Février 2011. Rappelez-vous. Sans prévenir, une cinématique se répandait sur le net avec la rage d'une morsure de zombie. Quelques accords de piano qu'on aurait cru échappés de LOST. Des corps putréfiés. Une famille décimée. Une fillette au regard éteint. Une séquence montée à l'envers. Une apocalypse zombifique. Un nom : Dead Island. Sorti de nulle part, ce jeu d'action/horrifique venait de laisser une marque indélébile chez les joueurs du monde entier. Sept mois plus tard, la réalité est-elle à la hauteur du buzz ? Dissection...
Bienvenue en Papouasie-Nouvelle Guinée. Bienvenue sur l'île paradisiaque de Banoi. Son soleil écrasant. Sa mer cristal. Ses cocktails servis glacés. Ses vacanciers aux corps délicieusement huilés. Ces zombies furieusement enragés. Dead Island est l'histoire d'une descente aux Enfers. La grandeur et décadence d'un paradis terrestre devenu théâtre d'une apocalypse anticipée. Du Royal Palms Resort, aux cottages luxueux de la plage, en passant par les villages alentour... tout sombrera en quelques heures. Seule une poignée de survivants tentera de s'organiser pour s'échapper de cette mort annoncée. Mais pour combien d'heures...
Bac à sable ensanglanté
D'entrée de jeu, vous allez devoir choisir votre personnage parmi les 4 proposés. Deux hommes, deux femmes. Chacun dispose bien évidemment de son petit background scénaristique (qui ne servira à peu près à rien) et d'accointances avec certains types d'armes (de lancer, à feu, tranchantes, contondantes). D'autant plus classique que l'histoire n'évoluera pas en fonction du héros choisi. L'ensemble étant conçu pour fonctionner à tout moment en coopératif online (jusqu'à 4), ne vous étonnez pas d'ailleurs de retrouver le quatuor constamment reconstitué à chaque cinématique (même si vous ne les croisez jamais dans le jeu). Puisque j'évoque le scénario, autant l'évacuer assez vite. Hormis quelques cinématiques clairement ratées (mise en scène digne de Max Pécas et punchlines miteuses), ne vous attendez à rien de bien transcendant. Dans ce contexte, il est d'autant plus étonnant de voir que les heures passent sans pour autant lasser. Le plaisir de la découverte de l'île, l'arrivée des véhicules (uniquement des 4 roues), quelques situations bien vues contribuent ainsi à faire apprécier l'aventure. A noter que les lieux sont assez vastes bien que compartimentés en grandes zones (le front de mer, la ville, les égouts, l'hôtel, etc.) avec de beaux temps de chargement à la clef. Si on ne se situe pas réellement dans le jeu bac-à-sable à la GTA, le monde n'en demeure pas moins largement ouvert et vous pourrez, dès le début, tenter des raids en contrée hostile. Croyez-moi, vous risquez de vite revenir à l'un des sanctuaires (il en existe plusieurs perdus sur l'île) ou un peu de tranquillité vous attendra. Car dehors, oui, on en veut clairement à votre bronzage !
A corps perdu
Dead Island aime le contact. Viril. Direct. Ainsi, bien que des armes à feu deviennent disponibles au fil de votre progression, les armes de mêlée garderont la vedette. Et de loin. Les corps à corps sont donc extrêmement nombreux, renforçant le sentiment de fragilité (surtout en début de partie) et le stress ressenti lors d'un assaut. Car la plupart des zombies cavalent dans tous les sens, ambiance 28 Jours Plus Tard, et leur férocité n'a d'égal que le plaisir qu'il peut y avoir à les dépecer. En effet, même si tout n'est pas ultra précis et si les combats gardent un caractère un rien flottant, il est possible (et même recommandé) de localiser vos attaques. La tête, les bras, les jambes... tout peut être découpé pour ralentir ou tuer d'un coup vos ennemis. A ce titre, mieux vaut ne pas non plus s'offusquer si, bien qu'en bikini (ou en pantacourt), vous transporterez environ 300 kilos d'équipement sur vous. Quelques décennies de jeu vidéo nous aurons appris à ne pas nous formaliser de ce genre de "détails". D'autant qu'ils permettent de varier les plaisirs. Car en plus des armes, vous transporterez des objets permettant d'améliorer les capacités de votre équipement. Il faudra pour cela vous rendre dans des ateliers de confection. Vous pourrez y réparer votre arsenal (qui se désagrège au fur et à mesure de leur utilisation), voire même l'upgrader (il vous faudra trouver des plans). Un petit élément RPG bienvenu qui se prolonge avec l'amélioration de vos capacités personnelles et d'un triple arbre de compétences assez précis. A la lumière de ces précisions, vous comprendrez que Dead Island ne se limite pas à du "moi-vois, moi-tabasse". Non. Déjà, il y aura souvent du "moi-vois, moi-fuis très vite" tant les zombies sont nombreux et courent vite. Mais la progression par niveau (vos ennemis progressent aussi) ajoute un peu de piment à l'ensemble. On se sent de plus en plus fort. On améliore son attirail. On sent l'île reprendre espoir. En d'autres termes, sauver sa peau prend du sens.
Let me be a Zombie
Sans être insurmontable, la difficulté du jeu se révèle des plus correctes. Heureusement, si vous tombez sous les morsures d'un zombie (ou les attaques d'un humain, car vous découvrirez que les infectés ne sont pas vos seuls ennemis), vous pourrez réapparaître non loin pour une poignée de dollars. Hé oui, c'est la crise et la vie à un coût. Puisque je parle de vie et de mort, les artisans de votre trépas se donneront bien du mal. Si esthétiquement les zombies sont assez variés (différents types et corpulence) et plutôt terrifiants (intéressant de voir des naïades en deux pièces courir en poussant des cris de truie qu'on égorge), si les lieux donnent envie d'être explorés, techniquement le jeu accuse quelques carences. Les textures s'affichent souvent en retard, de simples grilles peuvent arrêter net une voiture lancée à 120km/h, les indicateurs de direction s'emballeront par moment, tandis que les cutscenes sont tout simplement ratées comme je le disais précédemment. Pour être honnête, sans être la Cour des Miracles, avouons que ce n'est clairement pas le haut du panier actuel... même si malgré tout, je le confesse, l'ensemble dispose d'un vrai charme.
Certes, Dead Island ne peut briguer le rang de grand jeu. C'est un fait. On regrettera certains objectifs parfois un peu basiques (allez chercher de l'alcool, trouver 3 batteries à l'autre bout du monde, aider bidule derrière sa grille de sécurité, etc.), et quelques carences techniques, mais l'ensemble des quêtes principales et secondaires est suffisamment étoffé pour apporter une belle durée de vie et de la variété à l'aventure. Et puis il serait injuste de passer sous silence ses qualités d'immersion, la furie de ses affrontements ou les aspects RPG densifiant l'expérience. Façonné par un buzz mondial, Dead Island avait tout pour se casser la figure en beauté. Il s'impose finalement comme une expérience rafraîchissante dans le monde surpeuplé et putréfié des zombies.