La série des Shin Megami Tensei est particulièrement populaire au Japon et l'arrivée de l'opus 3DS Soul Hackers, réédition de la version Saturn sortie en 1997 au Pays du Soleil Levant, fera plaisir aux fans de RPG vus à la première personne. Mais si le titre se révèle prenant, il n'en demeure pas moins extrêmement difficile d'accès, de par son gameplay et sa profondeur, mais aussi de par sa forme et le fait qu'il soit intégralement en anglais...
Dans un futur lointain, la ville de Amami est une mégapole entièrement connectée par un Intranet en phase de bêta, un logiciel nommé Paradigm X dans lequel on peut s'adonner aux joies de la réalité virtuelle. Le héros et ses comparses, les hackers du groupe Spookies, vont pirater ce système afin de s'essayer à cette bêta, mais ils vont rapidement découvrir qu'une histoire démoniaque se trame derrière tout ça...
Un RPG à l'ancienne
Que tous ceux qui disent que "les jeux vidéo, c'était mieux avant" avancent d'un pas. Si vous êtes amateur de jeux de rôle traditionnels, avec des textes à foison, des images fixes et des combats sans réelles animations, façon Phantasy Star première génération, Soul Hackers est fait pour vous. En effet, le principe de ce RPG à la première personne est de suivre une intrigue profonde et trépidante avec des personnages travaillés et de nombreux rebondissements, le tout sous la forme de boîtes de dialogues par centaines. Si on ne peut nier la qualité et la profondeur de l'histoire, avouons que les plus jeunes auront sûrement du mal à accrocher au style, d'autant que le jeu n'a pas été traduit en français, ce qui le rend de fait encore moins accessible. Pour autant, le principe de discussions et les finesses dans les réponses, desquels découlent l'avancement l'histoire, le recrutement ou les confrontations avec les démons, ainsi que la manière dont vous allez résoudre les énigmes, apporte un véritable cachet à l'intrigue pour peu que l'on parvienne à rentrer dans l'histoire et que l'on possède un excellent niveau dans la langue de Shakespeare. Mais malgré cela, la forme sera difficile à avaler en 2013 puisque Soul Hackers propose des graphismes old-school en 2D pendant les dialogues et que les phases d'explorations en 3D manquent cruellement de détails. Mais l'intérêt du titre n'est vraiment pas dans sa forme...
Pokémons & démons, même combat
Même si le style graphique a vieilli, Soul Hackers n'en demeure pas moins un RPG particulièrement complet. Dans les faits, le joueur explore des donjons en 3D dans lesquels il doit résoudre des énigmes simples, sous forme de dialogues, et affronter des démons par dizaines lors de rencontres aléatoires. C'est un jeu à l'ancienne, je vous dis ! L'idée est de recruter ou d'affronter les créatures croisées dans des duels au tour par tour, au moyen de pouvoirs divers que l'on doit aux membres de son équipe (6 maximum, dont des démons recrutés). Autant dire que si les subtilités ne manquent pas, entre les différents éléments qui influencent les types de magie, les combinaisons d'attaques et la possibilité de fusionner des démons recrutés entre eux pour en créer de nouveaux, Soul Hackers est d'une richesse étourdissante. Mais l'interface, qui se déroule sous forme de menus par dizaine, ainsi que le rythme assez lent, rendent une fois encore le titre particulièrement indigeste malgré ses indéniables qualités.
On ne va pas y aller par quatre chemins : Soul Hackers est un bon jeu de rôle à la première personne, avec énormément de contenu et de finesses, une histoire bien ficelée et des combats bourrés de stratégie. Mais seuls les amateurs de RPG au tour par tour et à l'ancienne, qui n'ont pas peur de se perdre dans des menus pendant des heures, pourront l'apprécier. D'autant que le titre est intégralement en anglais (une aberration si vous voulez mon avis), ce qui le rend encore plus difficile à déguster. Alors même si j'ai pris du plaisir pendant les heures passées sur Soul Hackers, il semble clair que ce titre ne se destine pas aux joueurs de la nouvelle génération, mais bel et bien aux vieux de la vieille qui connaissent la valeur d'un bon vieux Phantasy Star des années 1990.