Test réalisé sur PS4 / PSVR à partir d'une version import japonaise


Un bon niveau de Japonais est-il requis pour y jouer en import ?

Le jeu étant intégralement fondé sur des dialogues, oui, un bon niveau de japonais est requis pour y jouer et l'apprécier à sa juste valeur.

Notez cependant qu'une version sous-titrée en anglais arrivera début 2017 avec la sortie du jeu dans les pays d'Asie du Sud-Est. Il faudra alors là aussi passer par la case import.

Incarnant ledit tuteur, j'ai donc pu rencontrer la jeune Hikari. D'abord craintive, elle s'est rapidement habituée à ma présence, et moi à la sienne. Car entrer dans la chambre d'une jeune lycéenne, même virtuelle, a quelque chose d'intimidant. Quand elle me montre le petit tabouret Ikéa et m'invite à m'y asseoir, ça va un peu mieux. Elle m'apprend qu'elle a une semaine pour se préparer à un important examen. Son visage et sa peau, stylisés façon manga-porcelaine, me permettent de bien lire ses expressions faciales, fidèlement rendues. "Humainement rendues", aurais-je même envie de dire. Les présentations faites, je la vois sourire un peu bêtement et naïvement, et confesse que j'ai eu exactement la même réaction, derrière mon casque. Empathie ? Empathie.

Kokoro No Sports

Le lendemain matin, attablé dans mon café habituel, je commence à préparer le contenu du cours, quand je reçois un appel de l'école. Ma manette DualShock 4, devenue mon Xperia en réalité virtuelle, vibre, et je la porte à mon oreille, naturellement, pour écouter les recommandations de la secrétaire de mon entreprise. L'audio binaural du PlayStation VR fait des merveilles, et la gestion de la spatialisation du son, entre le bruit ambiant du café et ma conversation téléphonique, est parfaitement géré. L'appel terminé, je reprends la préparation de mon cours à travers une interface en transparence assez classieuse. Quel est mon objectif général ? Lui faire apprendre par coeur son bouquin de cours, lui apprendre à apprendre, développer son esprit critique ? Si j'ai l'occasion de lui faire la causette, quel est le sujet que je dois aborder ? Ses goûts musicaux, sa vie à l'école, ses amies ? En fonction de mes choix, ses statistiques - et donc le futur résultat à son examen - évoluent drastiquement. Grosse responsabilité, donc.

La préparation terminée, je me retrouve téléporté dans sa chambre et, après un rapide échange de banalités, le cours commence. Pendant qu'elle travaille, je peux ouvrir la fenêtre, écrire quelques conseils sur son cahier ou la laisser souffler pendant cinq minutes pour favoriser sa concentration.

Quelques heures plus tard (deux ou trois minutes de temps de jeu), c'est l'heure de la pause, et l'occasion d'aborder des sujets extrascolaires. Ses activités dans son club de softball, le dernier manga qu'elle a lu, etc. Il lui arrivera même, si elle se sent suffisamment bien, de me prêter un écouteur pour qu'on écoute à deux le dernier single de J-pop acidulé que toutes les Japonaises de 16 ans écoutent. L'intimité et la complicité sont là. Honnêtement, je ressens un certain malaise : en se rapprochant ainsi de moi, aussi mignonne et ingénue qu'elle puisse être, elle reste une inconnue qui s'immisce dans ma zone d'intimité. Je fais ce que tout le monde aurait fait dans une telle situation, je me sens agressé et recule brusquement. L'écouteur tombe. Elle fait la moue, je me sens bête d'avoir peur d'une gamine, je la laisse remettre l'écouteur dans mon oreille. Au bout d'une minute d'écoute, pratiquement tête contre tête, elle me demande si j'ai aimé sa soupe, je mens pour lui faire plaisir en hochant la tête. Elle a l'air heureux, je tombe un peu amoureux. Glauque ? A dire comme ça, oui, bien sûr. Quand je suis dans le jeu ? Pas du tout. Ça n'ira de toute façon jamais plus loin, je reste son professeur, je le sais, elle le sait, et le staff de Bandai Namco le sait aussi.

La semaine de cours se termine et Hikari me prévient qu'elle m'appellera dès qu'elle aura les résultats de son examen. Quelques jours plus tard, je reçois un appel sur mon téléphone Xperia/DualShock 4. Je m'empresse d'aller chez elle, elle me dit qu'elle a eu une note correcte, mais sans plus. Je me sens penaud, mais me dis qu'avec une semaine seulement de cours, je ne pouvais pas changer l'intégralité de son éducation. Hikari conclut en me disant qu'on se reverra peut-être un jour. Promesse en l'air, je le sais, elle le sait, mais le staff de Bandai Namco compte bien sur les DLC pour me faire mentir.

(No) Escape Room

Voici en résumé ce qu'est Summer Lesson : une semaine inoubliable assis sur un tabouret. Comme vous pouvez vous en douter, j'ai trouvé l'expérience de mon premier run assez dingue. En jouant le jeu, j'ai eu droit a une expérience d'une heure (oui, c'est court) jamais vue, où pour la première fois de ma vie j'ai eu des réactions "humaines", ai éprouvé des sentiments pour un tas de pixels sur un écran lumineux. J'en suis ressorti chamboulé.

Au Japon, la lycéenne est et restera un symbole de féminité, de pureté, et même un symbole sexuel du pays, qui s'assume avec tiédeur. Avant de lancer le jeu, je m'attendais donc à une expérience légère, un poil sexy, mais sans aucun fond. Je me trompais lourdement, et je pense que cette heure de jeu en compagnie d'Hikari restera dans ma mémoire pour longtemps.

Back To Reality

Malheureusement, le charme s'estompe aussitôt qu'on lance une deuxième semaine de cours. Si on a la plaisir de pouvoir débloquer de nouveaux costumes pour la petite, on se rend rapidement compte que les sujets de conversations sont toujours les mêmes, que les animations, bien qu'excellentes, tournent en boucle, et que le contenu général du jeu est famélique. On découvre que nos choix n'ont finalement aucune importance, on comprend les grosses ficelles qui tirent les scripts de la progression... Du coup, on commence à venir jouer avec le moteur, les limites du jeu. Et là, elles nous sautent en pleine figure : la reconnaissance de mouvements n'est pas au point, les textures, à l'exception de celle de Hikari, sont pauvres et baveuses, les chargements intempestifs qui ne servent qu'à préparer des dialogues qu'on a déjà écouté cinq fois se font très longs ... La magie est brisée.

A titre de comparaison, j'ai eu un sentiment similaire lors de mes second runs de Heavy Rain et de Walking Dead : l'ossature du jeu nous explose au visage, et les limites techniques du média nous sont rappelées comme jamais.

Mais la différence, c'est que Walking Dead et Heavy Rain se finissant en une dizaine d'heures, il n'est pas si grave de ne pas faire de second run. Summer Lesson quant à lui, se boucle en une soixantaine de minutes, et à travers le déblocage de nouveaux cours et costumes pour Hikari, le jeu pousse à le recommencer de nombreuses fois. Le soft est vendu a petit prix, certes. C'est un jeu de lancement, certes. Mais quelle amertume.