Homeworld 3 marque une nouvelle étape dans la série culte de jeux de stratégie en temps réel, célèbre pour ses combats spatiaux. Ce troisième opus, développé par Blackbird Interactive, succède à des épisodes qui avaient positionné le genre dans une dimension complètement folle et assez novatrice pour l’époque. Car oui, le premier jeu, qui date de 1999, fut une véritable claque aussi bien visuelle qu’en termes de gameplay pur. L’héritage est-il sain et sauf avec ce nouvel épisode ? C’est justement ce que nous allons découvrir ensemble.
Le cœur de Homeworld 3 réside toujours dans ses batailles spatiales, orchestrées à partir du vaisseau mère, qui sert à la fois de quartier général à défendre et de base de production pour une flotte diversifiée, allant de petits chasseurs à de grands croiseurs. Les missions, méticuleusement élaborées, débutent souvent lentement et gagnent en intensité au fur et à mesure, bien que l'intrigue tende à perdre de sa vigueur au fil du temps.
Une histoire familière et qui fonctionne bien
Cet opus reprend l'histoire du peuple Hiigara plus de vingt ans après Homeworld 2. Avec l'absence de leur prophète, une nébuleuse malveillante commence à se propager, éteignant des planètes et des stations spatiales florissantes. La mission confiée au joueur est de mener la flotte Hiigaran, sous le commandement d'Imogen S’Jet, dans cette anomalie pour découvrir sa source et la neutraliser. Les cinématiques d'ouverture de Homeworld 3 nous replongent instantanément dans l'univers familier de la série, avec des vaisseaux qui exécutent des manœuvres serrées, laissant derrière eux de belles traînées d'échappement colorées. Les batailles prennent vie lorsque deux flottes s'affrontent, le ciel s'illumine de lasers et de débris sous les coups de canon. Bref, vous n’êtes pas vraiment perdu si vous connaissez la série, même des années après. Pas de difficulté apparente non plus si vous êtes un bleu.
Homeworld 3 accorde une importance capitale à la dimension et au détail. Chaque mission se déroule sur des cartes gigantesques, entourées de structures cyclopéennes, où le joueur doit naviguer et généralement éliminer l'ennemi. L'échelle est si vaste que les mouvements sont lents, donnant au jeu un rythme très particulier. Si vous êtes un fou furieux de la souris et que vous ne prenez du plaisir que devant des MOBA où tout doit être instantané, ce jeu n’est clairement pas fait pour vous. Parallèlement, le titre offre la possibilité de zoomer de très près pour observer l'action réelle. Vous pouvez suivre vos corvettes dépassant un destroyer ennemi en détail, lançant des torpilles depuis un vaisseau, etc. Ce va-et-vient entre les échelles a de quoi enthousiasmer les fans de science-fiction, rappelant les scènes de batailles spatiales de Star Wars, mais avec la capacité de tout contrôler. C’est d’ailleurs là qu’on se dit qu’un Homeworld à la sauce Star Wars aurait une sacrée gueule. Mais ce n’est pas le sujet.
Un rythme lent, très lent pour Homeworld 3
Homeworld 3 est avant tout un jeu de stratégie où vous gérez une armée dès la base. Vous choisissez les vaisseaux, composez votre armée, planifiez leurs itinéraires vers l'ennemi et gérez minutieusement leurs actions. Le combat spatial est une affaire sérieuse : les dégâts dépendent de l'adversaire et de la position exacte des vaisseaux. Le jeu part du principe que vous trouvez intéressant et engageant de coordonner vos formations, d'exécuter des attaques détaillées et de nettoyer la moindre trace de l’adversaire, le tout à une vitesse assez lente et avec un haut niveau de détail. C’est cette lenteur qui permet au jeu d’être très newbie-friendly et de se laisser apprécier même par le premier venu.
En fait, la gestion détaillée exigée par le jeu teste votre patience, surtout lorsque les solutions aux problèmes sont claires, mais que leur exécution est entravée par des obstacles imprévus. Il n'est pas rare de se retrouver avec une flotte suffisamment puissante pour terminer une mission, mais située à l'autre bout de la carte, nécessitant de longs temps de déplacement. En cela, l'intelligence artificielle de Homeworld 3 joue un rôle crucial dans la navigation des détails de chaque bataille. Les petits vaisseaux doivent manœuvrer agilement, tandis que les plus grands doivent parfois se cacher derrière des obstacles pour survivre. La capacité de l'IA à gérer ces actions de manière autonome est variable, oscillant entre efficacité et moments où les vaisseaux semblent se figer, devenant des cibles faciles pour l'ennemi. Ces incertitudes rendent clairement le rôle de commandant spatial à la fois captivant et éprouvant.
Des ajoutes intéressants mais pas totalement aboutis
Un ajout bienvenu dans Homeworld 3 est la fonction de pause tactique, qui, sans arrêter complètement le jeu, ralentit l'action à un rythme très très lent, permettant de savourer le spectacle des missiles et des lasers qui déchirent l'espace. Elle marche de pair avec la complexité tactique que le jeu souhaite atteindre, chaque unité agissant comme un contre à une autre dans un jeu complexe de pierre-feuille-ciseaux. Basique mais efficace sur le papier, à l’image de ce que proposent des jeux comme Dawn of War, pour ne citer que lui. Si vous êtes confronté à un escadron de bombardiers, vous devrez les contrer avec des chasseurs rapides, tandis qu'une frégate éliminera aisément n'importe quel appareil d'attaque, mais peinera face à des frégates d'assaut et des torpilleurs. Et ainsi de suite. Hélas, cette stratégie s’arrête assez vite quand on commence à affronter de grosses flottes.
Car en théorie, le joueur est supposé déployer le « bon » contre pour chaque ennemi... Cependant, dans la pratique, adapter ses actions à ce niveau de détail s'avère souvent inefficace. La diversité et la complexité des types de navires avec leurs forces et faiblesses spécifiques rendent difficile la gestion des flottes adverses diversifiées. En conséquence, dans la plupart des batailles, une stratégie plus globale de sélection et d'attaque de tous les objectifs menaçants s'avère souvent plus pratique, bien qu'elle entraîne des pertes plus élevées. Dommage.
Une innovation majeure de cet opus est l'introduction de "terrains" dans l'espace, transformant les champs de bataille habituellement vides en arènes jonchées de structures massives et de paysages cosmiques, comme des épaves spatiales colossales ou des portails hyperspatiaux. Ces environnements ne sont pas seulement décoratifs ; ils modifient fondamentalement la manière de manœuvrer et de commander. Le système de mouvements, qui nécessitait auparavant l'entrée précise de coordonnées en 3D, est simplifié par la possibilité de cliquer simplement sur le terrain pour se déplacer.
Sortez couverts
Le terrain offre également des opportunités tactiques spécifiques, comme l'utilisation de débris flottants comme couverture pour les petits vaisseaux, les protégeant ainsi des tirs ennemis. De nombreux terrains sont également creusés de tunnels et de ravins, offrant des possibilités d'embuscade et de contournement des défenses ennemies. Toutefois, l'utilisation de ces éléments est plus anecdotique qu'essentielle dans la pratique. Les occasions d'utiliser des couvertures et des tunnels sont relativement rares et deviennent moins pratiques au fur et à mesure que la flotte s'agrandit. En comparaison avec d'autres RTS qui intègrent des mécaniques de couverture, comme Company of Heroes, leurs avantages dans Homeworld 3 ne sont pas toujours évident. Les idées sont donc nombreuses (pierre-feuille-ciseaux, système de couverture), mais dans le chaos du combat, elles sont difficiles, voire impossibles à mettre en place et c’est franchement malheureux.
Une mission permet par exemple d'embusquer un vaisseau torpilleur à longue portée avec des chasseurs à courte portée en utilisant les tunnels d'un vaisseau capital détruit comme couverture. Cependant, l'intelligence artificielle des unités ne se montre pas toujours à la hauteur des intentions stratégiques, avec des vaisseaux qui se coincent ou qui prennent de mauvais chemins, compromettant la formation et l'efficacité de la flotte. Cela mène parfois au désastre, et ça, c’est totalement rageant.
Homeworld 3 reste impressionnant
En dépit de ces problèmes, Homeworld 3 continue d'impressionner par la richesse de ses détails et son style artistique, invitant les joueurs à ralentir l'action et à éteindre l'interface pour mieux apprécier les scènes de bataille. Les autres forces du jeu résident dans sa cohérence et son accent sur la narration spatiale. Il brille clairement par ses cinématiques animées de manière spectaculaire et accompagnées de narrations poussées qui plongent le joueur dans des concepts de science-fiction grandioses. Vraiment, on a parfois l'impression d'être dans un (bon) film Star Wars. L'histoire, bien que familière aux amateurs d'opéra spatial, est enrichie par la représentation des voyages hyperspatiaux et la connexion neurologique de la protagoniste Imogen S'jet avec son vaisseau. Cette dynamique crée des opportunités narratives intéressantes, tant dans les cinématiques que pendant les missions.
Toutefois, malgré ses ambitions, le jeu ne parvient pas tout à fait à répondre aux attentes suscitées par ses prédécesseurs, avec un système de terrain qui ne tient pas toutes ses promesses et une dynamique de contre qui se perd dans l'ampleur des batailles. On se retrouve donc face à un jeu assez grandiose en apparence et avec des mécaniques très intelligentes, mais qui ne sont pas totalement abouties pour en profiter pleinement. Ça laisse un petit goût amer dans la bouche, mais Homeworld 3 n'en reste pas moins ultra plaisant à jouer et à admirer.