S'il n'a pas rencontré le succès commercial escompté sur sa plate-forme d'origine, la DS, Grand Theft Auto Chinatown Wars n'en demeurait pas moins un sacré bijou. Rockstar Leeds a réussi à livrer à la DS un titre digne de la série, ce qui n'était pas gagné sur un tel hardware. Ce portage PSP manque assurément de certaines forces (l'écran tactile), mais celles de la portable de Sony et les qualités intrinsèques du jeu lui-même ne suffisent-elles pas à faire notre bonheur ?
Les versions des jeux étant similaires, les tests le sont aussi hormis sur les points spécifiques à chaque version.
La surprise d'obtenir un tel concentré de GTA tenant dans le plus petit hardware de cette génération était de taille, et l'effet s'avère clairement moins présent avec cette conversion PSP. Pourtant, même en renouant avec la vue du dessus des deux premiers épisodes de Grand Theft Auto, et en gardant en tête que la PSP est une machine nettement plus capable qu'une DS, ce Chinatown Wars parviendrait presque à nous faire oublier qu'on est, malgré tout, sur une portable...
Liberty City en poche
Vous le savez déjà si vous avez lu nos premières impressions, Rockstar a mis les grands plats dans les petits. En d'autres termes, ils ont casé presque tout Liberty City, version Grand Theft Auto IV, dans cet épisode PSP. À l'exception de la troisième île, tout y est, et les familiers de son grand frère retrouveront une version cel-shadée de chacun des recoins marquants de Bohan, Dukes, Brooker ou encore Algonquin. Les grands classiques, missions en taxi, voiture de police, et ambulance, cascades, courses illégales sont de retour, ainsi que la centralisation de messages et autres données ou services utiles. Le tout via un PDA revu pour la PSP, avec la gestion des emails, commander des armes sur internet via Ammu-nation, et tout un tas d'autres options qui étaient gérées via l'écran tactile de la DS, tandis que le GPS profite de l'écran plus large de la PSP pour rester toujours de côté pendant les phases de jeu. À tout cela, il faut ajouter des missions Carnage (flinguer un maximum de gangsters), des livraisons de bouffe, trouver les 100 caméras de surveillance et les détruire pour dealer tranquille, le détournement des fourgons d'Ammu-nation ou des vans transportant les arrivages de drogue, et surtout une myriade hallucinante de mini-jeux tactiles très rapides et très bien foutus, intégrés aux missions ou non. Démarrer des voitures volées, fabriquer ses cocktails Molotov, fouiller des poubelles, tatouer des nouvelles recrues, désamorcer des bombes, gratter des tickets de loterie, j'en passe et des dizaines de dizaines. Les mini-jeux qui faisaient un usage si génial du stylet sur DS ont peut-être perdu un peu de leur saveur dans leur adaptation PSP, mais finalement pas tant que ça. L'utilisation du stick analogique et des boutons suffit à remplir leur but premier : immerger le joueur et offrir quelques tâches variées et amusantes supplémentaires.
Retour au comique de comic
Si vous regrettiez l'ambiance nettement plus sombre et mature de GTA IV, Chinatown Wars vous réconciliera sans doute avec le ton plus décalé d'un Vice City. L'histoire de Huang, le fiston de riche patron des triades fraîchement débarqué aux USA à la mort de papa, est contée dans Chinatown Wars avec une galerie de personnages et des dialogues plus frivoles. Évidemment, ça cause toujours de putes, de drogue, de bagnoles de sport et autres trucs "pour adultes", mais avec une écriture nettement plus légère et axée sur un humour potache et souvent facile, à grand renfort de vannes salaces, sans doute pour mieux accompagner le visuel cel-shadé et les cutscenes façon comic-book (plus fines et mises en valeur sur PSP). L'histoire est donc peut-être plus faible, mais aussi plus fun. C'est aussi grâce à des missions incroyablement variées et bien trouvées ; d'une richesse ludique époustouflante, ces missions se paient même le luxe de surprendre les chevronnés de la série, à l'image de notre premier contact avec les courses illégales qui plutôt que de nous mettre au volant, nous demande de saboter la voiture du favori avant d'envoyer valser les autres dans le décor pour assurer la victoire de notre cher employeur. Surprises que l'on retrouve jusque dans les armes, avec des choses comme le lance-flammes ou la tronçonneuse. Pensée mobile, la maniabilité en véhicule ou à pied est quasiment impeccable (si ce n'est quelques soucis de lock en chipotant), tout comme le découpage des missions qu'on peut recommencer facilement en cas d'échec sans se retaper un trajet pénible pour y aller.
Sur PSP, il n'y en a pas deux comme lui
Presque exempt de reproches du point de vue ludique, Chinatown Wars version PSP bénéficie du hardware bien plus puissant de la DS pour offrir un graphisme plus fin, comme un remake en HD, en quelques sortes. Fluide et impressionnant de détails et de qualité visuelle, on ne peut pas lui reprocher grand chose non plus de ce point de vue, si ce n'est les mêmes reproches formulés à l'égard de la version DS : la difficulté parfois à reconnaître les flics d'autres piétons (malgré une lisibilité bien meilleure sur PSP), ce qui conduit souvent à se retrouver avec la police aux fesses pour une "broutille". Le nouveau système de recherche demande au joueur de mettre hors d'état un certain nombre de voitures de police le poursuivant, dépendant du nombre d'étoiles de l'indice de recherche, et il est tout bonnement jouissif. Heureusement, car cette mini Liberty City grouille littéralement de keufs, bien plus que sa grande sœur. On regrettera aussi que le mode multijoueurs ne permette qu'à deux personnes de s'amuser car si les modes sont nombreux et variés (du deathmatch à la course en passant par la capture de territoire et tous les classiques), et que la version PSP offre la possibilité d'y jouer en ligne plutôt qu'en local seulement comme sur DS, la PSP pouvait sans doute monter à quatre joueurs pour plus de fun. Enfin, impossible de conclure sans évoquer le deal de drogue, aussi addictif que son sujet. Complet avec ses territoires plus propices à telle ou telle substance, ses dynamiques d'offre et de demande, ses petits trophées à poser sur les étagères de la planque quand on excelle au deal, et son occasionnel échange qui finit par une course-poursuite avec les flics, j'y ai passé des heures sans même avoir le temps de m'en rendre compte autrement qu'en souriant devant mon compte en banque bien rempli. Acheter et vendre aux quatre coins de la ville en fonction des tuyaux et des opportunités, c'est en effet incroyablement lucratif : de quoi acheter des planques, des voitures de sport, et autres joyeusetés de nouveau riche, et ce, rapidement, pour ceux qui choisiront de s'y consacrer. Et ils feraient bien tant les missions payent peu.
Au final, ce Chinatown Wars est à classer dans les excellentes surprises. Si du point de vue scénario, il ne brille peut-être pas autant que certains prédécesseurs, ludiquement, il excelle toujours, même sans bénéficier des spécificités de la DS, et offre une orgie de contenus renforcée même par quelques nouvelles missions et personnages spécifiques à cette version PSP. Bien entendu, ceux qui l'ont déjà fait sur DS passeront leur chemin, mais les autres ne devraient sans doute pas s'en priver...