Malgré son appellation un tantinet maladroite, Heroes of Ruin n'en reste pas moins une nouvelle licence, chose de plus en plus rare de nos jours. Cela dit, en y regardant de plus près, les fondations n'ont pas l'air flambant neuves, elles...
Dès le jeu lancé, Heroes of Ruin annonce la couleur : Voulez-vous activer le Streetpass ? Le SpotPass ? Acceptez-vous la transmission de données anonymes ? Les notifications ? Souhaitez-vous associer votre compte au site officiel en ligne ? Ok, on a compris, ce Hack & Slash mise sur le multijoueur. Une impression confirmée par la possibilité de se lancer d'emblée dans la campagne à plusieurs, ou en solo. Mais avant de partir à l'aventure, commençons par créer un personnage. Cette étape ne dure guère longtemps contrairement aux habitudes, même pour les esthètes et autres fashion victims. Il faut ainsi se contenter de quelques variations de couleurs et de coiffures pour chacune des quatre types de personnage, en l'occurrence rugisseur, sauvage, pistolero et architecte. Derrière ces termes se cachent évidemment des classes on-ne-peut-plus traditionnelles, respectivement chevalier, guerrier, archer et magicien. Et nos gaillards disposent, tenez-vous bien, de talents particuliers que l'on fera évoluer au fil des quêtes et de la montée en niveau. Si vous avez un sentiment de déjà lu - comme votre serviteur en a un de déjà écrit - alors attendez de découvrir le classicisme désarmant du scénario !
En terre connue
En prime, Heroes of Ruin doit se débrouiller avec quelques séquences semi animées (plutôt jolies en 3D stéréoscopique) pour tenter de construire une once de narration, puisque les cutscenes usant du moteur du jeu font carrément peur à voir, et à entendre. De toute façon on n'est pas là pour papoter, ce que souligne l'architecture très fonctionnelle du Nexus, la cité centrale du jeu. C'est ici que l'on glane quelques informations sur la mythologie famélique du monde de Veil, entre les séances de shopping et les quêtes plus ou moins optionnelles. Petite singularité dans cet océan de conservatisme, chaque classe a droit à son marchant attitré, pratique pour éviter de faire trop la queue à plusieurs. En outre la bourse des ventes permet de récupérer des objets revendus par d'autres joueurs via le StreetPass. Enfin il existe une boutique souvent fort bien achalandée qui requiert des points de vaillance en sus de pièces sonnantes et trébuchantes pour acheter ses reliques. Or ces points ne s'obtiennent que par le biais des défis quotidiens et hebdomadaires diffusés par l'intermédiaire du SpotPass. Indubitablement, le très consciencieux studio n-Space a coché une à une les cases des fonctionnalités de la 3DS.
Donjon copieur
La remarque s'applique aussi à la 3D stéréoscopique. Si la qualité des textures varie clairement d'un environnement à l'autre, le vertigineux effet de profondeur des décors en surplomb apporte une vraie bouffée d'air frais dans ces dédales visuellement très inspirés de Diablo ou Dungeon Siege. Dommage que leur design manque d'imagination, à l'image de celui des monstres tantôt familiers, tantôt ridicules. Et devinez quoi, nos bestioles laissent (très) souvent échapper des objets plus ou moins rares une fois vaincus, incroyable non ? Dans le genre conforme aux règles de la discipline, difficile de faire plus scolaire. Cependant l'appel du loot reste diablement efficace, qui plus est associé à une maniabilité assez percutante... Allez, c'est l'heure du coming out : votre serviteur a passé pas mal de temps sur un certain Untold Legends : Brotherhood of the Blade, à l'époque où la PSP manquait encore de jeux (la bonne excuse, hein). En dépit d'une âme inexistante, cette production partageait le même pragmatisme, celle d'offrir un solide Hack & Slash de poche, et mine de rien, la recette est presque toujours imparable quand elle est sérieusement cuisinée. Une différence de taille les sépare toutefois, la présence de multijoueur en ligne. En plus des parties en réseau local, Heroes of Ruin permet également d'inviter ou de rejoindre trois autres compagnons.
Maxi multi, mini solo
Qu'il est réjouissant d'estourbir des hordes de bestioles aux côtés de ses amis, surtout pendant que l'on discute en même temps grâce au micro, et quasiment sans lag pour peu que la connexion soit suffisamment rapide. Non, décidément, n-Space a réalisé un travail édifiant en matière communautaire sur 3DS. Hélas le bilan s'assombrit quand on joue avec des inconnus. En tant que joueur hôte, nombre de pirates se jettent sans vergogne sur les précieux trésors que renferme notre campagne, notamment ceux arrachés à la carcasse fumante des Boss qui sont alors définitivement occis. Et si l'on rejoint une partie plus avancée, il est aisé de gagner des tonnes d'expérience, ce qui réduit encore le challenge d'une épopée déjà facile et plutôt courte (une petite douzaine d'heures). Evidemment, on a ensuite tout loisir d'expérimenter les talents des différentes classes (une par sauvegarde), d'autant qu'elles sont chacune dotées d'un gameplay spécifique. Heroes of Ruin aurait quand même mérité un endgame plus développé, car à part les défis en ligne, il ne reste alors plus grand chose à se mettre sous la "lame", l'adversité ne s'adaptant pas au niveau du personnage, majoré à 30 pour couronner le tout. Espérons que les lacunes de ce Hack & Slash résolument appliqué soient un jour comblées par d'hypothétiques DLC d'extension (gratuits si possible).