Helldivers a été une bien jolie surprise à sa sortie en 2015 sur PS4 et PC. Un twin-stick shooter à l’action effrénée qui aurait très bien pu s’appeler Starship Troopers : The Video Game. Neuf ans plus tard, Arrowhead Game Studios revient avec des ambitions bien plus grandes pour un résultat renversant. On peut le dire, Helldivers 2 tabasse et c’est bien le seul jeu qui pourrait me rendre potentiellement autant accro qu’un Battlefield. 

Helldivers 2, l’enfant prodige de Starship Troopers et Terminator 

Dès le début, Helldivers 2 s’assume pleinement avec une introduction grotesque, dans le bon sens du terme, qui renvoie immédiatement au film culte Starship Troopers. Le bijou satirique de Paul Verhoeven (RoboCop, Total Recall…), au discours antifasciste et antimilitariste, toujours aussi jubilatoire après tout ce temps. Un long-métrage à prendre au 100ème degré, au minimum. Car oui, et c’est bon de le rappeler puisque des critiques sont tombées dans le panneau, mais il n’y a rien de sérieux dans cette perle. Jamais. Et c’est la même chose ici avec Helldivers 2, comme pour le premier épisode. 

Le jeu commence par un message du Ministère de la Vérité de la Super-Terre qui invite chaque Super-citoyen à écouter une annonce patriotique d’intérêt public. Et attention à toutes celles et ceux qui manqueraient à cette obligation, car vous seriez considérés comme des traîtres à la nation. L’heure est grave puisque le mode de vie des humains, ses valeurs « Prospérité, liberté et démocratie », sont mis en danger par des ultras arachnides et robotiques qui veulent ruiner cet équilibre. Il vous appartient de (re)devenir un Helldivers pour maintenir la paix en propageant, évidemment, une bonne grosse dose de démocratie contrôlée et de livrer une guerre intergalactique pour la libération de la Super-Terre. En d’autres termes, massacrer tout ce qui a plus de deux pattes sans aucun état d’âme.  

test helldivers 2

Ce second degré est omniprésent, notamment et surtout pendant les dialogues désopilants prononcés par les personnages en plein combat, comme « Douce liberté, ma jambe ! » quand le corps d’un soldat prend cher. C’est très bête de façon volontaire, et même après avoir entendu les mêmes répliques en boucle, on trouve le moyen d’en rire. Et encore plus avec la VF qui surjoue en permanence, davantage que la VO d’ailleurs. Cette quête de protection et de libération de la Super-Terre est mise en scène avec intelligence, car même sans cinématique - autre que celle de lancement - ou fichiers audios, on perçoit constamment cette mission de guerre intergalactique. À bord de notre vaisseau, qui sert de HUB central, on peut par exemple voir les autres Super-citoyens dans l’espace. 

L’ennemi n'est pas toujours celui que l'on croit 

Cette réappropriation de la Super-Terre passe par la capture de différentes planètes occupées avec l’aide du monde entier. Il n’y a pas qu’une campagne de libération pour chaque joueur, mais bien une croisade commune à toutes et tous avec un pourcentage d’invasion qui évolue en temps réel. Comme dans le premier Helldivers, des races d’ennemis qui ne se ressemblent pas se sont accaparés les territoires. Les Terminides à l’est qui sont l’équivalent des Arachnides de Starship Troopers, et les Automatons à l’ouest qui sont des robots à la Terminator. Si vous avez fait Helldivers à l’époque, vous remarquerez que les Illuministes se sont envolés. Une disparition définitive ? Cette espèce ne reviendra peut-être pas, mais dans tous les cas, il y a de la place pour de la nouveauté. Mais c’est largement suffisant pour le moment et vous allez en baver parce qu’aucun des deux ne vous fera de cadeau. 

D’abord, oubliez le jeu solo même si cette configuration est disponible. Pour relever le défi proposé par Helldivers 2, il faut clairement être le plus nombreux possible (jusqu’à 4 joueurs). Cette suite n’hésite pas à repousser les porteurs de la démocratie que l’on est avec des vagues incessantes d’adversaires. À partir de la difficulté 5 (sur 9), voire même 4, ça peut vite devenir l’enfer sur la Super-Terre si le jeu en équipe n’est pas là, en raison de ces assauts incessants justement, et d’éventuelles mauvaises décisions au niveau de l'équipement embarqué par chaque combattant de la démocratie. C’est un pur titre coopératif (PvE) où l’individualité peut mener très facilement à l'échec. Certaines actions ou certaines armes requièrent même d’être à plusieurs d’ailleurs. Les créatures, qui représentent la menace principale du titre, se renouvellent au fil de la progression en fonction du lieu et de la difficulté choisie. Au bout d’une dizaine d'heures de jeu, on avait par exemple combattu qu’un seul Titan. Un terminide géant qui donnera des sueurs froides aux arachnophobes. 

L’un des autres obstacles à franchir, c’est vous ou plutôt vos collègues. Évidemment, un lancer de grenade mal placé pourra toujours vous être fatal. Mais les attaques de vos alliés également puisque le friendly est activé. Un point faible ? Aucunement. À l’instar du précédent opus, c’est ce qui fait le sel et tout le fun d’Helldivers 2. Bien sûr, l’idée n’est pas d’aller mettre une balle pleine tête d’un coéquipier, mais ça peut malencontreusement arriver et ce n’est pas grave. Quand ce n’est pas volontaire, c’est toujours drôle. Ça fait partie de cette expérience et ça vient même intensifier ce bordel XXL où le danger vient de partout. Y compris de l’intérieur avec des personnes censées pourtant avancer dans la même direction. Mais un mauvais largage d’Hellpod sur un collègue est si vite arrivé… 

avis helldivers 2

Arrowhead Game Studios a aussi fait en sorte de garder ce côté survie contre des bestioles avec des personnages qui, de base, ne sont pas des surhommes. Ils peuvent se jeter au sol, en arrière et sur le côté tout en tirant, ou ramper mais la mobilité reste volontairement assez raide. Le souffle d’un bombardement trop proche peut faire voler votre Helldiver et lui fait perdre son bouclier s’il en avait un en main. Certains aimeront, d’autres pas, et si l'on n'aurait pas craché sur un héros un peu plus rapide (même si l’on peut augmenter sa vitesse en fonction des armures), on apprécie de notre côté ressentir le poids de notre héros. De même, le fait de perdre ses balles si l’on recharge, alors que le magasin de l’arme n’est pas vide, est peut-être frustrant de prime abord, mais ça participe à cette impression d’urgence qui se dégage des parties et à l’aspect réaliste - tout en restant encore une fois fun. 

Tout le monde se bat, personne ne se barre 

À l’image d’Housemarque avec Returnal, les développeurs ont abandonné la vue de dessus d’Helldivers pour une perspective à la troisième personne cette fois-ci. Et ils ont très bien fait ! La mue en TPS est une grande réussite et confère une dimension action encore plus phénoménale qu’auparavant. On a vraiment ce sentiment de livrer une guerre presque trop ambitieuse pour nous. Mais le sauvetage de la démocratie vaut bien de se surpasser, quitte à perdre une jambe, un bras ou tout autre partie du corps, un Stim (soin) suffisant de toute façon à nous remettre d’aplomb s’il nous reste un peu de santé. 

Ça explose quasiment tout le temps avec un terrain de jeu qui se déforme au fur et à mesure de nos attaques spéciales. Les affrontements sont très souvent énormes et peuvent rappeler la fougue d’un Battlefield - à l’échelle d’Helldivers 2 bien sûr - y compris jusque dans le thème musical épique qui reste en tête. On retrouve cette atmosphère et ses sensations ô combien jouissives d’être au beau milieu d’un véritable champ de bataille où tout peut se produire. Surtout le pire. Les bâtiments peuvent être pulvérisés sous l’action d’une bombe, des zones enflammées se hissent au-dessus des arbres comme témoins de ce conflit en cours, un immense missile peut déclencher une explosion absolument massive avec un souffle qui se répercute à des kilomètres. Un vrai théâtre de guerre grisant. Tous les titres ne peuvent pas se vanter d’offrir un tel spectacle, et c’est d’autant plus bluffant vu la taille assez réduite du studio. 

Les différents biomes ont également leur part de responsabilité dans la réussite du jeu. Bien que ce ne soit pas rédhibitoire, le level design reste plat, mais les planètes se rattrapent par leur ambiance et leur variété (enneigée, désertique, tropicale…). Celle dans la jungle à la tombée de la nuit, avec les tirs lasers des Automatons, rappelle terriblement la guerre des humains contre les robots de Terminator. Et comme tout est généré de façon procédurale, on éprouve jamais de lassitude, même après des dizaines d’heures. En plus, les cartes peuvent se montrer elles-mêmes hostiles à cause des conditions appliquées sur chacune d’entre elles. Par exemple, une map où la chaleur est intense augmente la dépense d’endurance, accélère la surchauffe des armes, et peut occasionner des problèmes de visibilité avec le soleil qui tape. De même qu’une tempête brouille davantage l’action, mais sans que cela n’entache complètement la lisibilité pour autant. Et attention aux pièges au sol qui sont légion et qui peuvent soit vous ralentir, ce qui n’est jamais bon lorsqu’une armée vous pourchasse, soit vous occasionner des dégâts. 

Tuons-les tous ! Le mantra parfait d'Helldivers 2

Si le gunplay est réellement bon, Helldivers 2 est surtout singulier grâce à la réutilisation des Stratagèmes qui étaient présents dans le premier jeu. Cela peut prendre la forme d’une simple mitrailleuse d’appui, d’un mortier, de bouclier jusqu’au largages de bombes à fragmentation, au napalm qui vont brûler et ralentir les cibles, au déploiement de frappes orbitales précises sur un petit périmètre ou sur une plus large zone de 380M. Vous avez le choix des armes, mais le mieux est de consulter vos coéquipiers pour essayer d’avoir un semble complémentaire et adapter aux ennemis que vous allez rencontrer. Cette artillerie lourde se commande forcément en tapant une combinaison, en mode codes de triche comme à la bonne époque, avec les touches directionnelles.

Ce n’est pas bien compliqué, mais dans le feu de l’action, on a très vite fait de paniquer et de se tromper. D’autant que parfois, le jeu peut instaurer une nouvelle règle qui va perturber la manière d’appeler tous ces stratagèmes. Bref, une mécanique toujours aussi plaisante et même très exaltante, mais qui se mérite. Les Stratagèmes ne se débloquent qu’en allant répandre la démocratie à travers le globe et en respectant certaines conditions (exfiltrer les missions avec l’escouade entière, finir les tâches principales et secondaires…) pour gagner des points d’expérience. Et si vous lootez certaines ressources, des échantillons, vous pourrez même améliorer des parties du vaisseau. Cela aura un effet positif sur les Stratagèmes, mais pas que d’ailleurs. 

verdict helldivers 2

Pour empocher cette expérience et différentes choses comme des médailles, qui servent à acquérir de l’équipement ainsi que des cosmétiques, il faudra réaliser toute une série de missions avec des objectifs principaux et secondaires très élémentaires (détruire des nids, arrêter la diffusion d’un message de propagande). Pourtant, ce n’est jamais vraiment répétitif et c’est globalement dû à la gestion procédurale mentionnée plus haut. Mais aussi au fait que, comme dans Battlefield, une partie est toujours différente avec un conflit qui évolue sans cesse. Et comme pour la difficulté, il y en aura pour tous les goûts. En général, les missions vous laissent jusqu’à 40 minutes pour nettoyer les zones, mais vous pouvez rusher l’objectif principal, bien que ce ne soit clairement pas le meilleur moyen de profiter du jeu. 

À l’arrivée, Helldivers 2 coche toutes les cases d’une suite réussie, même s’il y a quelques défauts. Si la direction artistique des planètes et du terminides est bonne, on ne peut pas en dire autant de la technique sur PS5. Sans être éblouissant et à la hauteur des plus beaux jeux de la console, le spectacle global est de bonne facture pour un AA. Mais par contre, on doit sortir le carton rouge pour le mode Qualité à 30fps. Il y a un très gros problème de frame pacing. Pour la faire courte, même si le jeu vise et affiche 30fps, dans les faits, le rendu n’est absolument pas là et on a l’impression que ça rame. À fuir en attendant peut-être un correctif salvateur, à contrario du mode Performance. Ce dernier promet du 60fps dans l’ensemble stable pour une expérience bien meilleure, sauf pour la résolution qui en prend un coup et passe de la 4K à du 1080p.

critique helldivers 2

En revanche sur PC, mon collègue, qui milite à fond pour la démocratie, me susurre que le titre est « carrément beau », et qu’il y a donc moins de concessions. Les premiers jours ont été également très compliqués avec des déconnexions à gogo et un matchmaking épouvantable sur PS5. Il était pratiquement impossible pour nous de rejoindre une partie rapide au lancement. Mais c’est le jour et la nuit à l’heure de publier notre test. La communication du studio est très franche et leur réactivité fait plaisir à voir. Ils n’ont cessé de déployer des mises à jour à un rythme soutenu pour rendre Helldivers 2 jouable, et pouvoir se concentrer sur les nouveautés par la suite. Dans de telles conditions, c’est plus facile de pardonner des erreurs de jeunesse dûe à une affluence record qui a submergé les équipes.