Le spin-off d'Obscure semblait condamné aux oubliettes, suite à la fermeture d'Hydravision l'année dernière, mais ce n'était que partie remise, puisqu'il a refait surface quelques mois plus tard sous la bannière de Mighty Rocket, un studio également basé à Tourcoing et composé d'ex-employés du défunt studio (notamment son co-fondateur François Potentier). Ce side-scroller en 2,5D s'aventurait toutefois loin du genre des précédents opus, le Survival Horror. Il a donc été rebaptisé Final Exam, soulignant ainsi sa continuité en termes d'ambiance, toujours inspirée des "teen movies". Alors que l'on y voit une réorientation simpliste de la saga ou une simple digression en attendant une véritable suite, ce Final Exam est-il réussi ?
L'univers scolaire se montre parfois dangereux, pour ne pas dire maléfique, comme l'avaient démontré les deux épisodes d'Obscure à plus d'un titre. Pourtant, quatre joyeux lurons décident de revenir dans leur ancien lycée, histoire d'y célébrer leurs jeunes années... Et ce qui devait arriver arriva : de vilains mutants débarquent brutalement sur leur route ! Si ce pitch ressemble sensiblement à celui des précédents opus, Final Exam s'en distingue d'emblée au travers d'une narration plus concise, voire incisive, en l'occurrence quelques mots accompagnés d'images presque fixes. De même, son aspect cartoon et sa représentation en 2,5D n'ont plus rien à voir avec les Survival Horror d'antan, si ce n'est l'usage appuyé des jeux de lumière qui viennent habiller ces environnements aux couleurs volontairement criardes. Malgré une direction artistique soignée et de fait cohérente, les décors restent en effet relativement rudimentaires. Ce pragmatisme se traduit également du côté des commandes, les quatre boutons de façade servant à frapper, esquiver, sauter et aux interactions contextuelles (s'accrocher à une échelle ou activer un interrupteur par exemple), tandis que les gâchettes sont essentiellement vouées au tir (avec le stick droit pour la visée) et au ramassage d'éventuels projectiles. Les ennemis en font d'ailleurs partie, même si le meilleur moyen pour s'en débarrasser demeure la plupart du temps le matraquage intensif, en particulier à coups de "smashs" façon Super Smash Bros. à forte teneur en gerbes d'hémoglobine.
La bosse des tartes
Bien entendu, l'arsenal s'élargit progressivement avec des armes destinées au corps à corps telles que la clé anglaise et la tronçonneuse, ou au combat à distance comme l'AK-47, le magnum et diverses sortes de grenades. Idem pour le panel de coups qui s'étoffe de techniques spéciales et de talents passifs très utiles pour affoler le compteur à combos. Car ces dernières constituent naturellement la clef pour réaliser des gros scores, a fortiori en les validant soi même grâce au mode manuel. On récolte ainsi des points d'aptitude pour booster son personnage, l'exploration des niveaux étant récompensée par des points de compétence si l'on parvient à rassembler les objets cachés. Et compte tenu de l'architecture tarabiscotée de ces dédales, cette tâche n'est pas toujours facile - ou du moins rapide - à accomplir. Voilà évidemment un moyen de faire durer plus longtemps cette aventure composée de huit chapitres, à l'instar des allers et retours que nécessitent les objectifs distillés au fil de chacun d'entre eux. Qu'il s'agisse de transporter une caisse d'explosifs ou d'aller secourir des enfants, ces missions sont variées, du moins a priori, puisqu'elles consistent globalement à ramener des éléments vers un endroit précis, quand elles ne se résument pas à défendre une position. L'épopée comporte quelques situations plus originales, histoire de muscler un peu la mise en scène, cependant son déroulement est assez redondant. Or les ennemis manquent aussi de diversité, en terme de formes comme de patterns, une répétitivité encore renforcée par le rythme régulier de leurs vagues. Et malgré l'atmosphère inquiétante que génèrent les musiques, étonnamment nuancées, Final Exam devient vite soporifique en solo.
Horror Party Show
Heureusement, l'expérience se pratique aussi de façon collégiale, dans la lignée des itérations d'Obscure. Il est ainsi possible de jouer à deux sur une machine et jusqu'à quatre en ligne, cette configuration permettant en prime de ne pas avoir à partager son écran. Car certaines missions peuvent être remplies plus rapidement si l'on prend le (gros) risque de se séparer, une référence aux films d'horreur plus évidente que les clins d'oeil au passé obscur de la saga soit dit en passant, ici matérialisée par une adversité proportionnelle au nombre de joueurs. Mieux vaut donc rester en groupe le reste du temps, ne serait-ce que pour ranimer ses collègues et éviter par la même occasion la perte de précieuses vies. D'autant que les talents propres à chacun des personnages les prédisposent à jouer un rôle distinct des autres, entre le champion du combat rapproché Brutal Joe, les experts des armes à feu et des explosifs que sont respectivement Sean et Nathan, et la donzelle à tout faire Cassy. Ces particularités ne s'expriment vraiment qu'une fois leurs aptitudes maximisées et leurs techniques spéciales acquises, de la même manière que le potentiel défoulatoire de Final Exam ne se révèle qu'à plusieurs. La simplicité du gameplay prend alors tout son sens, au regard des réjouissants feux d'artifice sanguinolents que suscitent les bagarres. Il arrive d'ailleurs que la lisibilité en pâtisse, surtout lorsque la caméra s'éloigne, ce qui entraîne parfois la mort prématurée de certains de nos héros, tant certains ennemis cognent dur. Que voulez-vous, avec ce genre de réunions festives entre d'anciens camarades bien frappés, il fallait s'attendre à quelques débordements...