Après un premier épisode réussi qui a su trouver son public et briller sur la scène du speedrun, les développeurs de One More Level rempilent pour un second opus, toujours épaulé par 505 Games. Débarque alors Ghostrunner 2, la suite directe du premier jeu qui compte faire encore plus vite, plus fort, plus explosif et encore plus difficile.
Je l’avais très largement dit lors de mon premier contact avec le jeu, Ghostrunner 2 ne nous laisse aucun répit. Il enchaîne les séquences d’action à grande vitesse et met systématiquement nos réflexes à l’exercice. Mais j’étais très loin d’imaginer ce que le jeu avait réellement dans le ventre. Après des heures à trancher, dasher et transpirer, c’est l’heure du verdict.
Ghostrunner 2 va vite, mais prend le temps de se développer
Si vous n’avez pas fait le premier Ghostrunner, ce n’est pas bien grave. Le studio a pensé à celles et ceux qui souhaiteraient découvrir la franchise avec cet opus. Un récapitulatif en animation est accessible dès le menu principal pour rattraper l’histoire. Bien que le premier jeu ne soit pas un foudre de guerre narratif, il a sa petite trame scénaristique. Mais surtout, Ghostrunner 2 profite davantage de mises en scène et de lignes de dialogues. Pour le coup, il propose une VRAIE intrigue, des personnages et des rebondissements. Bon, on n’est pas vraiment là pour ça et le fil rouge est assez classique. On doit une nouvelle fois empêcher un gros méchant de détruire le dernier bastion de l'humanité, la Tour de Dharma, en imposant sa loi… expéditive.
Mais Ghostrunner 2 surprend puisqu’il est finalement agréable à suivre, aligne des dialogues certes classiques, mais suffisamment intéressant pour être lu et il développe surtout l’univers créé avec le premier épisode. On pourra d’ailleurs tailler un brin de causette avec toute une galerie de personnages dans un hub flambant neuf qui nous servira de point d’accroche entre deux missions. La mise en scène prend elle aussi du galon. Les cinématiques sont plus nombreuses que dans le jeu de 2020 et les scènes d’action ont sérieusement pris du poil de la bête. On sent qu’il y a une vraie évolution. Pourtant, le premier Ghostrunner n’est pas si vieux, son gros DLC encore moins. C’est comme s’ils avaient servi d’essai à un projet un peu plus ambitieux : Ghostrunner 2. Une sensation qui se vérifiera en jeu d’ailleurs, puisque si la formule n’a pas changé d’un iota, les opportunités de gameplay quant à elles, sont beaucoup plus nombreuses que par le passé.
On court en ligne droite et on tranche tout ce qui bouge en évitant les pièges et en faisant un peu de plateforme à toute vitesse. Voilà qui résume grossièrement Ghostrunner 2. Mais ce serait franchement cracher sur tout ce qui fait le sel de l’expérience, son gameplay aussi simple qu’accessible et pourtant intense.
100% adrénaline dès le départ !
Le jeu propose dès le départ la plupart des mouvements déjà présents dans le premier opus. On peut faire des ruées (dash), parer les projectiles, esquiver en plein vol en ralentissant le temps, glisser sur des rails, utiliser un grappin, se servir de drones comme passerelles temporaires ou encore faire du wallride (courir sur les murs)… Un kit déjà très solide en termes de mouvements qui évoluera encore au fil de l’aventure, notamment grâce à de nombreux pouvoirs et gadgets que l’on débloquera. On pense par exemple aux shurikens qui permettent de tuer ou d’assommer des ennemis, mais aussi d’activer des boutons à distance, ou de détruire certains points d’ancrage histoire d’ouvrir de nouveaux chemins. Ou encore le pouvoir émettant une sorte d’onde de choc que l’on peut provoquer moyennant une ressource rechargeable au combat.
Avec cette dernière, non seulement on peut éliminer ou faire vaciller nos adversaires, mais en prime on peut faire bouger de gros objets. Tout ce que l’on a entre les mains sera utilisé à la fois au combat et au parkour. Les développeurs s’amusent alors rapidement à bourrer les zones de combats et les séquences de plateforme de tout un tas de choses nous obligeant à utiliser l’intégralité des outils que l’on a à disposition. Ce qui est phénoménal, c’est que ça marche du tonnerre.
Et pour éviter d’étouffer le joueur avec 36 combinaisons et méthodes à connaître sur le bout des doigts pour réussir des runs parfaites, les développeurs amènent les nouveautés au compte-goutte et s’arrangent toujours pour que le level design serve d’apprentissage. On commencera toujours doucement avec deux ou trois utilisations différentes d’un outil donné, pour ensuite les voir se mélanger à d’autres mécaniques de jeu.
Une difficulté bien présente, mais bien amenée
La courbe d’apprentissage se fait donc le plus naturellement du monde et on se surprendra même à expérimenter quelques combos. Une fois les outils maîtrisés, on se régale, on se transforme en cyberninja découpeur de cyborg et c’est ultra grisant.
Ghostrunner 2 profite du même talent que son prédécesseur pour ce qui est d’offrir des sensations fortes. En réalité, il va même un cran au-dessus. Il est toujours question de parcourir les niveaux sans se faire toucher. Le moindre dégât nous tue instantanément et nous oblige à recommencer la séquence. Heureusement, les checkpoints sont bien placés et nombreux, ce qui évite toute frustration. Les puristes pourront d’ailleurs reprendre les missions depuis le début quand bon leur semble, puisqu’on a la possibilité de choisir les chapitres dès le menu principal. Les complétistes seront aux anges et pourront aller chercher les collectibles parfois bien planqués dans chaque niveau et/ou tout simplement pulvériser le chrono pour se faire une place dans le classement. Tout le monde trouvera chaussure à son pied.
Sans être insurmontable, loin de là, Ghostrunner 2 reste un jeu sensiblement difficile, ne serait-ce que parce qu’il nous oblige à ne jamais nous faire toucher et ce n’est pas toujours une mince affaire. Les zones de combats, si elles sont assez faciles au départ, se transforment rapidement en coupe-gorge. Les ennemis sont nombreux et disposent tous de caractéristiques spéciales. On retrouvera d’ailleurs quelques têtes connues, mais surtout beaucoup de nouveautés. Soldats armés de pistolets ou de mitrailleuses, cyborg shinobi aussi agiles que nous, gros bourrins équipés d’un marteau, robots destructeurs… le bestiaire est fourni et nous donnera pas mal de fil à retordre. Il en sera de même pour les boss, ultra grisants à combattre d’ailleurs.
INTER
En général lorsque l’on affronte plus d’une dizaine d’ennemis, ils sont disposés un peu partout dans une zone plus ou moins large que l’on pourra arpenter à notre guise. On a moins cette sensation d'arène presque étriqué du premier volet. Mais l’objectif sera le même. Il faudra trouver “la meilleure route” pour tous les liquider sans prendre un seul coup et de préférence le plus vite possible. On essaie, on meurt, on réessaye… et ce jusqu’à réussir notre massacre au pixel près. Inutile de vous dire que niveau gratification c’est le pied. Quoi de plus beau qu’enchaîner les cabrioles en utilisant 5 ou 6 mouvements spéciaux et pouvoirs pour liquider un tas d’ennemis avec classe ? Les sensations sont géniales, d’autant que le feeling est top de chez top. Le jeu est extrêmement fluide (sur PC), optimisé aux petits oignons et beau comme un dieu. C’est un vrai régal à parcourir de bout en bout et même si l’action se passe presque essentiellement dans des environnements très cyberpunk, Ghostrunner 2 arrive à nous en mettre plein les mirettes et surtout à se diversifier.
Les niveaux que l’on traversera seront bien plus ouverts et immenses que le premier épisode, on aura même l'occasion de mettre la tête dehors, mais chut, là je vous laisse la surprise. Quoi qu’il en soit, le level design a mûri et est devenu bien plus impressionnant qu'auparavant. On aurait presque envie de prendre des photos partout, d’autant que techniquement, c’est superbe. Ghostrunner 2 est hyper propre, les effets de lumière sont convaincants et tout arrive à rester lisible peu importe ce qu’il se passe à l’écran. Pourtant, ça va très vite. Le jeu est très vif, la vitesse de notre cyberninja est naturellement élevée et sa capacité à grimper partout n’aide pas spécialement à y voir clair pour peu que l’on soit nerveux sur la souris (ou la manette si vous choisissez le pad). Mais même lors des phases de plateforme la lecture de l’environnement est impeccable tout en restant crédible.
Ghostrunner 2.0, améliorations et nouveautés
Ghostrunner 2 ne mise pas que sur le combat, il nous aligne également un très grand nombre de phases de plateforme parfois très tendues. Là encore, on utilisera tout notre arsenal et notre jugement. De petits puzzles n’hésiteront pas à nous barrer la route et généralement il faudra faire vite comme par exemple tirer sur des boutons dans le bon ordre tout en faisant du wallride au-dessus du vide, ou jongler avec des plateformes qui ne cessent d’apparaître et disparaître pendant qu’on nous tire dessus… On est sans cesse stimulé. Les seuls moments où l’on s’arrêtera seront pour voir s’il n’y a pas un objet caché autour de nous. Il existe tout un tas de collectibles à récupérer, des cosmétiques bien souvent. C’est accessoire, mais toujours très sympa. Il faudra toutefois penser à bien récupérer les puces de mémoire, elles aussi parfois un peu cachées, puisque ces dernières sont en revanche essentielles au développement de nos personnages.
Elles permettent d’agrandir la capacité de notre carte mère. En bon cyber ninja, on est bourré d’électroniques. C’est grâce à ça d’ailleurs que l’on peut prétendre à obtenir des pouvoirs et des améliorations. Au fil de l’aventure, on débloque des compétences qu’il faudra acheter moyennant une sorte de monnaie récupérable tout simplement en jouant. On pourra ensuite les équiper sur les emplacements de notre carte mère, en respectant toutefois sa limitation technique. Et c’est justement en récupérant des puces de mémoire que l’on arrivera à l’améliorer. Les pouvoirs dits Ultimes seront quant à eux à part. Ils se déverrouilleront tout seuls et ne nécessitent pas d’emplacement particulier. Ils seront en revanche améliorables au cas par cas. En somme, plus on avance dans l’aventure, plus on devient une véritable machine de guerre. Le truc, c’est que le jeu nous rend l’appareil en nous multipliant les phases de jeu difficiles.
On pense notamment à la nouvelle venue, la moto. Un véhicule totalement inédit que l’on pilotera le temps de quelques phases de jeu ici et là. Ce sont certainement les passages les plus difficiles d’ailleurs, on ne va pas se mentir. Si Ghostrunner 2 va déjà très vite, les passages en deux roues vont à fond la caisse. Ça défile à une vitesse folle, on doit esquiver des pièges que l’on ne voit souvent arriver qu’à la dernière minute et on fait des cabrioles de malade qui donnent le tournis, littéralement.
C’est génial encore une fois, même si le die & retry jouera certainement sur les nerfs des moins patients, mais contrairement aux phases à pied, les contrôles ne sont pas folichons. C’était déjà un souci que j’avais relevé lors de ma première prise en main. Au combo clavier/souris, que l’on préférera pour jouer de base, la moto est difficile à contrôler et peu précise. À la manette ça passe tout de suite beaucoup mieux, le problème c’est qu’à pied, on perd quand même pas mal en nervosité et en précision (notez que les contrôles à la manette sont toutefois parfaits en l’état et que le jeu est tout aussi excellent avec un pad). Dommage, parce que c’est vraiment le seul point noir de ce Ghostrunner 2 puisque l’autre nouveauté majeure, le hub, est réussie et mieux encore, il cache un jeu dans le jeu.
Roguerunner.exe, un jeu dans le jeu
Oui, on a le droit à une petite base dans laquelle on retrouvera tous nos alliés, mais aussi tous les services dont on a besoin comme l’ordinateur permettant d’acheter nos améliorations par exemple. Mais c’est aussi ici que l’on trouvera Roguerunner.exe, un vrai jeu dans le jeu. Vous aimez les roguelike ? Vous voilà servis. Ce mode de jeu totalement accessoire, puisqu’il permet en réalité de déverrouiller des cadeaux cosmétiques, est un roguelike pur sang. On a face à nous une carte jonchée d’épreuves comme dans tous les jeux du genre. Chacune est un défi (course de parkour, combats…) à la difficulté croissante qu’il faut réussir pour gagner des bonus temporaires, notamment des améliorations ou des pouvoirs.
On enchaînera ensuite les épreuves jusqu’au grand final, un boss ou un très gros combat, pour mettre la main sur la récompense. Le hic, c’est que le nombre de vies est limité et qu’en cas de game over, la carte est reboot et il faut tout reprendre depuis le début. Cerise sur le gâteau, les épreuves sont aléatoires, autrement dit on ne fait jamais la même chose, du moins rarement, puisqu’au bout d’un moment on retombe sur quelques épreuves déjà vues, mais il faut pas mal enchaîner tout de même.
Il n'existe pour le moment qu’une poignée de cartes différentes, mais le potentiel est assez énorme. On pourrait aller jusqu’à dire que la franchise Ghostrunner s’est trouvé une recette bien ficelée qui pourrait bien donner une gamme de jeu à part entière tant la formule est solide. À voir si ce mode sera développé davantage ou non. En tout cas, c’est un plus hyper agréable et bien travaillé, chapeau.