Où en est votre e-réputation ? Comment maximiser votre nombre de RT ? Par quelle méthode faire de votre dernière confession YouTube, une vidéo massivement likée ? Oui, parfois l'Interweb est un enfer, où Radamanthe poste quotidiennement son déjeuner sur Instagram. Heureusement, il existe un autre enfer virtuel, idéal pour se défouler et retrouver un peu de second degré, c'est celui de Hell Yeah!.
Ash le lapin squelette vient d'être intronisé nouveau boss des enfers mais il connait d'emblée une mésaventure assez commune sur le net participatif et communautaire, la fuite de photos. Le péché mignon du tas d'os, sa passion pour les canards en plastique avec lesquels il barbote dans sa baignoire, a été capturé sur pellicule par un paparazzi resté mystérieux. Les clichés vont alors faire le tour des différents paliers infernaux et Ash ne vas pas y aller par quatre chemins pour les retrouver et réaffirmer son autorité : il va buter tout le monde. Et salement.
Fluo gore
Le rouge sang sera en effet l'une des teintes dominantes de Hell Yeah! La Fureur du Lapin Mort avec les couleurs fluo des décors. Doté d'une direction artistique unique, Hell Yeah! propose une réalisation 2D sublime, dont il est assez difficile de résumer les inspirations tant elles semblent nombreuses. Il en est de même pour la dégaine de tous les monstres chelous qui squattent les différents niveaux de l'enfer, chacun ayant un nom rigolo façon Pokémon, les jeux de mots créés pour les nommer étant bien entendu un peu plus osés que pour les monstres de poche. Et comme pour les petites bestioles Nintendo, on aura le droit à un index avec un petit topo sur chaque monstre. Car ces créatures tiennent un rôle essentiel dans Hell Yeah!, leur défaite permettant d'évoluer à travers les niveaux.
Lapin et pruneaux
Il est d'ailleurs plus approprié de parler de mondes que de niveaux pour ce jeu Arkedo. Qu'on évolue dans la prison des enfers ou dans un monde casino, le schéma de jeu est toujours le même. Il faut trouver des gros monstres à zigouiller pour ouvrir des portes. Par exemple, on bousille notre vingtième monstre dans un monde donné et hop, une porte s'ouvre pour donner accès à une nouvelle section du niveau. Ash, s'il est souvent dans une sorte de roue, équipé d'une mitrailleuse ou d'un lance-roquettes que l'on fera évoluer au fil des heures de jeu, peut aussi se retrouver "nu", dans des phases où il est piéton. Il misera alors sur son double saut et l'interaction avec le décor pour bousiller les monstres. Qu'on oriente des lance-flammes vers un ennemi, qu'on le découpe avec sa roue de l'enfer, qu'on le troue avec son gros canon, il faudra toujours réussir un micro-jeu façon Wario Ware pour achever la bestiole. Et à l'image du jeu aux dialogues vraiment marrants que l'on pourrait croire écrits par Traz, ces mini scènes sont folles. Réussissez un QTE et un dino apparaît à l'écran pour dévorer le monstre ou bien Ash se transforme en fusée pour, depuis l'espace, s'écraser sur l'ennemi ou encore, un quiz avec quatre réponses stupides vous sera proposé, et à vous de bien répondre pour fataliser le monstre. Ces petites scènes hilarantes sont très nombreuses et bien représentatives de l'esprit assez dingue du jeu.
Un os dans la roue
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des enfers ? En termes d'esprit et de réalisation, oui, il n'y a rien à reprocher au jeu édité par SEGA, le style Arkedo est au poil, comme d'hab', original et inimitable. Cependant, là où le bât blesse, c'est clairement du côté du gameplay. La roue de Ash, personnalisable avec les éléments que l'on pourra acheter dans le magasin dédié (libre à vous de faire de votre roue de la mort un beignet géant, de coiffer le lapin squelette de la casquette de Terry de Fatal Fury !) ne répond pas vraiment au doigt et à l'œil, rendant certains passages vraiment pénibles. Manœuvrable comme un jet pack, les mouvements de l'engin manquent de souplesse. On s'en rend d'autant plus compte dans un niveau hommage à Sonic, dans lequel on compte des bumpers, façon Casino Zone. Si avec le hérisson bleu, c'était un réel plaisir, ici on se retrouve bien vite à ne plus rien contrôler. Mais le pire, c'est vraiment lors des phases où le lapin est à pied : la raideur des sauts est assez désagréable, comme la gestion du double saut. Un détail qui a son importance dans un jeu de plateformes, surtout couplé à la grande répétitivité de l'ensemble (buter des monstres, ouvrir des portes). Si le mode The Island, où l'on met en esclavage les monstres que l'on a buté permet de varier un peu les plaisirs, celui-ci se révèle bien vite creux et la redondance de l'ensemble du jeu déçoit un peu.