Chers petits amis, sachez tout d'abord que je suis ravie de vous accueillir pour cette sixième année d'études magiques sur console de salon : Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé. Le corps enseignant de Poudlard attend de vous un absentéisme sans faille, et un total désintérêt pour les matières enseignées ce trimestre. Sachez nous rendre fiers de vous, et n'oubliez jamais de négliger l'intrigue principale au profit des activités de clubs. Sur ce, je vous souhaite une agréable et courte année dans notre digne école !
N.B. : Les versions de salon étant très similaires, les tests le sont aussi.
Laissez-moi vous prévenir, si vous avez fait vos cancres et omis de réviser votre Petit Potter illustré, vous allez avoir du mal à suivre l'intrigue décousue et morcelée de cet avant-dernier épisode (on en vient à l'espérer) de ses aventures vidéo ludiques. Une adaptation d'adaptation étant ce qu'elle est, c'est sans explication aucune et par le biais de courtes cinématiques sans queue ni tête que vous seront révélées différentes informations primordiales telles que : Drago Malefoy est devenu un Magemort, vous pouvez maintenant vous adonner à l'art des duels, ou encore Luna Lovegood porte des lunettes du dernier chic. Disons le franchement, toutes ces péripéties tirées arbitrairement de l'œuvre originale et servies hors contexte rendent la progression dans l'intrigue principale frustrante et très rapidement ennuyeuse. Alors pour la leçon de littérature vous repasserez, on a rarement vu construction d'un récit aussi foireuse.
"On s'était perdus dans les couloirs..."
Heureusement, entre les interminables promenades dans Poudlard qui n'ont pour seul but que de débloquer des cut-scenes mollassonnes, vous serez relativement libres de vos actions. Bien entendu, Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé n'atteindra jamais la liberté d'un Bully. La carte du Maraudeur, célèbre artefact de l'univers Potterien et excellent outil d'orientation dans l'Ordre du Phénix sur consoles, ne fait plus qu'une apparition en guest star pour indiquer les nouvelles zones disponibles. Il faudra à présent compter sur Nick-Presque-Sans-Tête, l'horripilant spectre de la maison Gryffondor, pour vous diriger dans Poudlard. Et entre le suivre aveuglément et errer sans but dans les dédales du château modélisé, aucune option n'est vraiment alléchante. Pire encore, ici les interactions avec vos camarades se limitent à des bousculades anonymes, ou de rares duels pour des motifs ridicules. Quant aux principaux compagnons d'Harry, ils se voient relégués au rang de saint-bernards, tout juste bon à courir devant vous pour vous amener à bon port. Enfin, les mystères, ces blasons de Poudlard dissimulés sur le domaine, n'offrent plus le challenge du précédent épisode sur console. Vous les retrouverez plus facilement, et les "trucs" pour s'en emparer n'ont pas changé (enflammer une toile d'araignée, balancer un banc, etc.).
L'école est finie !
C'est donc du côté des activités de club qu'il va vous falloir aller chercher un peu d'excitation. Les quatre maisons de Poudlard disposent ainsi chacune d'un club de duel et de champions que vous pourrez défier baguette en main. Mais le faible nombre de sorts et une réalisation poussive rendent ces affrontements particulièrement pénibles, bien loins de la tension dramatique des romans ou des films. Des vagues de boule de feu et des boucliers sortent des baguettes avec un timing désastreux, et les nobles duels ressemblent rapidement à des session de shoot'em up maladroites. Déçu et pas vraiment amoché, vous quitterez l'estrade de la grande salle, pour vous rendre dans les serres de Poudlard, où se tiennent les sessions du club de Potion. Mais là non-plus, ce mini-jeu qui promettait au moins un sain dégoût et le plaisir de préparer des mixtures repoussantes ne tient pas ses promesses. Diriger les flacons de couleur à la manette amuse quelques instants, puis se révèle peu précis et laborieux, et des couleurs plutôt édulcorées récompensent nos vains efforts culinaires. Enfin, les matchs de Quidditch terminent de désespérer les amateurs d'activités extra-scolaires. Loin des courses-poursuites aériennes et des violentes collisions du sport original, c'est à un bête parcours de cerceaux que vous vous retrouvez confronté. Dans ces conditions, on se demande presque si on n'aurait pas mieux fait de rester en classe...
Et la baguette ma-Wiique ?
Intéressons-nous à présent aux spécifités de la mouture Wii. Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé y affiche forcément des graphismes moins jolis que sur les consoles de Sony et Microsoft, mais ce qu'il perd en physique, il le gagne en fun. On fait difficilement plus immersif pour lancer des sorts que d'avoir à agiter la Wiimote. Les duels y perdent encore en précision, certes, mais les mouvements de baguette viennent plus naturellement. À l'inverse, la création de potion se voit grandement facilitée puisque là encore, la jouabilité spécifique de la Wii se révèle plus intuitive. Une aventure simplifiée, c'est semble-t-il la ligne directrice de cette version, qui affiche moins de blasons à découvrir et une difficulté globalement revue à la baisse, du fait surtout de ses mécanismes de jeu. Ainsi, les parcours de Quidditch où il ne faut plus que pointer le centre des cerceaux deviennent d'une facilité enfantine.
Soyons francs, tout n'est pas à jeter dans Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé. L'ambiance graphique reste globalement très fidèle au film, avec des modélisations soignées, à défaut d'être remarquables, des acteurs comme des décors. Le doublage de bonne facture et les musiques originales apportent aussi à la magie générale. De même, le sentiment de liberté lorsqu'on débarque à Poudlard rappelle la bonne surprise qu'avait été Harry Potter et l'Ordre du Phénix. Mais passée cette première impression féérique, la prestidigitation de pacotille l'emporte sur la magie pure. Il n'y a plus d'histoire à découvrir, et aucun défi ne parvient réellement à nous tenir en haleine. C'est triste à dire, mais la sorcellerie d'Harry Potter a encore beaucoup de mal à s'adapter à la technologie des jeux vidéo...