Le pari de Factor 5 était d'offrir une bonne expérience de jeu avec des graphismes qui redonneraient la vue à un aveugle, une réalisation qui couperait le souffle d'un marathonien et un scénario qui ferait passer l'Odyssée d'Homère pour un roman de gare. Au final, si on devait rayer les mentions inutiles... ben on bifferait tout. Je peux vous dire que si, en 2005, nous étions sceptiques mais tout de même impressionnés devant les premières vidéos de Lair présentées à la presse par Sony pour vanter les mérites de sa future machine, en novembre 2007, manette en mains, je me tape des barres de rire devant ce jeu tellement il brasse du vent.
Tout ça pour ça ?
Pour le coup, Factor 5 a clairement eu les yeux plus gros que le ventre. Pourtant ce n'est pas le développeur le plus nul de la place du marché numérique. Loin de là. Surtout en matière de combat aérien qui se trouve être le thème principal de Lair. On se souvient encore de Star Wars Rogue Leader, qui dans ce genre, démontait tout sur GameCube. Ben là, de toute évidence ils se sont complètement crashés. Les graphismes pour commencer. L'esthétique est jolie, rendant bien justice à l'univers médiéval-fantastique où se déroule le jeu et les designs sont très "comme il faut". La modélisation des personnages par exemple est superbement faite. A tel point que lorsque le jeu est lancé, et que l'on voit la cinématique de début, on est presque content d'y jouer. On s'attend à du grand jeu. Hélas, une fois que l'on voit le reste, on se rend compte que les textures sont pauvres, que l'utilisation des effets tous azimuts a été exagérée jusqu'à leur donner un grain très désagréable à l'oeil. De plus, à cette médiocrité graphique, il faut ajouter des environnements répétitifs et une gestion de la lumière qui fait que l'on passe de la surexposition à l'obscurité en un centième de seconde. La totale quoi.
Le jeu too much
S'il n'y avait que ça, bon à la limite. On a déjà vu des jeux moches s'en sortir avec les honneurs malgré tout. Ce ne sera pas le cas de Lair. Le jeu donne dans la surenchère d'effets visuels à l'écran, et par surenchère, je veux bien entendu parler, en réalité, d'overdose. Tout est prétexte à profiter des capacités de la console pour en mettre plein la vue. On se retrouve ainsi avec une quantité impressionnante de dragons dans le ciel, et des boules de feu qui partent dans tous les sens, quasiment en toute circonstance, sans motif apparent dans bien des cas. Cela donne des situations d'un ridicule incroyable, comme par exemple lorsque l'on tue des raies manta géantes et volantes (déjà, rien que là y'a du niveau...) et que celles-ci explosent comme l'Etoile Noire dans Star Wars (là j'ai carrément lâché la manette). Mais le pire c'est que cette débauche d'effets pyrotechniques a un prix : le frame-rate. D'habitude, on regrette dans nos tests des "occasionnelles chutes de frame-rate", mais pour Lair c'est toujours comme ça. Ici, en fait, c'est une sorte de ralentissement persistant. Et comme une chose en entraîne une autre, cela provoque une maniabilité à se couper les veines avec une feuille de papier.
Un fiasco
Diriger le dragon uniquement avec le SIXAXIS, c'est une super idée en théorie, mais dans la pratique, ça s'avère plus que fastidieux. Les déplacements manquent de précision, du coup on se retrouve à faire n'importe quoi sans que l'on puisse rien y faire. On perd le fil de ce que l'on fait, on se mange des murs, les demi-tours que l'on effectue en tirant le paddle vers le haut marchent une fois sur deux... Quant aux combats au sol qui se font après avoir fait atterrir la bestiole, là c'est carrément l'anarchie. Bien que tout se joue au stick pendant cette phase, les attaques sont aproximatives et les caméras gérées de manière catastrophique... C'est le frisson de la honte. Pour équilibrer un peu mon karma face à une telle vague de critiques, je dirais quand même que les cinématiques sont bonnes si on aime le genre et que les doublages sont crédibles. Mais pour tout le reste, j'ai beau chercher, je ne vois rien qui pourrait sinon le sauver, du moins relever un peu son niveau. Enfin si, une fois qu'on a compris qu'il n'y avait rien à tirer de ce jeu, on continue de jouer avec un sourire en coin, par pur sadisme, pour contempler l'ampleur des dégâts et voir jusqu'où le ratage s'étend. Et d'un point de vue personnel, j'ai aussi adoré la maniabilité SIXAXIS qui m'a permit de jouer d'une main pendant que l'autre inondait mon matou de caresses.