Operation Babel : New Tokyo Legacy est le fier représentant d'un genre bien présent sur la petite portable de Sony, mais que vaut réellement ce Dungeon Crawler au design atypique ?
Ray Gigant, Stranger of Sword City, Moe Chronicles, Dungeon Travelers 2, Demon Gaze, mais aussi Operation Abyss, dont cet Operation Babel est la suite directe : la liste de jeux adoptant plus ou moins le même principe de jouabilité sur PS Vita commence à devenir longue, et la console commence à avoir une sacrée série d'exclusivités dans le domaine. Pour le meilleur comme pour le pire ?
En effet, le côté rogue-like en moins, ce genre n'a au final que très peu évolué depuis des titres comme Castle of the Winds, auquel je jouais sur une version récupérée sur une disquette de Shareware, à l'époque du 486-DX2. C'est dire... Operation Babel proposera-t-il donc suffisamment de subtilités pour arriver à se démarquer de la féroce concurrence qui règne dans le milieu du Dongeon Crawler portable actuellement ? C'est ce que nous allons voir...
Un jeu Donjon-reux
Le jeu rentre directement dans le vif du sujet, en prenant la suite directe du précédent épisode. On y retrouve ainsi Alice Mifune, l'héroïne d'Operation Abyss à la lutte avec des "variants" issus tout droit de "l'embryo", un incubateur céleste (ou démoniaque ?) fraîchement apparu dans le ciel. On enchaîne ensuite par le réveil de votre héros anonyme et amnésique, qui va se voir intégrer la nouvelle équipe de chasseurs de monstres locale, grâce à ses nouveaux pouvoirs tout juste révélés. Mais attention, votre avatar ne fait pas véritablement partie de l'équipe de six héros presque jetables que vous allez diriger dans les longs couloirs des donjons d'Operation Babel, vous êtes un genre de spectateur, inspecteur des travaux finis de votre team, et pourtant protagoniste principal de l'histoire. Vous allez retrouver pas mal des personnages non jouables du premier épisode, mais aussi quelques nouveaux venus, qui vont eux aussi faire avancer l'histoire, un peu plus mélodramatique que celle d'Operation Abyss, avec son parfum de fin du monde. Ce scénario est soutenu par une narration sous forme de Visual Novel, avec certaines parties doublées en Japonnais, contrairement à la version occidentale du premier jeu qui nous imposait l'Anglais comme seule langue disponible. Quelques questions à choix multiple viennent régulièrement mettre leur petit grain de sel, mais leur incidence et quasi nulle, puisque vous arriverez bien souvent au même résultat quelle que soit votre réponse.
La création des membres de votre team est en revanche assez originale, et proposera deux designs différents pour l'aventure, à l'instar d'un Stranger of Sword City, qui permet d'alterner entre une charte graphique manga et une autre plus sérieuse. En effet, s'il sera impossible ici de changer en cours de partie, au début vous choisissez entre les modes classique et basique. Dans le premier, chacun de vos combattants aura le choix entre quarante cinq vignettes superbement illustrées, déclinées en trois couleurs différentes. Ça en fait presque trente de plus que dans l'épisode précédant. On choisit ensuite le sexe, la voix, l'alignement et la "persona" de nos héros, ce qui définira leur style de jeu (offensif, défensif, ou de soutien). Pour ce qui est du mode basique, vous aurez la possibilité de créer vous-même vos avatars. Un peu à la manière d'un "dressing doll", vous pourrez changer de visage, d'yeux, de cheveux et même de tenue. Une personnalisation très poussée donc, mais moins classe que pour le mode classique, il faut bien le dire. Du côté attrait visuel, Operation Babel tape donc très fort dans le milieu de la direction artistique du D-RPG sur Vita. Une constante dans le genre, puisque la concurrence affiche elle aussi des illustrations alléchantes, Ray Gigant et Stranger of Sword City en tête. Mais ces superbes combattants customisés, vous aurez peu d'occasions de les voir...
Il est pas beau, mon donjon ?
En effet, le jeu ne s'embarrasse que de très peu de mise en scène. Pour tout dire le HUD est même présent en permanence, que ce soit dans les menus, pendant les combats, l'exploration, ou même les cinématiques à base d'images fixes ! On se déplace sur un traditionnel damier de cases, parfois piégées, avec des murs invisibles, ce qui nous pousse à foncer et à faire couiner les persos de notre équipe contre tous les obstacles.... Fort heureusement, une fonction à la Dark Souls fait son apparition, et d'autres joueurs peuvent alors vous laisser des mémos au sol, pour vous prévenir des dangers qui rôdent, ou des secrets à découvrir. Pour ce qui est des combats, ils se déclenchent aléatoirement ou en passant sur la case d'un ennemi. On subit alors une agression armée de la part de sprites belligérants fixes, avec en fond l'image du labyrinthe sur lequel le jeu s'est arrêté. L'ensemble est un poil "cheap", et la relative répétitivité des combats contre les mobs de base fait véritablement apprécier la fonction qui permet de zapper toutes les pseudo-animations et de résoudre quasi-instantanément les affrontements. Ces derniers se déroulent au tour par tour, puisque vous allez choisir toutes les actions de votre équipe avant la résolution de la phase de combat. L'utilisation de vos sorts et compétences ne se fait pas via une barre de mana, mais avec un nombre limité d'utilisations que vous pouvez recharger en vous reposant à la base. Vous pourrez aussi utiliser, de façon limitée, un coup spécial ou toute votre team frappera à l'unisson. Rentrer à la base sera aussi, encore une fois à l'instar d'un Dark Souls, le seul moyen de faire passer des niveaux à vos héros.
Le jeu en devient donc vraiment difficile, puisqu'il faudra aussi crafter tous vos objets, ainsi que de l'équipement si la pêche n'a pas été assez bonne en exploration... Tout en sachant que vous n'aurez jamais assez d'argent pour faire tout ce que vous voulez. Il faudra donc farmer un peu si vous faites face à une trop grande difficulté. Et à ce niveau là, vous serez véritablement servis : les ennemis et les zones piégées ne seront pas les seuls obstacles que vous croiserez en chemin. Le loot dont je vous parlais tout à l'heure se fait vraiment à la sueur de votre front. Si vous n'avez pas pris avec vous la classe qui permet d'ouvrir les coffres sans risques, à vous les joies de l'empoissonnement en plein milieu d'un donjon, alors que vous avez épuisé tous vos sorts et vos objets de soins... Mais heureusement, le tout se montre extrêmement complet en termes de RPG, d'associations de "persona" différentes, d'équipements, pour vous permettre de faire face à toutes les situations et de surmonter l'adversité. Pour ça et tout le reste, on est véritablement en terrain connu, puisque le jeu propose exactement la même jouabilité, les mêmes menus, les mêmes temps de chargement, les mêmes "personas" et "blood codes", et les mêmes décors qu'Operation Abyss ! Si vous avez déjà joué au premier, vous êtes donc véritablement en terrain connu, voire même mieux, en charentaises au plus profond de votre canapé...