On vous l'a dit et répété des dizaines de fois : ce F1 2010 devait marquer un tournant (sans jeu de mots) dans l'histoire du jeu vidéo. Eh bien, ma foi, malgré quelques lacunes, le pari semble bel et bien gagné pour Codemasters. Tout a été fait pour que "l'esprit F1" vienne apaiser votre soif de course automobile, et que vos yeux ébahis sortent de leur orbite devant une telle qualité. Accessible, réaliste, sublime... les qualificatifs manquent. Encore une fois, tout le monde pourrait bien trouver son compte avec ce titre. Mais allons voir cela de plus près, du côté des paddocks...
Les versions étant similaires, les tests le sont aussi.
Après avoir littéralement craqué sur la version Preview du titre, grâce à laquelle nous avons pu donner en exclusivité nos impressions, Codemasters nous a donc refilé une version pour Test, complète "à 99%" selon le communiqué, qui nous aura occupé pas mal de journées au sein de la rédaction. Une version pour ainsi dire définitive donc, avec le fameux mode Carrière en sus, dont était amputé la version précédente à disposition. Jeu FIA oblige, tous les éléments de la Formule 1 moderne y sont, puisque le titre se veut fidèle à la règlementation et aux spécificités du championnat 2010... Mais nous allons y revenir plus loin.
Vitesse grand "V"
La première chose qui frappe le joueur ou le spectateur dans F1 2010, c'est indéniablement sa vitesse d'animation. Rarement un jeu de caisse, pour ne pas dire aucun, n'a procuré autant de sensations visuelles. A vrai dire, c'est sans doute ce qui se rapproche le plus de la réalité, du moins lorsqu'on actionne la vue intérieure de la monoplace. Des sensations grisantes à très haute vitesse donc, et ce quelque soit le circuit. Cette sensation est d'autant plus immersive que le bruit des moteurs est là encore, unique en son genre. Tout simplement du jamais entendu. Aussi bien à pleine charge qu'en "ratatouillage" du moteur, que via les petits dérapages contrôlés, les passements de vitesse ou bien les flirts avec les rails ou les vibreurs... tous ces sons sont précis et extrêmement bien retranscrits. C'est simple, fermez les yeux, on s'y croirait. D'autant plus d'ailleurs que les développeurs, qui ont utilisé leur fameux moteur EGO Engine, ont tout donné graphiquement. Les circuits respectent à la lettre ceux du championnat, aussi bien au niveau de leurs caractéristiques (topographie, largeur, distance... raaaah la montée de l'Eau Rouge à Spa est une vraie révélation), que des décors qui les composent, absolument somptueux et complets. Et dont Monaco (ou Singapour de nuit) est l'exemple parfait pour l'illustrer. Bref, F1 2010 a d'ores et déjà sa place au Panthéon des jeux de F1.
Une p'tite Carrière ?
Vous le savez, le gros morceau de F1 2010 n'est autre que son mode "Carrière", complet à souhait, et qui sera sans aucun doute pour vous l'un des plus relevés challenges du titre. Au choix entre 3, 5 et 7 saisons au départ, vous allez ensuite jeter votre dévolu sur l'une des quelques équipes les plus "faibles" du plateau actuel. Virgin, Lotus, HRT, Sauber ou encore Williams-Cosworth. Cette dernière étant à mon sens la mieux lotie du plateau proposé. Après avoir fait connaissance avec la presse et la fameuse Sophie Dubreuil, qui vous interrogera par la suite si vous êtes sur le podium - Christophe Malbranque (de TF1) se contentant heureusement quant à lui de petites questions entre deux sessions d'essais - vous signez enfin votre contrat dans l'écurie. Choix du casque (prédéfini, dommage...) et du surnom viennent ensuite compléter tout cela. Autant vous le dire, une seule saison sera extrêmement longue ! N'oubliez pas que vous avez en 2010 pas moins de 19 GP au calendrier. Multipliez cela par le nombre de périodes d'essais (3 sessions d'Essais Libres + 1 heure de "Qualifs" et enfin la Course...)... Vous choisissez d'ailleurs le nombre de tours à effectuer (et le nombre d'arrêt au stand du coup), sachant que ça commence à 10% du total du GP... Oui, vous n'allez pas chômer ! Les paramètres de difficulté, de météo et d'aides au pilotage sont changeables à chaque course si vous le souhaitez. "Attation" cependant : ces fameux Essais Libres ne sont pas là pour faire joli. Certes, vous pouvez à tout moment accélérer le temps de ces sessions, mais prenez garde, car ces entraînements sont absolument essentiels pour la suite du Week-end.
F1, ton univers impitoyable...
Essentiels à plus d'un titre. Non seulement, il vous faudra vous familiariser avec la piste, souvent poussiéreuse au départ et donc peu adhérente (elle le devient au fil du week-end), mais vous devrez aussi peaufiner vos réglages en vue des qualifs et de la course. En tant que pilote de F1 "pro", vous avez aussi des objectifs à atteindre au fil des courses et un en début de saison, "imposés" par l'écurie. Objectifs de plus en plus élevés il va sans dire, et dictés par votre patron. Ca ne rigole pas. De la place de 8ème durant quelques courses, vous devrez vite viser les 4 premiers, voire la première place si vous "marchez" bien. Pour ce faire, non seulement de nombreux tours sont nécessaires durant les Essais Libres, mais en plus, vous devrez aussi faire évoluer la monoplace en donnant des informations au département "Recherche & Développement". Ce dernier vous confiera en effet des missions ponctuelles indispensables afin de tester certains éléments sur la voiture. En tant que numéro 2 de l'écurie, vous ne bénéficiez pas encore de nouvelles pièces. Pas tout de suite. Pour cela, il faudra vous battre, et surtout LE battre.
...Glorifie la loi du plus fort
En effet, seuls de bons résultats vous permettront d'acquérir ces pièces indispensables à votre marche en avant. Le jeu en vaut la chandelle : décrocher un contrat à mi-saison pour aller dans un Top Team. Non seulement la comparaison avec votre coéquipier (que l'on peut voir chiffres à l'appui dans le garage) sera inévitable, mais aussi et surtout vos performances par rapport aux autres pilotes et votre "retour" d'informations en vue du développement de la monoplace, seront décortiqués. Attention également aux réponses (3 types seulement à chaque fois) durant les conférences de presse, car elles peuvent "changer" l'ambiance et le moral de l'équipe. On vous l'a dit, c'est comme en vrai. Dans les modes de jeu les plus difficiles (Facile, Intermédiaire, Difficile et Expert), vous devrez également définir la quantité d'essence embarquée, le type de pneus (qui s'usent), mais également choisir et surtout gérer correctement les 8 moteurs alloués durant la saison... des 19 GP. Sachant qu'à chaque utilisation, sa puissance diminue... Si vous réussissez un week-end de qualité, vous aurez alors droit à des points de "réputation". En bref, plus vos objectifs et vos résultats seront bons, et plus vous aurez de chance d'attirer l'attention des autres équipes sur vous. Un début de carrière en fanfare ou un raté total ? A vous de voir !
Des réglages pointus ou basiques
Si comme moi, vous n'êtes pas forcément un adepte des réglages ultra pointus qui demandent des heures d'effort, la solution de facilité se trouve auprès de votre ingénieur. Il vous suffira alors de se tourner vers lui et de choisir des réglages "basiques" au nombre de 7 au total. Ils permettront d'avoir une voiture pas trop catastrophique aussi bien pour le mouillé que pour le sec ou encore de type "flexible", un compromis en général crédible et assez neutre tant en termes de vitesse de pointe que de stabilité dans les virages. En revanche, si vous vous sentez l'âme d'un ingénieur, de nombreux paramètres sont modifiables. De l'étagement de la boîte de vitesse, au carrossage, en passant par la modification des ailerons ou encore le roulis. Tout y est d'ailleurs fort bien expliqué, et les allers-retours entre la piste et votre "box" risquent d'être nombreux... Il est bien évidemment possible de sauvegarder vos données ainsi durement décortiquées, afin de les réutiliser d'une saison à l'autre au besoin.
Ecole de pilotage
Non, ne rêvez pas, il n'y a pas à proprement parler d'école de pilotage dans F1 2010. Avant de vous lancer dans le mode Carrière, ou entre deux week-end de courses, rien de tel que d'aller s'exercer de manière totalement libre en mode Grand Prix. Choisissez le niveau de difficulté (parmi 4 donc), les types d'aides au pilotage (freinage, ABS, Contrôle de Traction, vitesse manuelle ou non, trajectoires sur la piste ou non...) et lancez-vous dans un week-end de course long ou court avec toutes les sessions ou seulement EL1, Qualifs et Course... ou alors uniquement la course (le choix de la voiture déterminera sa position sur la grille... arf). Sachant que selon le niveau de difficulté sélectionné, les dégâts sur la monoplace seront plus ou moins importants en cas de touchette ou d'accrochage. Croyez-moi, ça change tout ! En modes Difficile ou Expert, la moindre erreur (malgré les aides encore possibles) se paye cash. Soit par une pénalité de temps ou de places sur la grille, soit par des casses mécaniques rédhibitoires (crevaison, et même panne d'essence si vous ne faites pas gaffe...). Chose utile : si vous sentez que vous avez raté une séance (Libres, Qualifs et même Course), vous pourrez toujours la recommencer, même en mode Carrière. A ce propos, vous disposez de plusieurs "flashbacks" durant les courses et les essais. Qui varient e fonction de la difficulté choisie. Alors, 4, 3, 2 ou 0 ?
Et c'est bien à piloter ?
J'y viens, j'y viens... Pour faire court : c'est archi jouissif ! Le nirvana de la F1 à portée de manettes (ou de volant). Tout amateur de jeux de course se doit d'essayer ce F1 2010. Pour le son, pour l'ambiance, pour son réalisme, pour sa prise en mains aussi. Ardu au départ dès lors qu'il s''agit de claquer un temps, au fil des tours pourtant, on se prend à freiner de plus en tard, à prendre des trajectoires de plus en plus à la limite et à ne plus lever le pied à certains endroits. Oui, c'est le panard intégral ! Les sessions d'essais du mode Carrière ainsi que les modes Grand Prix et Chrono (jusqu'à 8 joueurs à tour de rôle), sont absolument géniaux. Dans le mode Chrono, la voiture est simplement parfaite. Idéale pour aller chercher un temps canon : pneus optimum, piste idéalement gommée... Vous pourrez même défier les temps des meilleurs joueurs du net, en téléchargeant leurs fantômes. Non, vraiment, du côté du pilotage (le volant à retour de force est aussi reconnu par le jeu), il n'y a pas grand-chose à redire, les pilotes de F1 en herbe s'en donneront assurément à cœur joie. Le jeu reste réellement fidèle à la réalité. Pour s'en convaincre, cette petite vidéo comparative qui parle-d'elle-même. Ça calme, n'est-ce-pas ? Et encore, je crois que vous n'avez encore rien vu sans la météo, qui peut-être dynamique si vous prenez cette option (ou bien dégagée, nuageuse, pluvieuse avec plus ou moins d'intensité).
Sous la pluie, c'est carrément hallucinant ! Des gerbes d'eau viennent s'abattre sur votre visière, vous cachant la vue sur les voitures devant ou la courbe à venir. Le tête-à-queue n'est jamais très loin, même à faible vitesse. Imaginez cela sans aucune aide, et vous avez un avant-goût assez réaliste de ce que vivent chaque dimanche les pilotes de F1, les vrais. Et n'essayez même pas de coller des pneus "slicks" à votre F1, ce serait criminel ! Attention, cependant, tout n'est pas parfait non plus...
Des incohérences. Plein.
Oui, en effet, tout n'est pas si parfait dans cet univers totalement aseptisé qu'est la F1 vidéoludique. Si les développeurs ont réussi à merveille le mariage crucial entre réalisme, accessibilité et plaisir de jeu, il subsiste malheureusement encore pas mal de détails frustrants. Les pénalités tout d'abord, sont parfois lourdingues. Elles peuvent tomber durant les essais libres (et donc compter pour la course), et sont parfois totalement injustes. Mini-blocage d'un pilote ou simple sortie de piste (vous avez coupé la chicane sans faire exprès !) et vous voilà quasiment hors course ! Et bon pour recommencer la séance... A quelques minutes de la fin, c'est rageant. Bonjour le temps perdu... Idem en course d'ailleurs, malgré les jokers éventuels utilisés, les commissaires ne vous loupent pas (c'est plus permissif que dans la preview ceci dit), alors même que vous ne faites rien d'intentionnel. Autre chose étrange : en tête au premier tour, on m'indique que le meilleur temps est effectué par un pilote... qui se trouve 10 secondes derrière moi ! Au premier tour, oui oui... Logique Mr Spoke...
C'est aussi la fiesta du portnaouake dans les stands, ou règne la cacophonie la plus incroyable. Des pilotes peuvent littéralement vous traverser alors que vous roulez au ralenti... et même vous doubler ensuite, parce que votre équipe laisse passer toutes les voitures qui sortent, même si vous avez la priorité ! On peut perdre ainsi une vingtaine de secondes (au lieu de 4 ou 5 en temps normal) et donc carrément la course ! Rageant... D'ailleurs je soupçonne certains pilotes de ne PAS aller aux stands... Etrange. Ce n'est pas tout : dans le mode Chrono la moindre touchette est considérée comme une filouterie de votre part. Et votre tour en cours (voire votre tour d'après) est ainsi invalidé. Sympa, non ? L'I.A. quant à elle, est archi perfectible à mon sens. Beaucoup trop simpliste même. Les pilotes ne se poussent pas si vous leur prenez un tour par exemple, ou se collent coûte que coûte sur la trajectoire idéale même si vous êtes bien plus rapide... En mode Expert, la disqualification pure et simple vous pend carrément au nez... Bref, y'a encore du boulot de ce côté-là ! Pour la version 2011 ? Espérons...
OK, j'avoue : je chipote pas mal (quoique...) avec ces petits détails stressants, mais vous l'aurez compris, malgré quelques défauts de jeunesse bien compréhensibles pour une première d'un jeu de F1 chez Codemasters, F1 2010 est tout simplement l'une des plus belles réussites du genre, toutes générations confondues. Il rappelle furieusement le Formula One sur PSone, ou mieux encore le F1 97 de légende. En mille fois plus complet et réaliste bien entendu. Son mode Carrière lui confère une durée de vie énorme, et se tirer la bourre sur le net ou via le mode Chrono promet de loooooongues soirées en perspective. Bref, F1 2010. What else ?