Une production française, un RPG qui plus est, ce n'est pas tous les jours que ça nous arrive. La guerre féroce que se livrent dorénavant les petits studios sur le créneau du jeu à bas coût fera des morts, c'est certain. Faery : Legends of Avalon possède-t-il suffisamment d'arguments pour sortir de la mêlée ?
Les jeux dits "indépendants" sur les plateformes de téléchargement comme le PSN ou le Xbox Live Arcade se suivent mais ne se ressemblent pas, la grande force de ces réseaux de distribution étant de pouvoir explorer - à moindre coût - tous les types de softs. Mais le RPG reste un genre relativement peu représenté dans ce secteur, contraint qu'il est par sa nature même, de recourir à une aventure épique au long cours, et qui se prête laborieusement aux conditions de production de ces "petits" jeux. Le studio parisien Spiders en a pourtant décidé autrement, et s'est retroussé les manches afin de combler ce manque et d'occuper un espace encore peu défriché aujourd'hui.
T'as de beaux yeux tu sais
Tout commence par la classique phase de préparation de son personnage, l'éditeur complet permettant plusieurs fantaisies assez raccord avec le monde que l'on va explorer. En parlant d'univers, celui de Faery puise son inspiration dans le folklore celtique et oriental, dont l'histoire prend place au cœur d'Avalon (en fait une île minimaliste), sur laquelle le monarque Obéron déplore la disparition de la magie dans le monde des humains. Il va alors envoyer son meilleur agent, une petite fée (vous en l'occurrence) à travers trois portails afin d'accomplir une succession de quêtes censées ramener ses ouailles dans le droit chemin. Vous visiterez donc consécutivement Yggdrasil, l'Arbre-Monde qui est une ode à la nature, le Hollandais Volant, navire fantomatique au cœur des légendes de marins, et enfin la Cité des Mirages, bâtie sur le dos d'un gigantesque scarabée. Comme d'habitude dans les productions françaises, la direction artistique s'avère être le point fort de l'œuvre, tant le bestiaire foisonne de créatures mythologiques au design racé, en dépit d'un moteur 3D qui accuse parfois le coup, ne rendant pas toujours justice aux croquis préparatoires que l'on peut entre-apercevoir pendant les loadings. On regrettera aussi que les différents terrains de jeu soient au final si étroits, d'autant plus que l'on possède la capacité de voler, ce qui se révèle bien agréable pour se déplacer, même s'il aurait été judicieux d'effectuer une séparation entre l'angle de vue de la camera libre, et la direction choisie par le joueur. Cela dit, on prend vite ses marques.
Le RPG pour les nuls
Malheureusement, sur l'aspect essentiel de son gameplay, Faery se montre passablement décevant car beaucoup trop chiche en possibilités de customisation de ses personnages. Déjà, on aimerait avoir la main sur l'arbre des compétences de ses co-équipiers, ce qui n'est hélas pas le cas. Vos deux collègues du moment se contenteront donc de suivre un schéma pré-établi par les concepteurs, au détriment de l'empathie qui pourrait se créer avec vos héros, limitant d'autant plus la replay-value du titre. Quant à son propre avatar, si les variantes sont plus nombreuses, cela reste néanmoins assez limité, dans une optique certainement volontaire de simplifier la gestion de votre équipe. Cela a surtout pour conséquence fâcheuse de réduire les affrontements en de simples joutes basiques et dépouillées d'artifices, que l'on se contentera d'enchainer en multipliant les attaques les plus efficaces ad vitam aeternam afin de plier les combats au plus vite. Les développeurs ont également inclus un système de dialogues à choix multiples sympathique, mais tellement restreint dans ses alternatives, qu'il en devient rapidement anecdotique car sans réelles répercussions. Pour le dire simplement, Faery aurait gagné en profondeur, et donc en intérêt, à focaliser ses priorités sur son système de jeu plutôt que sur sa direction artistique.
Loin de n'être qu'un coup dans l'eau, Faery : Legends of Avalon séduit par son originalité et un univers classique qui revisite les contes et les légendes oubliés. Mais il ne saurait que trop difficilement satisfaire les fondus de RPG, qui feront vite le tour de son gameplay. Malgré tout, Faery reste une proposition intéressante, à condition d'avoir épluché les nombreux autres incontournables déjà disponibles sur les plateformes de téléchargement.