Tagmae n'a ni la notoriété, ni la crédibilité d'un éditeur comme Focus Home Interactive (responsable du délicieux Cycling Manager) dans le milieu vidéoludique mais le studio toulousain possède un certain sens du timing. Deux ans après un premier opus, né sur les cendres d'une finale de Mondial injustement perdue par les Bleus contre les All Blacks, Jonah Lomu Rugby Challenge 2 remontre le bout de ses crampons alu en pleine tournée tricolore au pays du long nuage blanc. Et il fallait au moins cette petite fenêtre médiatique pour donner de la visibilité à un sport boudé sur nos consoles.
Une discipline tellement méprisée qu'elle continue de capitaliser sur l'image du colosse néo-zélandais, game over depuis moult années. Il faut dire que le Jonah Lomu Rugby original, sorti en 1997 par Codemasters, avait marqué au fer rouge les amis de l'Ovalie, de par sa facilité d'accès, son système de jeu dodu et ses commentaires priceless. Un trip nostalgique auquel Sidhe Interactive s'est attaqué avec minutie et une certaine tendresse pour ne pas égratigner la licence. Cette sensibilité s'est immédiatement ressentie pad en main, avec une couleur très « Hémisphère Sud », garante d'un jeu sans chichi et d'un gameplay simplifié. Trop peut-être pour les puristes qui ont crié à l'injustice, regrettant un manque de variété dans les actions disponibles. Alleluia, ils ont été entendus !
Juste une mise au point
Ce JLRC 2 propose en effet une expérience beaucoup plus ouverte sur l'Europe avec un champ de combinaisons d'attaques dix fois plus étendu et affiné. Ainsi, le jeu ne se résume plus à une succession de passes et de courses stéréotypées pour créer un surnombre à l'aile et filer à l'essai « fingers in the noise ». Ce plaidoyer pour le jeu au large n'a pas pour autant été mis de côté par les développeurs, mais il est désormais concurrencé par des phases de conquête plus obscures. Le fameux travail de l'ombre des « gros ». Concrètement, il est désormais possible d'effectuer un «pick and go» avec son numéro 8 en sortie de mêlée ou de lutter au sol comme un dératé pour extraire le cuir des regroupements. Un équilibre légitime qui permet d'apporter une réflexion à ses choix tactiques et de donner une vraie personnalité à son équipe. De quoi tutoyer une possible victoire contre les nations sudistes, clairement abusées depuis le premier épisode.
Cette mise à jour était donc nécessaire pour déchirer les lignes adverses de façon plus réaliste et évacuer la frustration chez certains esthètes du combat au ras. Et puisque le développeur néo-zélandais semble être à l'écoute des retours des joueurs, des corrections autour du système de pénalités/transformation trop simpliste et de quelques aberrations techniques (passes après contact encore trop nombreuses) ne seraient pas superflues dans l'avenir. A bon entendeur, raffut !
Les mouches ont changé... d'âme
Côté enrobage, là encore, un effort a été effectué par Sidhe Interactive pour nous proposer une farandole de compétitions (quinze au total), dont pour nous petits coqs, le Top 14 et la Pro D2, et une ribambelles d'équipes (110) et de stades (50). Un contenu plutôt consistant et appréciable... si certaines licences officielles étaient de la partie. Il faut en effet passer par l'éditeur de joueurs, comme aux plus belles heures d'ISS, pour constituer son XV de France (noms, maillot et stats) et partir au mastic. ISS ou FIFA, autant de références auxquelles JLCR 2 ferait bien de s'inspirer pour son mode carrière, enrichi mais trop limité par rapport aux cadors du genre. Si un soin particulier a été apporté au système de transferts, les gestions de la fatigue entre deux matches et de la progression de vos ouailles via l'entraînement ont carrément été boycottés par les développeurs. Quant au fait de remporter la Pro D2 et de ne pas pouvoir monter à l'échelon supérieur...
Ce sont ce genre de détails qui empêchent ce titre de se hisser au niveau des meilleures simulations sportives. Autre exemple ? Les commentaires. En confiant ces derniers au binôme « made in Canal Plus », Bayle-Lombard, Sidhe a voulu se mettre le public français dans la poche. Une initiative louable sur le papier qui se transforme vite en fausse bonne idée tant les interventions des deux compères s'avèrent redondantes au possible et pas adaptées aux situations de jeu. Ce manque de finition s'inscrit également dans la partie technique, globalement réussie mais truffée de bugs d'affichage. Le symbole d'une équipe courageuse qui n'a malheureusement pas matérialisé au score ses temps forts. Mentalité française, on vous dit...