Mario Kart ou Mario Kart 7, devront absolument être collectées sur le terrain afin de permettre à son véhicule d'atteindre la vitesse maximale. Toujours comme dans Mario Kart 7, on construit son kart en choississant chassis, roues et... deltaplanes ou parachutes, afin de définir, en complément du poids de son personnage, si l'on privilégie l'adhérence, la vitesse, l'accélération, etc. Et dans ce Mario Kart 8, ce sont les super-légers qui sont les plus représentés avec Toad, Toadette, Koopa, Maskass, Lakitu, et deux Koopalings, les sbires (enfants ?) de Bowser, Larry et Wendy. Encore plus légers, les poids-plume sont les bébes Mario, Luigi, Peach, Daisy, Harmonie et la tortue Lemmy. Tous des microbes face aux super-lourds Bowser, Wario et Morton. En poids lourds, Métal Mario est rejoint par Peach d'Or Rose alors que dans la catégorie de poids inférieure on retrouve Donkey Kong, Waluigi, Harmonie et Roy. Enfin, Mario, Luigi, Iggy et Ludwig constituent la catégorie des moyens alors que Daisy, Yoshi et Peach forment les légers. On peut bien sûr mettre tous ces personnages sur des motos, celles-ci n'ayant plus forcément l'avantage sur les karts, comme on l'a appris dans ce Nintendo Direct à côté duquel vous ne devez pas passer. Et bien sûr les Mii sont aussi de la partie, avec des poids variables évidemment.
...et l'adhérence du bigorneau
Enfin, ce Mario Kart 8 étoffe son jeu en ligne, deux pilotes sur un canapé pouvant jouer ensemble à des courses jusqu'à douze pilotes, que ce soit en mode mondial, régional ou dans des tournois aux règles variables (le tournoi Gameblog.fr est déjà disponible !). La communication grâce au Gamepad est disponible en ligne, entre amis, et la bataille de ballons est aussi de la partie... Mais malheureusement - et c'est certainement le seul véritable défaut de ce Mario Kart 8 - ce mode est désormais sans grand intérêt. En effet les joutes se déroulent non plus dans des arènes mais sur des circuits tout entiers, sur lesquels il est souvent difficile de trouver ses adversaires. Sans parler du fait que ces duels fonctionnent avec un sytème de points rendant la présence même des ballons un peu obsolète. On ne retrouve donc absolument pas l'intensité qu'on connaissait sur N64 par exemple. Dommage... Mais on se réjouira plutôt avec les Moments Forts et la "MKTV", permettant de revivre les courses, glorieuses ou minables, de customiser les replay et d'ensuite les partager sur l'Internet Moderne via le Miiverse.