Dans le petit univers du 4X, il y a un géant qui a su très vite se démarquer par sa richesse aussi bien en termes de mécaniques de jeu que de profondeur de background. Son nom ? Endless Space, du studio français Amplitude, qui revient à la charge avec ce deuxième épisode. Toujours plus haut, toujours plus fort ? C'est ce que nous allons voir tout de suite...
Endless Space premier du nom n'était pas ce que l'on pourrait appeler un jeu facilement abordable. Noyé dans les menus et très ardu pour un néophyte dans le 4X, il avait de nombreuses qualités mais pas celle de se destiner au premier venu. Dans l'optique de changer cela tout en gardant sa profondeur, Amplitude nous propose donc Endless Space 2.
Le but du jeu est "simple", encore faut-il réussir à l'atteindre. Vous choisissez une faction parmi les 8 disponibles, vous avez une planète et un vaisseau colonisateur, puis votre épopée fantastique commence. Le terme 4X est clair sur les différentes possibilités de victoire qu'offre le titre : eXloration, eXpansion, eXploitation et eXtermination. Pour l'instant, rien de nouveau sous le soleil. Là où le jeu marque la différence, c'est du coté de son background, très riche. Quand un Stellaris ne fait qu'effleurer l'histoire de l'Univers, Endless Space 2 propose lui une histoire complète et profonde pour chacune de ses factions. Et ça ne s'arrête pas là, car des mécaniques de gameplay précises viennent accompagner cette histoire pour varier les plaisirs, promettant d'avoir des parties vraiment différentes les unes des autres.
Une asymétrie assumée
Chaque faction se joue de manière différente, et certaines sont clairement plus avantagées que d'autres à certains moments clefs du jeu. Cerise sur le gâteau, il est possible d'en créer une de zéro, même si l'on ne vous conseille clairement pas cette option pour débuter. Si certaines factions comme l'United Empire (les humains) optent pour une colonisation classique des différents systèmes de la galaxie, d'autres comme les Vodyani vivent dans de gigantesques vaisseaux-mères en orbite des planètes tout en pompant l'énergie vitale des autres espèces. Pour se démarquer encore plus des autres, ils peuvent déplacer directement leurs vaisseaux dans toute la galaxie. Chaque faction a aussi son identité visuelle propre et un gros boulot a été effectué visuellement parlant sur tout l'ensemble du jeu. Menu fluides, navigation agréable dans l'ensemble et soucis du détail au poil... quel bonheur d'admirer les nombreux artworks qui accompagnent nos aventures spatiales et qui permettent de ponctuer les différents textes et suites de chiffres. Il reste toutefois encore quelque soucis de lisibilité dans les menus, toujours un peu brouillons avec leur trop-plein d'informations.
Pour accompagner tout cela, la musique a aussi son rôle à jouer. Mélange de musique électro et de chants, le jeu comblera les oreilles des plus exigeants. C'était déjà le cas dans la plupart des autres jeux du studio, pas de grosse surprises donc.
Chaque sa route, chacun son chemin
Le jeu décline 6 statistiques : "Nourriture", "Production", "Science", "Satisfaction", "Influence" et "Brume" (l'équivalent de l'or dans Civilization VI). Pour remporter la victoire, on peut espérer une foule de méthodes à notre disposition, de la classique guerre galactique, avec son lot d'invasions et de batailles spatiales, aux relations diplomatiques complexes permettant l'échange de bons procédés. Pour corser un peu le tout, on devra aussi faire de la politique une seconde nature, et tenter de contenter notre propre peuple avant même de penser à agrandir nos territoires. Les élections seront ainsi au centre de l'attention selon votre faction, et bien évidemment de nombreux facteurs viendront interférer dans vos desseins. Ainsi, une minorité religieuse pourra venir vous taquiner et provoquer une révolution, ou tout simplement tenter un coup d'état si elle juge vos prétentions technologiques trop importantes par rapport à votre foi. Inversement, une caste de scientifiques écolos peut voir le jour si ces derniers vous jugent inapte à faire progresser scientifiquement votre faction dans le bon sens. D'autant que certaines populations autochtones sont par essence même de l'un ou l'autre de ces bords.
Chacun son rêve, chacun son destin
Le lobbying, quelle que soit la forme qu'il prend, pourra vous mettre du plomb dans l'aile, et ça ne fait que rajouter de l'intérêt au jeu. Pour tenter de faire passer une loi (toujours selon son régime politique), il va falloir avoir une majorité législative, et ce n'est pas forcément chose aisée. C'est donc parfois assez complexe de progresser technologiquement tout en ayant une politique intérieur stable. Côté technologique, cela se sépare en 4 groupes, avec chacun des cercles concentriques à faire progresser :
- Science et Exploration
- Développement d'Empire
- Armée
- Economie et Commerce
Chaque groupe possède un ensemble de technologies, et il va falloir prendre le temps de lire chaque description, car désormais on peut rechercher n'importe laquelle à l'intérieur d'un même cercle, tant que l'on en possède assez du cercle précédent. De manière plus simple, à l'inverse d'un Civilization VI, il n'est pas nécessaire d'avoir une technologie spécifique pour en débloquer une autre. Du coup, le choix est extrêmement vaste et il va falloir de nombreux essais avant de trouver la recette miracle et la meilleure évolution technologique possible.
Un univers rempli de mystères
Recelant de moult secrets, l'univers d'Endless Space 2 est vaste et gigantesque, et il propose de nombreuses surprises (bonnes ou mauvaises). À l'image de l'Empire dans Star Wars, on possède des sondes à envoyer un peu partout dans la galaxie et il sera ainsi possible de prendre contact avec des civilisations lointaines. Le but est d'espérer créer une amitié durable ou au contraire de les utiliser à bon escient pour les retourner contre vos ennemis. Mais ce n'est pas tout : il sera aussi possible de découvrir de précieuses ressources, ou encore de rencontrer des menaces qui pourraient sur le long terme être un danger pour la sécurité de votre vaste (ou non) Empire. L'exploration est très liée au système de quête, directement extrait d'Endless Legend et qui permet d'accomplir divers objectifs en échanges de récompenses. Parfois, la réalisation de cet objectif risque de vous donner des malus, vous forçant un peu la main pour affronter l'événement. Cela permet à Amplitude de proposer un monde vivant, qui évolue sans cesse avec vous.
Beaucoup de qualités, peu de défauts
Enfin, on aura à notre disposition des héros qui pourront tenir des rôles miliaires ou diplomatiques, et bonne nouvelle : ils pourront eux-mêmes être élus au Sénat ou dans votre organisation politique pour étendre leur sphère d'influence. Un héros peut donc aussi devenir un symbole politique à proprement parler. Ces derniers possèdent une roue de talent qui permettra de le spécialiser pour en faire soit des véritables machines à tuer, soit des mastodontes de la politique.
Endless Space 2 a donc des arguments très convaincants. Seul ombre au tableau : le déroulement des combats qui repose un peu trop sur l'aléatoire et pas assez sur le choix des joueurs. On regrette de ne pas avoir de vraies décisions à prendre lors des batailles. Connaissant Amplitude, ça viendra surement par la suite... On regrettera aussi la présence, comme dans le premier opus, de bugs qui peuvent nuire à l'expérience, comme cette satanée désyncro multijoueur que tous les joueurs de Wargame et de 4X ont pu expérimenter au moins une fois dans leur vie, et qui a le don d'agacer tout en ruinant le rythme d'une partie. Espérons que ce sera résolu très rapidement.