Après moults news, annonces et présentations en grande pompe, Cliff Bleszinski et ses acolytes de chez Epic ont enfin livré leur Gears of War 2 à la planète entière. Alors, est-ce que le titre connaîtra le même succès que son prédécesseur ? Le temps et les chiffres de vente nous le diront, mais à l'évidence, on ne voit pas ce qui peut l'en empêcher...
Je me souviens que lorsque le premier Gears of War était sorti, j'étais tellement soufflé par les qualités graphiques du titre que j'en avais béni ma télévision HD. Epic venait d'établir un nouveau standard et d'imposer au passage, au monde entier, son impressionnant moteur, l'Unreal Engine 3. Deux ans plus tard, quasiment jour pour jour, un nouvel opus débarque. Une suite que l'on nous promettait "bigger, better and more badass". Si cela ne saute pas aux yeux de prime abord, une fois que l'on est dans le vif du sujet, il faut se rendre à l'évidence. Derrière cette phrase choc, a priori lâchée pour faire parler les journalistes, il y a une réalité. Epic ne nous avait pas menti.
Pareil, mais mieux
Fondamentalement, Gears of War 2 ne change pas grand-chose à la formule qui a fait le succès du volet précédent. C'est strictement le même univers, l'interface est identique et du point de vue de la jouabilité, à quelques détails près, on retrouve ses marques dès la première seconde de jeu. Néanmoins, les améliorations sont là. Elles sont subtiles mais notables. Pour ce qui est du scénario, bien qu'on nage toujours dans le film de série B des années 80, avec des dialogues qui peuvent faire sourire tant ils sont caricaturaux, les personnages ont été légèrement approfondis. Tout comme le scénario, qui dans ses grandes lignes traitant de la guerre entre humains et locust, et de ses origines, suit à présent la logique du "pour une question répondue, deux autres se posent". Rien d'incroyablement profond là non plus, mais suffisamment néanmoins pour permettre à Epic de produire des suites à un rythme continu sans se creuser trop la tête.
Same players, shoot again
L'aventure débute six mois après les événements du premier opus. Le conflit avec les locust n'est pas terminé. Ça va même de mal en pis. Du coup, l'état major, suivant les préceptes de Sun Tzu, se dit qu'il n'y a pas meilleure défense que l'attaque, et envoie au combat tout un régiment, dont vous faites bien sûr partie, pour donner l'assaut final. Et c'est ainsi qu'après un début des plus explosifs, on est repartis pour incarner Marcus le long d'un nouveau périple guerrier. Cette campagne solo, plus longue que la précédente, monte crescendo dans l'action. A l'exception de quelques passages qui traînent un peu en longueur, l'ensemble est d'un dynamisme à couper le souffle. Ca tire dans tous les sens, les cadavres s'empilent et sans vouloir faire de jeu de mot pourri, la plupart des séquences de jeu ont été pensées pour faire vivre quelque chose d'épique au joueur. Et de ce côté là, grâce à une mise en scène nettement plus soignée, ça fonctionne bien. Le gameplay, toujours basé sur l'habituel système de couverture, reste aussi efficace qu'aux premiers jours grâce aux différentes situations, lesquelles varient suffisamment pour ne pas avoir l'impression de faire toujours la même chose. Les quelques nouveautés de gameplay, telles que l'utilisation d'un ennemi agonisant comme bouclier humain, ou l'introduction d'armes comme le mortier, limitent aussi les sensations de déjà-vu, et permettent de vivre l'aventure de bout en bout sans que l'envie d'éteindre la console ne nous gagne.
Du grand spectacle
Techniquement, les graphismes sont une nouvelle fois de toute beauté, tout en jouant désormais avec une énorme profondeur de champ. Les environnements, véritablement variés, laissent entrevoir des horizons très lointains lorsqu'ils sont ouverts. De quoi en rajouter une couche dans l'immersion et crédibiliser d'autant plus l'univers. Il faut dire aussi que la qualité du bestiaire y contribue grandement. Tout le long de la campagne, on croisera une bonne quantité de bestioles, bien plus nombreuses que dans le premier volet. De toutes les sortes et surtout de toutes les tailles. Certaines sont tout simplement titanesques (on sent d'ailleurs une inspiration Cloverfield). Tout cela fait de Gears of War 2 un des jeux d'action les plus dynamiques jamais réalisés. La technique et toute la puissance de la console sont mis au service du spectacle. On donne dans la surenchère en toute circonstance. Ce n'est pas forcément d'une grande finesse (c'est même super bourrin, soyons clairs), mais le résultat final s'avère des plus concluants. On ressort de la campagne solo avec cette fameuse sensation d'en avoir pris plein les mirettes, cet émerveillement propre jusqu'à présent aux seuls films à gros budget.
Ce jeu n'est pas un jeu sur le cyclimse
Quant au multijoueur, les quelques modes de jeu rajoutés suffisent à redonner un nouveau souffle aux parties sur le Live. Mais surtout, la possibilité de boucler l'intégralité de la campagne en coopération avec une autre personne, que l'on peut inviter à n'importe quel moment de la partie, est un élément de plus qui fait de Gears of Wars 2 un incontournable de cette fin d'année pour quiconque cherche un titre intense avec une véritable déferlante d'action. Le nouveau mode Horde, qui avait tout du gadget avec ses cinq joueurs défouraillant des locusts vague après vague, s'avère en vérité haletant pour peu qu'on forme une équipe de talent avec ses potes, et surtout un défi redoutable. En bref, toutes les qualités de l'original, gonflées à bloc et mises à jour à tous les étages : de quoi assurer à tous les fans une transition aussi naturelle que pérenne.
Au final, on peut ne pas aimer le titre, le trouver de mauvais goût, dirigiste ou trop bourrin, mais dans tous les cas, on ne peut que respecter le travail fourni par Epic pour offrir au joueur un jeu carré, bien pensé, et peaufiné jusqu'au moindre pixel. Un jeu d'une telle envergure qui, en plus, se paye le luxe d'une référence au Grand Détournement (La Classe Américaine de Canal +) dans les crédits, se devait de récolter la note maximale.