Leader incontestable dans le monde des jouets de construction, The LEGO Group a très vite su faire fructifier sa poule aux œufs d’or en investissant d’autres marchés. Parmi eux, le jeu vidéo, un secteur pas très loin éloigné dans le fond de leur commerce de briques. Pendant des décennies, la firme danoise a enchaîné les succès et revient en espérant s’imposer comme une nouvelle alternative solide à Mario Kart avec LEGO 2K Drive. Trop ambitieux ?
Pour son nouveau titre, la firme danoise renoue avec un genre qu’elle a déjà exploré en 1999 via LEGO Racers : le jeu de combat motorisé. Un concurrent direct à Mario Kart et Crash Team Racing en somme. Mais LEGO 2K Drive a-t-il l’étoffe d’un grand pour perdurer dans le temps afin que ce ne soit pas qu’un one shot ?
Ramener la coupe à la maison
Même si on est face à un jeu de course avec des armes pour dégommer ses adversaires, LEGO 2K Drive a fait l’effort de développer un mode histoire. La campagne prend place à Bricklandia, un monde découpé en plusieurs zones assez vastes, et notre objectif est de ramener la coupe Céleste à la maison en triomphant de Z le Zorrible. Un pilote autoritaire qui tyrannise ses équipes et a une propension à fuir ses responsabilités pour éviter de passer pour un gros loser. Dans ce mode solo, on retrouve tous les ingrédients des films ou jeux LEGO Batman, LEGO Seigneur des Anneaux etc., à savoir de l’humour au ras des pâquerettes et des jeux de mots bidons. Ça commence d’emblée avec les deux présentateurs chargés de nous suivre durant cette compétition : Ambre Héyage et Jean Talliage. C’est bête, oui, mais c’est marrant et comme souvent, même la VF est suffisamment soignée pour que ces calembours nous fassent sourire ou rire.
Régulièrement, le mode histoire nous balance donc des cinématiques rigolotes et bien réalisées, mais malheureusement, on se dit que les développeurs auraient pu aller encore plus loin. Lorsque l’on voit les jeux d’action-aventure LEGO, et les films d’animation, il y a encore une marge pour arriver à convaincre totalement. Une campagne tout de même bien plaisante jusqu’à un certain point… Avant d’atteindre la coupe Céleste, il faut battre des rivaux à la chaîne afin de remporter des drapeaux dans un premier temps. Ce sont nos tickets d’entrée pour participer aux Grandes arènes de briques, qui représentent les courses finales des différentes régions, et ainsi avancer dans le scénario.
Dans un second temps, il faut savoir qu’on ne peut rien faire sans XP car les courses sont bloquées derrière des niveaux. Et c’est là que ça se complique. À partir du niveau 10, on se prend un mur de plein fouet puisque la progression ne continue qu’en accédant au niveau 20. Le souci, c’est que c’est long, très long, étant donné qu’il faut obligatoirement terminer beaucoup d'activités annexes. Un grind d’autant plus absurde et fastidieux que ces quêtes ou défis ne sont pas le point fort de LEGO 2K Drive.
Ce n’est pas un open world et ce n’est absolument pas grave
Pour gravir les échelons et gagner de plus en plus de récompenses (pilotes, voitures, objets cosmétiques etc.), on peut et on doit compléter des petites missions. Des quêtes qui n’ont parfois rien à voir avec de la course classique. Par exemple, on est amené à parcourir une zone infestée de squelettes pour secourir et sécuriser des habitants effrayés; à livrer des fleurs pour le crush d’une certaine Flora; à réaliser le plus long dérapage possible; à retrouver la trace d’un personnage égaré dans une ville en s’appuyant sur les indices de la tenue qu’il porte; à pousser un œuf géant jusqu’à une casserole ou encore à détruire des tombes. Bien sûr, un second choix s’offre au joueur pour empocher des points d’expérience : refaire en boucle les mêmes courses. Mais du coup, est-ce réellement un choix ? Non.
LEGO 2K Drive n’est pas totalement un jeu en monde ouvert. On peut en effet évoluer dans des biomes très étendus et variés, mais il faut systématiquement passer d’un territoire à l’autre grâce à la magie du voyage rapide. On a tout d’abord la « Base Turbo » avec sa verdure et ses couloirs d’eau, le « Comté des grands rocs » avec ses cascades cristallines et ses montagnes en mode Grand Canyon, la « Vallée de l'Orpaillage » qui remonte dans le temps avec sa ruée vers l’or et « Préfectrouille ». Une destination qui célèbre les morts et Halloween. Notre préférée de très loin - étonnant pour un fan d’horreur (non).
Bien que ça puisse manquer d’originalité et d’identité par moments, les décors sont splendides. C’est une explosion de couleurs avec des environnements qui fourmillent de détails. C’est magnifiquement mis en scène, avec ces personnages qui font leur petite vie dans les diverses villes par exemple, et hyper agréables à arpenter avec les différents types de véhicules.
LEGO 2K Drive comme la fusion de Mario Kart, Sonic et Forza Horizon
On ne sait pas depuis quand l’idée de faire LEGO 2K Drive trotte dans la tête de 2K Games, et de The Lego Group, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ont bien observé la concurrence au cours de ces dernières années. En effet, lorsqu'on lance le jeu, on pense immédiatement à Mario Kart, Forza Horizon, Crash Team Racing et même à Sonic and All-Stars Racing Transformed. Pour Mario Kart, c’est une évidence, mais une brève explication s’impose. Le titre est un jeu de combat motorisé dans lequel il faut dépasser ses adversaires en allant le plus vite possible, et en les dégommant avec des pouvoirs. Ces power-ups prennent la forme d’un missile téléguidé, d’une bombe IEM pour faire dérayer l’intérieur des voitures, d’une araignée et sa toile pour gêner la vision et la conduite, ou encore d’un hyperespace en mode Star Wars. L’équivalent de la Bill Balles de Mario Kart.
Il y a également un dérapage plus permissif et facile à exécuter, un boost qui se recharge automatiquement, dans les airs ou en glissant, voire une action pour attaquer un virage de manière très sèche. Comme dans les Sonic-Racing, on a plusieurs types de véhicules qui sont au nombre de trois. Les voitures citadines pour le bitume, les engins tout-terrain et enfin les bolides aquatiques. Le mieux dans tout cela, c’est qu’il n’y a pas besoin de réfléchir à quel véhicule sortir et quand, c’est automatique. En fonction du sol, notre tacot se transforme à la volée, sans retard pénalisant, chaque fois que nécessaire. Cela permet de renouveler l’intérêt de la conduite dans les courses et même en dehors de celles-ci (lors de l’exploration et des missions annexes des zones ouvertes). Peu importe la forme du véhicule, les sensations sont bonnes et la vitesse bien retranscrite.
De plus, LEGO 2K Drive se démarque de ses petits copains en autorisant et en valorisant complètement le hors-piste. Se décaler du chemin tout tracé et des grosses flèches de direction permet, bien entendu, de découvrir des raccourcis, mais aussi de se remettre en selle. Les voitures, camions et autres bateaux encaissent des dégâts en perdant des briques jusqu’à l’explosion finale qui induit une réapparition et par conséquent une potentielle perte de temps fatale vis-à-vis de la position dans la course. Mais en détruisant des barrières et autres éléments des circuits, on peut récupérer de la santé, pour éviter la destruction, et du boost. Cela confère non seulement un aspect un peu plus stratégique, qui aidera ceux qui sont à la peine, mais ça décuple également les sensations déjà très bonnes.
Malheureusement, parfois, on peut quand même être bloqué par des feuillages sans raison apparente. C’est heureusement rare et de ce fait, n’ayez pas peur de tout casser : c’est le but et c’est exaltant de ne plus avoir ce genre de limites. En revanche, on est clairement déçu des circuits en eux-mêmes. C’est bien simple, on serait bien incapables de les identifier comme on peut le faire très facilement avec un Crash Team Racing et un Mario Kart. Leur conception est plutôt bonne pourtant, mais il n’y a pas cette étincelle qui fait la différence. Même chose pour l’IA qui est globalement aux fraises. Soit trop permissive, soit trop gentille, il ne semble pas vraiment y avoir de juste milieu mais comme pour les autres jeux de ce style, le salut viendra en partie des courses en ligne.
Everything is (not) awesome
Les véhicules se distinguent les uns les autres par leur catégorie, mais aussi par leur poids et leurs statistiques. Un bolide plus lourd sera moins maniable (quelle surprise !), mais des évolutions sont possibles via les Atouts. Des compétences qui se débloquent durant les courses et activités des quatre biomes afin d’améliorer la santé, la vitesse de pointe ou de réduire le délai d’automorphose. Il s’agit du temps qu’une voiture ou autre met pour se transformer suivant le terrain. Il y en a donc pour tous les goûts mais LEGO 2K Drive, c’est plus que cela. Un tel nom implique de grandes responsabilités, comme celle d’avoir un outil de construction. Soufflez, c’est le cas et c’est assez énorme.
En se rendant dans les garages de Bricklandia, qui font également office de points d’arrivée pour les voyages rapides, on peut modifier des véhicules existants, en construire de nouveaux à l’aide d’instructions ou partir d’une page blanche pour donner vie à ses créations de rêve. Fans de la DeLorean de Retour vers le Futur ? De la Batmobile des films Batman de Tim Burton ? De l’Ecto-1 de SOS Fantômes ? Avec un peu d’huile de coude, c’est possible de les recréer, bien qu’il soit impossible d’avoir un rendu identique aux modèles originaux. Il faut composer avec les châssis imposés d’où les limites de l’exercice. Mais tant pis, c’est déjà très bien en l’état, même si on regrette l’absence de plans pour reproduire ces bagnoles de prestige. Ce qui est assez fou, c’est qu’on peut construire avec toutes les vraies pièces LEGO. Les basiques, les fines, les boutons, les Technic, tout est là pour que le joueur s’amuse (presque) autant que lorsqu’il fabrique une maquette de la société danoise.
En revanche, pour la création des personnages, c’est un zéro pointé. Les pilotes sont des profils créés et on n'a pas notre mot à dire. Pourquoi ? Certainement pour pousser à aller faire un tour dans le bazar d’Hugo Rille. La boutique de microtransactions de LEGO 2K Drive. Un magasin où l’on est invité à dépenser ses Brickflouzes très durement gagnés pour des cosmétiques. Accessoire donc ? Pas vraiment, non. Déjà, et comme pour le grind du mode histoire, le jeu est extrêmement chiche. Les Brickflouzes sont distribués avec une très grande parcimonie et les skins affichés à un prix fictif bien trop élevé. Une solution ? Oui, acheter des pièces, avec de l’argent bien réel, pour les échanger contre des Brickflouzes. S’il y a bien des errances dans LEGO 2K Drive, rien à signaler dans la boutique. Elle est vraiment pensée pour sortir la carte bleue. Et c’est dommage de voir qu’il y a de l’énergie déployée pour cela, plutôt que de peaufiner certains aspects essentiels du soft.
A noter que le jeu comporte du multijoueur local à deux en écran partagé sans restriction, en ligne « Avec des amis » pour des séries de coupes en ajoutant jusqu’à quatre connaissances et un accès au mode « Monde Partagé » (le monde ouvert) pour prendre part à des défis mondiaux et des activités dites Sur Le Pouce, ou en ligne « Avec tout le monde ». Dans cette configuration, on peut démarrer des courses ou séries de coupes dans Bricklandia, en solo ou en groupe de trois. Enfin, si vous êtes sur Nintendo Switch, deux joueurs avec deux consoles peuvent aussi se rejoindre en local.