Avec maintenant six saisons à son actif, le Diablo 4 de base aux fondations solides mais au endgame balbutiant s’est grandement peaufiné. Plus d’un an après sa sortie, le dernier opus de la légendaire franchise hack’n’slash de Blizzard se porte beaucoup mieux, avec au fil du temps d’importantes et salutaires refontes motivées notamment par les retours de la communauté. C’est dans ce contexte plutôt favorable que Sanctuaire accueille son premier DLC majeur, Vessel of Hatred. Une extension dans l’esprit de Reaper of Souls pour Diablo 3, un ajout tout à fait dispensable, ou un juste équilibre entre les deux ? Voici notre avis dans ce test de sa version PC.
Vessel of Hatred s’est greffé à Diablo 4 depuis le 8 octobre 2024, en même temps qu’une Saison 6 (qui ne nécessite pas le DLC) mettant aussi en avant Mephisto, le Seigneur de la Haine. Celle-ci apporte surtout une importante refonte à la progression, réduisant le niveau maximal de 100 à 60, entre autres bienfaits plus que bienvenus comme des nouvelles compétences pour chaque classe. L’extension est vendue séparément à 40 euros, ainsi que dans des éditions plus onéreuses comprenant des goodies supplémentaires. Le prix d’un titre AA est-il justifié pour le DLC d’un jeu vendu quant à lui 50 ou 60 euros selon la plateforme ? Cela dépendra de la sensibilité de chacun, mais l’extension en vaut selon nous globalement la chandelle. On vous emmène dans la jungle de Nahantu pour partager notre état d’esprit à son sujet.
Retour à Nahantu dans Diablo 4, Mephistoi des moustiques
Qui dit extension dit tout d’abord nouvel épisode de l’histoire. Celle de Vessel of Hatred reprend tout juste là où la campagne de Diablo 4 nous avait laissée. Plus d’un an après sa sortie, un petit rappel s’impose, qui pourrait cependant figurer d’importants SPOILERS. À lire donc à vos risques et périls.
[Début des SPOILERS] Après notre expédition finale dans les Enfers, Neyrelle décide de partir en voyage vers une destination inconnue, en portant avec elle un terrible fardeau : la Pierre d’Âme contenant l’essence de Mephisto, père de Lilith, antagoniste de la campagne de Diablo 4. Du côté de notre héros, la bataille entre les forces d’Inarius et les démons a laissé d’importantes séquelles. L’Église de la Lumière est en déliquescence, et tout porte à croire que l’influence néfaste du Seigneur de la Haine commence déjà à s’immiscer au sein de Sanctuaire tel un insidieux cancer. Après avoir eu maille à partir avec un nouveau chef autoproclamé de l’ecclésiarchie, Urivar, un vétéran de notre excursion infernale, nous avons vent d’où se trouve notre amie [Fin des SPOILERS]. Celle-ci s’est rendue à Nahantu, une jungle luxuriante au sud de Sanctuaire (que les vétérans de Diablo 2 ont déjà arpentée) afin de trouver une prison plus définitive pour le frère de Diablo. Il s’agit donc de la nouvelle région du monde ouvert de Diablo 4, d’une taille similaire aux autres, avec ses propres quêtes, donjons à explorer et secrets à découvrir.
C’est en suivant ses pas que commence pour nous Vessel of Hatred, alors que la Haine se répand de manière alarmante, prenant la forme d’un répugnant ichor noir et d’Aliénés, des créatures corrompues par l’influence démoniaque de Mephisto. Nous ferons dans notre quête la rencontre des habitants de Nahantu, qui entretiennent un lien particulier avec les puissants esprits anciens résidant dans la région. Comme dans tout jeu Diablo qui se respecte, cette pieuse mission ne se fera pas sans déchirants sacrifices et sans qu’un des Démons Majeurs ne corrompt absolument tout sur son passage. En ce sens, le DLC s’inscrit dans la droite lignée de la déjà excellente campagne de Diablo 4. Ce tant au niveau d’une narration riche en cinématiques de qualité, de plot-twists assez convenus, mais qui font tout de même leur petit effet et de boss spectaculaires, que dans une direction artistique toujours aussi macabrement belle. La jungle se présente en effet comme un bel arbre exotique bien vert qui cache la véritable forêt de cadavres et atrocités enfouies sous ses racines corrompues par la Haine. Si nous n’avons pas rencontré beaucoup de bugs gênants, signalons tout de même avoir été victimes de (trop) nombreux crashes intempestifs. Pire encore, ceux-ci intervenaient souvent durant des donjons accessibles en consommant des ressources données. Nous perdions ainsi notre progression dans ceux-ci, mais également les moyens de les ouvrir, et tout le butin récolté. Un gros point noir pour un hack’n’slash comme Diablo 4. Espérons que ces problèmes d’instabilité seront rapidement réglés.
À noter enfin que la campagne de Vessel of Hatred peut se terminer assez rapidement : grossièrement une quinzaine d’heures en prenant son temps, cinématiques et papillonnages avec des quêtes secondaires inclus, ou entre 5 et 10 heures en ligne droite. Si les joueurs ayant apprécié Diablo 4 sur ce point s’arrêtent seulement à l’histoire principale du DLC, la chose ne pèsera pas bien lourd dans la balance. D’autant que la fin de l’extension nous laisse sur un cliffhanger que l’on pourrait qualifier de proprement criminel. Nous n’en dirons pas plus pour vous laisser la surprise, mais sachez qu’elle nous fait clairement comprendre qu’au moins une seconde extension est dans les cartons.
Sacresprit que cette nouvelle classe est fun à jouer !
S’arrêter à la campagne de Vessel of Hatred serait toutefois passer à côté de nombreuses autres de ses nouveautés vraiment appréciables à Diablo 4. Outre un nouveau chapitre de l’histoire, l’extension ajoute naturellement une nouvelle classe : le Sacresprit, basée sur la Dextérité, et non l’Intelligence ou la Sagesse, comme on aurait pu s’y attendre de prime abord, celle-ci faisant furieusement penser au Féticheur de Diablo 3. Il s’agit en réalité de guerriers de Nahantu à l’agilité confondante, dont la mission est de protéger les esprits qui y résident. Ceux-ci peuvent donc les invoquer en combat, où ils excellent en maniant une lance ou un bâton. Nous avons donc finalement ici un mélange entre le Moine et le Féticheur du troisième opus.
Et autant le dire d’emblée : il s’agit très probablement maintenant de la seconde classe préférée de votre serviteur, la première étant le Voleur. Le gameplay du Sacresprit se montre en effet très nerveux, mais également agréablement varié. Ses compétences se divisent grossièrement entre quatre esprits : le Jaguar (rapide et frappant avec ses griffes de feu), l’Aigle (agile avec des attaques électriques), le Gorille (défensif et centré sur la force physique) et le Mille-Pattes (mortel grâce à ses attaques empoisonnées). Nous sommes partis de notre côté sur un build utilisant principalement l’esprit de l’Aigle, et nous avons totalement pris notre pied à virevolter entre les démons à une vitesse ahurissante. La chose a pris une tournure proprement folle une fois notre Sacresprit arrivé dans le endgame.
En plus de la classe Sacresprit, le DLC en a profité pour réintroduire dans Diablo 4 les Mercenaires, un élément emblématique des deux précédents opus. Il s’agira cette fois d’en recruter quatre, avec chacun une quête annexe rapide à faire, mais néanmoins pas dénuée d’intérêt. Ces compagnons disposent en effet d’une histoire intéressante et tout à fait dans l’esprit d’un Sanctuaire où corruption et mort font hélas partie du quotidien de ses habitants. Nous avons ainsi grossièrement quatre archétypes pour compléter notre personnage, et ainsi apporter un soutien salutaire pour les joueurs purement solo : Raheir (guerrier avec un énorme bouclier), Varyana (une barbare cannibale), Subo (un chasseur de primes utilisant arc et pièges) et Aldkin (un enfant possédé par un démon doté de pouvoirs magiques).
En plus de pouvoir les faire progresser afin de mieux nous aider dans des moments critiques, faire monter nos Mercenaires en niveaux nous offrira également l’accès à une boutique avec une monnaie en jeu unique à dépenser. Celle-ci sera notamment très utile pour obtenir diverses ressources et effets légendaires que les dieux de la RNG refusent obstinément de nous donner pour compléter un build donné. Enfin, ils nous offrent l’accès à un repaire pour gérer tranquillement notre personnage entre deux massacres de démons. On regrette cependant l’absence d’un joaillier pour également gérer les gemmes à incruster dans notre équipement et d’un apothicaire pour fabriquer divers élixirs et potions. Gageons que Blizzard viendra ajouter ces éléments ultérieurement, si la communauté se montre trop insistante sur ce point. En parlant de gemmes, il convient de saluer le retour des iconiques mots runiques de Diablo 2, également remis au goût du jour dans Diablo 4 grâce au DLC, avec de nouvelles combinaisons offrant toujours plus de diversité pour créer de puissants builds.
En-dehors du Sacresprit, la Saison 6 qui est arrivée sur Diablo 4 en même temps que Vessel of Hatred a également ajouté de nouvelles compétences pour les classes déjà existantes, avec en prime dix points de compétence supplémentaires. Nous avons tellement apprécié les nouveautés apportées par cette première extension que nous avons en parallèle fait monter les classes Voleur et Nécromancien au niveau maximal. Il était en effet légitimement grisant et rafraîchissant de découvrir de nouveaux builds et moyens de massacrer du démon en boucle. Sur ce point, le DLC et la Saison 6 ont donc clairement fait un bien fou au jeu de base.
Vessel of Hatred : Endgame
Finir l’histoire principale de Vessel of Hatred, incarner un Sacresprit et recruter nos quatre Mercenaires n’est toutefois, comme dans tout jeu Diablo digne de ce nom, que le début du voyage. C’est en effet dans le endgame que les choses excitantes commencent, avec notamment l’accès à des niveaux de difficulté supérieurs, dans lesquels nous pourrons looter de nouveaux objets uniques pour rendre nos personnages toujours plus surpuissants. Cet élément central du jeu s’était déjà bien peaufiné au fil du temps sur Diablo 4, avec notamment l’ajout de la Fosse, des Hordes Infernales ou encore des Uber Boss. Le DLC vient sur ce terrain ajouter non pas une, mais deux pierres au vaste édifice.
Nous avons d’un côté les Bas-fonds de Kurast (les vétérans de Diablo 2 reconnaîtront encore la référence). Dans ce nouveau type de donjon, nous pourrons cibler du butin spécifique grâce à différentes clés et ressources à utiliser pour l’ouvrir. À l’intérieur, il sera question d’effectuer une run minutée, et d’éliminer autant d’adversaires que possible (qui ne lâcheront pas de butin pour ne pas nous faire perdre de précieuses secondes à tout ramasser) en vue de faire progresser une barre d’harmonisation. Certains ennemis d’élite nous permettront par ailleurs d’ajouter du temps à notre chronomètre. Notre expédition se terminera face à un des quatre boss propres aux Bas-fonds. C’est seulement après les avoir vaincus que nos efforts seront récompensés par un coffre empli de butins, en fonction des éléments utilisés pour en ouvrir la porte et de notre niveau d’harmonisation (le maximum étant fixé à quatre). Ce nouveau donjon permet donc d’agréablement varier les plaisirs, et de « farmer » plus spécifiquement des ressources ou objets qui pourraient nous manquer pour parfaire notre build.
Le second ajout majeur de Vessel of Hatred concernant le endgame porte un nom on ne peut plus pertinent : la Citadelle Sombre. Attention toutefois, celle-ci joue sur une orientation de Diablo 4 qui n’a pas forcément été du goût de tout le monde : son aspect un brin « MMOesque ». Il s’agit en effet ni plus ni moins que d’un donjon de raid comme on peut en voir dans par exemple dans World of Warcraft. Il est ainsi absolument impossible de faire la Citadelle Sombre en solo. Un groupe jusqu’à quatre joueurs est obligatoire pour arriver au bout des trois ailes qui le composent. Chacune dispose en effet de casse-têtes et boss demandant une certaine coopération. Il vous arrivera par exemple d’être dans une autre partie du donjon, tandis que vos compagnons se battent pour vous débloquer une porte, ou pour affaiblir le boss que vous affrontez. Pour bien profiter de cette nouvelle activité endgame, il est alors préférable de le faire avec des amis. Nous avons cependant bien apprécié cet ajout, qui a au moins le mérite de proposer des mécaniques assez originales pour du hack’n’slash. D’autant que le jeu en vaudra largement la chandelle, la Citadelle Sombre étant notamment un excellent moyen de farmer des objets uniques ou mythiques, le butin le plus rare du jeu. Mais l’exercice sera nettement plus difficile que tout le reste du contenu de Diablo 4, même si vous roulez déjà sur le niveau de difficulté maximal. Vous voilà prévenus.