Gran Turismo 5... À la seule évocation de ce nom, les yeux s'écarquillent, les poils se hérissent et les oreilles s'ouvrent en grand. Que n'a-t-on dit sur l'un des jeux vidéo les plus attendus de ces dernières années ? Et pour cause. Maintes fois reporté, le jeu de course "ultime" a beaucoup fait parler ces derniers mois, et plus encore depuis quelques jours, lorsque la "street date" du jeu a été cassée par quelques enseignes. Mais une question demeure : le nouveau jeu de Kazunori Yamauchi parvient-il à mettre comme on s'y attendait une grande claque à la concurrence ?
Il était une fois...
Vous n'y avez évidemment pas coupé sur Gameblog, puisque nous avons décidé de consacrer toute cette semaine (du moins en partie) au jeu de course de cette fin de décennie. Si les fans furent impatients de tâter la bête, et s'ils ont vu leurs espoirs sans cesse déçus par des reports successifs, n'oublions pas que Gran Turismo 4 est sorti chez nous en 2005. Si l'on tient compte du temps de développement d'un jeu (environ 2 à 3 ans selon les studios), même pour un GT aussi ambitieux et de surcroît sur une nouvelle machine (PS3), qui reprend certes généralement les bases du précédent volet, Gran Turismo 5 n'aura finalement eu, en tout et pour tout... "que" 2 ans de retard. Sachant qu'entre temps il y a eu Gran Turismo 5 Prologue (PS3, 2008) puis l'excellent Gran Turismo PSP l'an dernier, les fans de la série ont tout de même eu de quoi patienter... Bref, il faut savoir raison garder, d'autres jeux moins "médiatiques" ne peuvent pas en dire autant et ont connu bien plus d'indulgence à leur endroit. Suivez mon regard de fouine... Tout ça pour dire que résumer la qualité intrinsèque d'un jeu proportionnellement au nombre d'années de développement est absurde. Rappelons-nous des sages paroles de Shigeru Miyamoto : "un jeu retardé sera peut-être bon un jour, un mauvais jeu sorti sera toujours mauvais". Bon allez, au bout du compte, la pseudo arlésienne est arrivée avec... quelques jours d'avance sur la date officielle. Vous avez dit ironique ?
"Rushé" pour les fêtes ?
Difficile de savoir si Sony a pressé Polyphony pour qu'il sorte enfin son blockbuster en cette fin d'année cruciale pour la PlayStation 3, ce jeu particulier étant ce que l'on peut appeler sans trop se tromper un "system seller". Toujours est-il que, nous allons le voir plus loin, pas mal de petits défauts, parfois des petites choses anodines auxquelles le développeur japonais ne nous avait pas habitués jusque-là, peuvent le laisser penser. Alors, peut-on décemment clouer au pilori un titre sur ses défauts "de jeunesse", alors même que sa sortie était réclamée depuis des mois par les fans ? Quoiqu'il en soit, GT5 est là et bien là, et quelque part, c'est le principal. Après plus de 55 millions de jeux vendus dans toute l'histoire de la saga Gran Turismo, depuis ses grands débuts en 1997 sur PSone, GT5 est sans doute, à ce jour, le plus ambitieux de la série. Et de loin. Alors, ne boudons pas notre plaisir et concentrons-nous sur le coeur du jeu, tiens.
Un contenu célesto... classique
S'il fallait définir le contenu de Gran Turismo 5 en un seul mot, ce serait à n'en pas douter "colossal" qu'il faudrait employer. Que l'on aime ou pas les jeux de course auto, force est de constater que les petits gars de chez Polyphony ont encore mis la barre un cran plus haut dans ce nouveau volet. Même si, il est vrai, on retrouve là tout ce qui a déjà fait le succès et le sel de la série jusqu'ici. Mais plus encore, selon moi, et ce malgré le côté classique de la chose. Entre les modes principaux que sont GT, Arcade et le Jeu en ligne, on ne sait plus trop où donner de la tête lorsqu'on lance le jeu pour la première fois et que l'on se retrouve devant un magnifique menu bien détaillé, clair et bien rempli. Après une magnifique intro de plus de 6 minutes (à voir ou à revoir à cette adresse) et presque 10 fois plus de temps encore si l'on souhaite installer une partie du jeu sur le disque dur de la console, il est temps de se lancer dans le grand bain du nouveau mode GT. Création de pilote, tenue (assez chiche), patronyme et c'est parti. Avec plus de 1031 voitures au programme (dont 20% sont des modèles "Premium", c'est à dire des bolides mieux modélisés et avec une vue cockpit), 79 courses en mode Entraînement sur la version finale (voir les deux listes complètes à cette adresse)... Gran Turismo 5 fait clairement dans la démesure. Ajoutez à cela un éditeur de circuits basique (sur lequel nous reviendrons plus loin), un mode Entraînement avec tous les circuits disponibles sur asphalte, terre et neige (les trois surfaces proposées dans le jeu), des Événements Spéciaux, un mode Arcade avec la possibilité de jouer seul ou à deux (écran splitté), un mode "Dérapages"... et vous voilà paré pour quelques mois ! Du contenu, certes assez peu original dans l'ensemble, qu'on parcoure en suivant un système de progression assez simple, sous forme de points d'expérience (merci Forza Motorsport III), mais tout de même aussi quelques petites originalités à découvrir.
B-Spec... taculaire ?
Le mode Carrière (appelé GT Life) est tout simplement énorme, comme vous l'aurez compris. Outre les classiques permis à passer (5 en tout avec 10 épreuves chacun sur différents niveaux : B, A, IA, IB, IC et S), avec leurs sacro-saints freinages, courbes et autres dépassements à négocier, on y trouve surtout les modes A-Spec et B-Spec, qui comptent une centaine d'épreuves (identiques) chacun. Seul différence : le gameplay. Car en mode B-Spec (déjà présent dans Gran Turismo 4) on nous propose de "gérer" la carrière d'un pilote créé de toutes pièces, durant tout un programme de courses à la difficulté progressive. Cela peut sembler anecdotique et gadget sur le papier, mais j'avoue avoir apprécié ce bonus au-delà de mes attentes : il s'avère finalement assez reposant après quelques courses éreintantes à la manette ou au volant, et bien plus stratégique qu'il n'y parait aussi. Pour faire simple, vous choisissez un type de pilote au trait de caractère bien défini (calme, énervé ou neutre) et vous lui donnez des ordres au fil des courses, selon les programmes pré-établis par le jeu : "Accélère", "Maintiens ta vitesse", "Dépasse" ou "Ralentis". Si les premières courses sont simples, la suite se corse quelque peu, votre protégé étant de plus en plus enclin à faire des fautes, si vous ne l'épaulez pas suffisamment. Garder un oeil dans le rétro en permanence, mais également sur la télémétrie et ses trois secteurs chronométrés, mais surtout sur la jauge de "stress" du pilote... tout cela permet de prendre l'avantage sur ses adversaires et de gérer proprement une course, à n'importe quel endroit du circuit. Même si votre poulain n'est pas à l'abri d'une erreur lorsqu'il perd sa concentration ou s'il est trop énervé... Ce gros naze. Et c'est justement là que vous devez intervenir : à vous de le coacher comme il se doit. A terme, il vous sera même possible de gérer jusqu'à 6 pilotes en tout, et de les faire courir sur les épreuves d'endurance comme les célèbres 24 Heures du Mans. In fine, chaque pilote monte en "niveaux" au fil de ses courses, tout comme dans le mode A-Spec d'ailleurs.
C'est ma GT Life, t'entends ?!
L'un des plus gros morceaux de GT5 reste assurément le mode A-Spec (mode Carrière en somme), qui contrairement au B-Spec vous permet... de conduire. Pas con ça. Du pilotage sur 5 niveaux de difficulté (Débutant, Amateur, Professionnel, Expert et Extrême), avec 9 courses (mini championnats) dans chaque, ouvertes ou non selon votre niveau global atteint... car oui, il y a maintenant une importante notion de leveling dans GT5. Un système de niveaux à surveiller de près car il conditionne l'accès à différentes courses ou épreuves, mais également à bon nombre de véhicules. La plupart des courses du mode A-Spec (sur asphalte uniquement) seront en effet spécifiques et réservées essentiellement à un certain type de bolide, que ce soit au niveau de la marque, du modèle, de l'année ou encore de la limitation de puissance. Exemples : Muscles Cars US, Anciennes Italiennes, Mini Austin, Voitures Japonaises des '90 ou encore courses de voitures Européennes uniquement et j'en passe. C'est là que réside toute la (relative) difficulté de ce mode. Non seulement il vous faudra dégoter la voiture adéquate, mais il faudra aussi et surtout améliorer ses caractéristiques techniques si vous ne voulez pas vous retrouver en queue de peloton avant le premier virage. Pour ce faire, vous aurez le choix d'aller directement chez l'un des 52 constructeurs du jeu (Fiat, Ferrari, Peugeot, Mercedes, Chevrolet...) via le menu "Concessionnaire", qui pratique des prix d'escroc (forcément, ce sont des bolides dits "Premium"). Sinon vous pourrez aller dégoter la perle rare au marché d'occasions du coin (les voitures "Standard" donc, moins bien modélisées et sans vue cockpit), qui renouvelle ses offres après chaque épreuve. Bien évidemment tout cela a un coût, et c'est grâce aux fameux Crédits, glanés durant vos sessions de courses ou de Permis, que vous pourrez vous payer la perle rare ou encore améliorer votre caisse. Fort heureusement, le patch 1.01 d'il y a quelques jours permet désormais de visualiser les "voitures-exemples" de vos concurrents avant de passer en course, et ainsi de mieux faire son propre choix. Pratique quand on veut upgrader sa voiture comme il convient...
L'usine à Gaz
Il faudra le cas échéant se rendre au Magasin de Préparation, où bon nombre d'éléments techniques seront interchangeables. Du basique filtre à air au moteur entier, en passant par le châssis, les suspensions mais également les pneus (neige, terre, sport, etc.) ou encore les échappements de plusieurs types. Sans être trop technique ni trop rébarbatif, ces ajouts sont souvent indispensables pour booster au maximum les capacités de son bolide durement acquis. En revanche, sachez que selon les modèles de voitures, il est plus ou moins possible de changer des pièces ou d'en ajouter. Parfois c'est cohérent, parfois moins. Il n'est pas rare de booster une vieille caisse des années 60 avec des kits ultra modernes. Étrange. Hélas, tout cela a aussi un coût, même les vidanges si vous manquez d'huile, ou encore la peinture de vos jantes et de votre carrosserie.
L'un des premiers griefs qu'on peut porter au jeu (en plus des nombreux chargements pénibles) concerne les allers-retours entre les différentes épreuves, le garage et la section "préparation" du jeu. Ils sont bien trop nombreux et vraiment lourds. Lourds notamment du fait des incessantes séquences de loading vraiment d'un autre âge, même si l'on a préalablement installé le jeu. Pourquoi ne pas avoir, via un simple petit clic sur une icône, donné la possibilité de modifier sa caisse plus rapidement ? Mystère et boules de Geisha... De surcroît, les développeurs ont voulu corser la difficulté en allongeant (artificiellement ?) la durée de vie avec des voitures au prix exorbitant. Pour arriver par exemple à 20 millions de Crédits, il va vous falloir faire un incroyable nombre des courses ! On aurait aimé de bons véhicules d'entrée un peu plus accessibles, mais disons que cette démarche fait partie du "charme" et de la marque de fabrique de la série.
Circuits et voitures de qualité inégale
Si on a les classiques circuits de GT dits "originaux" (23 courses au total, en comptant les "reverse mode" ou petites portions) comme Deep Forest ou Trial Mountain, on a aussi droit dans ce Gran Turismo 5 aux "circuits mondiaux" (23 également) tels que le tracé du Mans, Monaco, Suzuka, Laguna Seca, Nürburgring (grand et circuit F1), Daytona ou encore Monza, et même des circuits en ville (17), les plus beaux selon moi, comme Rome, Londres ou encore Madrid. La modélisation des bâtiments y est magnifique. On ne peut pas en dire autant de Monaco par exemple, appelé ici Côte d'Azur, dont certaines sections sont complètement à côté de la plaque, et notamment le tunnel, vraiment trop immonde.
Côté bagnoles, si on en a bien 1031 (j'avoue que je n'ai pas compté), on dénombre environ 20% de versions Premium avec habitacle modélisé. Les voitures dites Standard sont, elles, moins réussies globalement, et sont pour la plupart basées sur les anciens modèles de Gran Turismo 4 en version un peu plus "polishée" sur PS3. D'autre part, les dégâts ne concernent que les modèles de bourgeois. Et encore, ils se limitent à quelques éraflures, enfoncement de la coque, pare-choc qui traîne un peu... et c'est tout. A partir du niveau 20 (il y en a 40 en tout), Kazunori promet encore plus de dégâts également sur les modèles Standard, via une prochaine mise à jour. On attendra cela avec impatience, car l'une des promesses faites par Polyphony n'est pour l'instant pas vraiment tenue. D'autant moins que les bruits ("boc", "boum"... Tiep !) des touchettes entre véhicules fait encore et toujours de la peine... surtout en 2010 ! Les modèles sont également assez anciens dans l'ensemble, ce qui pourrait en décevoir certains, ceux qui ne jurent que par les nouveautés du dernier Salon de l'Auto. Là encore, dommage.
De bonnes surprises...
En plus du mode A-Spec et des Permis à débloquer (passons le mode Entraînement qui peut néanmoins être très utile) le mode GT Life contient quelques petites nouveautés fort sympathiques, avec des guest stars de choix à la clef. En effet, dans la partie "Événements Spéciaux" (7 au total, plus de futurs ajouts), on part s'aérer un peu le cerveau via des challenges très éclectiques. Le Karting tout d'abord (avec des 2 temps 100cm3), grande nouveauté de cette mouture, qui propose des mouvements bien immersifs en vue pilote, des bruitages réalistes et des comportements assez bien rendus dans l'ensemble. Ça change réellement des grosses voitures bien lourdes. La dernière course en mode "Avancé" est d'ailleurs la plus réussie selon moi, à faire d'urgence pour connaître des sensations de vitesse grisantes au ras du sol. L'autre nouveauté, c'est l'apparition des courses de NASCAR, avec Jeff Gordon en personne, qui commente vos exploits et vous donne ses conseils de pro. Pas évident du tout à mettre en pratique d'ailleurs, mais au final, avec un peu d'acharnement, ça paye. Et c'est vraiment dépaysant. Dire qu'il était aussi question d'ajouter des courses d'IRL il y a quelques temps...
Prendre l'aspiration d'un monstre pareil, rester en hauteur sur un ovale ou remporter des épreuves de quelques centièmes de seconde, après des confrontations dantesques à haute vitesse, ça c'est la course ! Suivent ensuite les épreuves sur le circuit de la célèbre émission TV Top Gear, une académie de pilotage Mercedes qui vous fera découvrir le Nürburgring en long, en large et en tête à queue, mais aussi une jolie tournée ensoleillée en Italie, quelques rallyes générés aléatoirement (vraiment moches d'ailleurs), et enfin le défi Sébastien Loeb. Pour le dernier des Événements Spéciaux, à débloquer au niveau 16, trois surfaces (asphalte, terre et neige) sont ici au programme, avec à chaque fois en point de mire (sauf quand ça bugge...) la C4 WRC du septuple champion du monde des Rallyes. Des challenges vraiment relevés avec des sensations très bien rendues, quelle que soit la surface, qui vous le rendront bien en termes financiers et en points d'XP en cas de succès.
Autre ajout sympathique, il est désormais possible de récupérer une grosse partie de son garage du jeu Gran Turismo PSP, sorti l'an dernier... mais en mode Arcade uniquement. Des bolides à importer dans l'onglet "Garage Portable". Ainsi, 50 de vos véhicules (à choisir au moment du transfert des voitures si vous en avez plus) seront ajoutés dans le jeu ! Polyphony a, cette fois, tenu ses promesses. Enfin, n'oublions guère que le jeu est jouable en 3D stéréoscopique (mais en 720p max) ce qui devrait convenir à quelques bourgeois présents dans l'assistance. Pour l'avoir déjà essayé avec les lunettes qui vont bien, c'est assez bluffant, mais les couleurs en pâtissent un peu.
... et des (gros) ratés
Outre les bruitages de collisions, totalement farfelus et obsolètes comme nous l'avons déjà dit, quelques bugs visuels viennent entacher des graphismes par ailleurs plutôt bons dans l'ensemble. Ombres ultra aliasées, public pixellisé, décors inégaux selon les circuits, gerbes d'eau assez pauvres... La liste est assez longue, il faut bien le dire. Le frame rate n'est pas non plus exempt de reproches, même si la baisse de qualité d'animation intervient sous certaines conditions : vue cockpit durant une course notamment, et sur un circuit "chargé" comme Madrid ou Londres. Du "tearing" (l'écran qui se déchire) est également présent à certains moments. Des améliorations prochaines sont d'ailleurs déjà promises par Sony. On ne reviendra pas sur les chargements qui, vous l'aurez compris depuis quelques jours, sont véritablement l'une des grosses plaies du jeu. Snirf.
L'I.A. aussi d'ailleurs, très souvent à la masse, à notre grand regret. Certes, on sait depuis longtemps que Gran Turismo est plutôt un mode "solo" qui vous pousse à piloter à l'extrême, faisant fi des adversaires qui ne sont là que pour remplir une grille de départ, mais tout de même... L'I.A. n'a quasiment pas été améliorée depuis le dernier opus. Les voitures adverses restent sur leur ligne, vous rentrent dedans allègrement sans crier gare (sauf s'ils vous voient de loin), freinent ostensiblement et durablement devant vous... Bref, indigne du standing du jeu. Tout comme l'Editeur de Circuits d'ailleurs, simple ajout de dernière minute lui aussi, qui n'autorise absolument rien de vraiment créatif. Tout juste quelques clics à faire de votre côté (choix et angles des virages, largeur du circuit...) et c'est tout. Pourquoi ne pas avoir pris l'exemple sur le fabuleux ModNation Racers ?... Vous pourrez toujours les partager avec vos potes, tout comme les "coupons" véhicules et autres photos réalisables en mode replay, avec effets photos réalistes à la clef.
Un gameplay vraiment amélioré
L'essentiel d'un jeu de course réside essentiellement dans l'approche de la conduite, vous en conviendrez. Même si on en attend toujours plus avec la saga Gran Turismo, quitte à être déçu au final pour quelques détails frustrants. Alors que Gran Turismo 5 Prologue allait déjà assez loin dans le réalisme du comportement de ses voitures, Gran Turismo 5 met la barre un bon cran au dessus de son prédécesseur. Les voitures pèsent leurs poids, et de ce fait, les transferts de masse inhérents à chaque véhicule se vérifient en permanence. L'une des grandes réussites de ce volet. Les freinages, les dérives et autres aspirations sont par conséquent fort bien pris en compte, aussi bien à la manette qu'au volant. Un pilotage précis donc, qui autorise des manoeuvres un peu plus osées que dans les précédentes versions. Le modèle Arcade/ Simulation fonctionne à plein, et ne procurera aucune frustration de dépit face à un jeu trop dur, ou pas assez pointu. Les sensations sont bien là, qu'on roule à 350 km/h sur ovale en NASCAR ou qu'on fasse des dérapages au frein à main en Rallye.
Le réalisme est si bien retranscrit que chaque amélioration de votre véhicule change la donne sur son comportement. Puissance, pneus, kit turbo... les différences seront totalement visibles sur la piste et entre vos mains. Et la conduite sera bien différente selon que vous opterez pour une propulsion ou une traction. Plus réaliste que jamais, vous pourrez même alléger le poids de certains bolides avec différents matériaux, pour améliorer plus encore le rapport poids/ puissance. Quoiqu'il en soit, votre pilotage devra être impeccable pour glaner des victoires. Face aux cadors que sont Loeb et Gordon, vitesse et précision seront primordiales pour en venir à bout.
D'autant plus d'ailleurs qu'il est possible de changer les options de pilotage avant une course. Options loin d'être négligeables, notamment pour le Rallye. Ainsi, "Contrôle de Traction" (de 1à 10), "Force de récupération de patinage" (Oui ou Non), "Direction Active" (Forte ou Faible), "GSA" (Oui ou Non - Gestion des dérapages) et "ABS (de 1 à 10) seront là pour vous aider à trouver le bon compromis durant les courses. A vous de voir quelle discipline se prête le mieux à telle ou telle option... Parfois, ça se joue à peu de choses, mais globalement, il n'y a rien de bien compliqué.
Here comes the sun... ou pas
La météo était censée jouer un rôle important dans ce Gran Turismo 5. Personnellement, j'avoue avoir été quelque peu frustré par cet ajout (de dernière minute ?). Non seulement, en vue intérieure, le rendu de la pluie ou de la neige qui s'abat sur votre pare-brise est ultra mal fait (DiRT 2 l'enfonce littéralement sur ce point), mais surtout, en terme d'immersion, ce n'est pas vraiment ça. Même la "météo évolutive" est largement surestimée et se concrétise de manière très timide. On est bien loin d'un F1 2010 dans ce domaine. Le cycle jour/ nuit en revanche est plutôt bien réalisé, même si certaines courses nocturnes auraient gagné en clarté. Prévoyez l'option Night Goggles ! Sans rire. Ceci dit, la possibilité de modifier la luminosité pendant une course est proposée. Bref, la copie est à revoir de ce côté-là, quand même.
L'immersion totale au volant
Bien qu'un simple pad suffira à se délecter des plaisirs de conduite que permet Gran Turismo 5, si vous souhaitez néanmoins renforcer les qualités immersives du titre, un volant pourra alors vous apparaître comme un indispensable. Ce dernier ne manquera pas, en effet, de vous impliquer physiquement, et ce à tout moment. En effet, qu'il s'agisse des irrégularités de la surface des tracés (particulièrement handicapantes lors des épreuves de rallye), des transferts de masses, de l'inertie résultante d'un freinage trop prononcé, ou encore d'une accélération exagérément optimiste en sortie de courbe (bonjour la patinage de roues), tous ces cas de figure seront autant d'éléments parfaitement retranscrits dans les différents moteurs du volant.
Vous l'avez sans doute compris, chacune de vos erreurs de pilotage se verra attribuer une dimension supplémentaire, une dimension où vous paierez alors "physiquement" toute approche trop approximative, vous obligeant à faire preuve d'encore plus de discernement. En contrepartie, et après un certain temps d'adaptation, les qualités inhérentes de l'accessoire vous permettront de jouir d'une conduite à la fois plus pointue et plus fluide, et donc à terme plus précise. Néanmoins, au-delà de toute considération et exigence liées au gameplay, l'enrichissement des différentes manifestations du moteur physique procurera alors aux pilotes virtuels que vous êtes des sensations autrement plus grisantes et immersives. Une amplification de votre perception du jeu qui sera proportionnelle aux plaisirs inédits dont vous jouirez. Des sensations certes dispensables pour la plupart des joueurs, mais pour autant inaccessibles autrement qu'au volant.
Quant au jeu en ligne...
L'un des gros plus de cette version, c'est bien entendu le jeu en ligne, jouable jusqu'à 16 simultanément. Encore très perfectible en terme d'ergonomie (pas de possibilité d'envoyer une requête à un ami par exemple), il a été inauguré en grandes pompes (dans le cul) avec surcharges ou crash de serveurs, problèmes de connexion intempestifs, lag, frame rate encore poussif, du "straffing" à gogo... Bref, on est encore loin de la perfection, même si Sony promet de remédier très vite à ces soucis. Ce qui ne m'a évidemment pas empêché de tôler notre ami Poufy comme il se doit. Et certains joueurs espagnols également, qui prennent un malin plaisir à faire de vous une cible à abattre. Charmant. La mentalité Alonso, sans doute ? Je plaisantais, détendez-vous.
On peut tout de même créer son propre salon et inviter en privé (sans requête...), ou alors s'incruster chez les autres joueurs (Europe et Australie) afin de se tirer la bourre. On peut évidemment faire quelques petits réglages et personnaliser ses courses, en choisissant le nombre de tours (de 1 à 200), donner des pénalités de temps en cas de départ anticipé ou de "coupages" de circuit intempestifs, l'ordre de départ, booster les véhicules qui sont à la ramasse derrière (beurk), sélectionner un type de véhicule ou encore les différentes assistances autorisées durant l'épreuve. Bref, de quoi s'amuser... lorsque Sony aura installé 10.000 serveurs de plus.
Alors, que reste-t-il au final de ce Gran Turismo 5 ? Avec un joli emballage tout beau tout neuf et un contenu toujours aussi riche, le jeu de course de Polyphony Digital pousse le réalisme de la course encore plus loin. Ultra complet, avec les ajouts du Karting et de la NASCAR, de vues cockpit, de nouveaux circuits magnifiques et plus de 1000 voitures, il demeure encore la référence en terme de conduite pure, que ce soit au volant ou à la manette. Il reste néanmoins attaché à des valeurs que l'on pourrait qualifier d'obsolètes, notamment en termes d'I.A., d'ergonomie dans les menus ou encore de bruitages de collisions et de dégâts. Côté météo, on aurait également pu s'attendre à bien mieux, mais sans doute cet ajout a-t-il été implémenté trop tardivement pour être crédible ? On regrettera également de n'avoir que 200 modèles Premium. Frustrant. Graphiquement inégal, GT5 semble avoir été fini à la va-vite (cf. le jeu en ligne poussif pour le moment), pour les fêtes de fin d'année... pour autant, je prends un pied monumental avec lui, et il demeure une valeur sûre qu'il serait dommage de laisser de côté tant les sensations procurées sont énormes. Kazunori nous doit toutefois une revanche pour redonner un peu de couleurs à son dernier-né... Gran Turismo 6 en 2042 ?
PS : Un grand merci au passage à WandaNoOrchestra pour sa contribution cette semaine à la saga Gran Turismo 5. Retrouvez d'ailleurs tous les Trophées à débloquer (et autres news sur le sujet) à cette adresse sur son Blog !