Même s’il avait fait l’objet de quelques rumeurs, Wild Hearts a profité de l’effet de surprise pour s’annoncer en fin d’année dernière, à quelques mois seulement de sa sortie. Une annonce étonnante, mais pas autant que le partenariat derrière le projet. Puisque sous l’étendard d’EA, c’est bien un studio de Koei Tecmo qui est à l'œuvre. La fameuse équipe d’Omega Force, les papas de pratiquement tous les musô de cette planète, Dynasty Warriors en tête, mais aussi Toukiden, un autre Monster Hunter like. Un partenariat que l’on avait pas vu venir et qui a pour objectif de venir grappiller un peu de terrain à Capcom et sa cultissime franchise Monster Hunter. Voyons un peu si Wild Hearts a ce qu’il faut pour venir affronter le roi de la chaîne alimentaire sur son propre terrain de chasse.

Wild Hearts a des choses à raconter

Wild Hearts pose ses valises dans le monde fantastique (ou pas) d’Azuma, une région où l’homme et les Kemono, les monstres du jeu, luttent chacun pour leur survie. En tant que joueur, on incarne un héros venu d‘une contrée lointaine dont les objectifs restent relativement flou. D’ailleurs, ces derniers seront uniques à chacun. Puisqu’en plus de pouvoir créer son personnage de A à Z via un éditeur de personnages ultra généreux qui permet de modeler chaque trait de notre avatar dans le détail, nous aurons aussi l’occasion de choisir notre destinée via quelques dialogues tout au long de l’aventure. Ne vous attendez pas à du RPG à la Bioware cependant, d’autant qu’il n’y a pas vraiment d’impact, si ce n’est des réponses différentes de la part de certains PNJ. Ces passages se comptent sur une main mais il nous permet surtout de mettre le doigt sur l’un des premiers éléments surprenants de Wild Hearts, son écriture.

WILD HEARTS destin

Parce que oui, même si l’on passe 70% de notre temps à chasser des créatures géantes, Wild Hearts est un titre doté d’une véritable intrigue, plutôt agréable à suivre et un peu plus intéressante que les vocations purement écolo d’un Monster Hunter World.
En tant que nouveau héros local, on sera amené à enquêter sur le dérèglement comportemental des Kemono qui font petit à petit sombrer la région d’Azuma dans le chaos.
Sur fond de guerre de clans, les vieilles habitudes du studio ont la peau dure, Wild Hearts nous sort une trame largement suffisante pour donner du corps au jeu là où l'on en demandait pas tant. C’est aussi l’occasion de voir qu’il est diablement bien écrit pour le genre et la traduction française est plus que propre. D’ailleurs, le doublage aussi. Traduit dans tout un tas de langues, Wild Hearts est même localisé en français, ce qui permettra de pleinement profiter de l’aventure et de ses nombreux dialogues sans en perdre une miette. On soulignera d’ailleurs que la synchronisation labiale est assez remarquable. C’est un détail dans ce genre de jeu, mais ça mérite d’être souligné, d’autant que, vous le verrez plus bas, si le jeu pêche bien sur un point, c’est sur sa technique.

Wild Hearts personnages
Gaaarde à vous ! - PS5 mode qualité -

Le Japon dans le sang

Cependant, la trame n’est finalement qu’un prétexte pour nous d’enchaîner les combats intenses contre tout un bestiaire de créatures gigantesques (voir même titanesques pour certaines). Et pour ça, Wild Hearts copie ni plus ni moins ce qui marche chez la concurrence. Comme dans Monster Hunter World, on sera amené à explorer plusieurs environnements ouverts drastiquement différents comme une terre gelée balafrée par de récentes attaques de Kemono, une région très verticale stigmatisée par la guerre des clans locaux ou encore une île marine où gît l’immense carcasse d’une tortue aussi grosse qu’un kaiju. Des environnements qui mettent en avant une direction artistique soignée et qui savent surtout se renouveler. Tout, ou presque, respire le folklore japonais. Des bâtiments aux statues religieuses en passant par la flore et les couleurs. Nous sommes en plein Japon féodal alternatif, et très fantastique, et c’est un pur régal à tous les niveaux. Même Minato, grande ville portuaire qui nous servira de HUB, fleure bon le Japon alors qu’elle est certainement l’un des lieux les moins travaillés à ce niveau là.

Wild Hearts automne
L'une des régions les plus chouettes du jeu - PS5 mode qualité -

De toute manière rien de très surprenant, Wild Hearts ne s’en était pas caché et en avait même fait l’une de ses forces. L’univers tout entier repose sur le folklore japonais, de l’OST, capable de nous servir des morceaux assez incroyables par moments, jusqu’au design des personnages et des créatures que l’on croisera.

Les fameux Kemono, garantissent un bestiaire d’une bonne vingtaine de gros monstres (et quelques sous-espèces). Et autant vous dire que les bestioles n’ont rien à envier à celle de Monster Hunter World. Dans Wild Hearts, les Kemono se nourrissent de Fil, sorte d’énergie qui se trouve en toute chose ayant un lien particulier avec le fameux Ki, propre aux croyances nippones. Cette énergie vitale, les Kemono la récupèrent de l'environnement, ce qui a provoqué chez eux une mutation au fil des siècles.
Désormais, ces créatures sont gigantesques et fusionnent parfaitement avec la nature, leur donnant non seulement une apparence atypique, mais aussi de puissants pouvoirs. Un sanglier géant capable de contrôler les plantes, un loup de givre invoquant le blizzard ou encore un corbeau majestueux aux plumes acérées et imprégnées de poison… ce ne sont ici que des exemples, mais d’autres sont encore bien plus remarquables. On aura d’ailleurs le droit au Zorah Magdaros local (le monstre titanesque de Monster Hunter World), ici, un ours de pierre aussi grand qu’une montagne. Malheureusement, la taille ne fait pas tout et l’affronter n’aura absolument rien de passionnant. En revanche pour le reste du bestiaire…

Wild Hearts winter
Winter is comi... - PS5 mode performance -

Des combats ultra dynamiques

Wild Hearts est très clairement bien plus dynamique qu’un Monster Hunter World, c’est d’ailleurs là l’une de ses principales forces. Alors non, ça ne viendra pas des Kemono en eux même qui sont au moins aussi vifs et agressifs que dans le jeu de Capcom. Ces monstres attaquent comme des sauvages, lancent des attaques surpuissantes et impressionnantes, font extrêmement mal et peuvent même enrager en faisant littéralement exploser le décor. Non, tout le dynamisme de Wild Hearts repose dans son arsenal et dans la capacité qu’a notre avatar à se mouvoir avec aisance et bien plus de souplesse que dans n’importe quel Monster Hunter.
On a le choix entre 8 armes très différentes. Un katana, combat assez standard et prise en main facile, un nodachi, une immense épée qui demandera pas mal de timing pour infliger de gros dégâts, un marteau, facile à prendre en main, mais difficile à maîtriser à cause de son poids. Et enfin le Wasagi à lame, un ombrelle tranchante et ultra résistante, permettant de frapper rapidement et de parer les coups. On pourra également tenter de jouer à distance avec l’arc, dont le gameplay est d’ailleurs assez vif pour le genre, ou encore le canon à main, qui n’arrivera qu’après avoir un peu avancé dans le jeu mais qui offre une puissance de feu remarquable, à défaut d’être très maniable. D’ailleurs, les deux dernières armes de cet arsenal seront données elles aussi après quelques heures de jeu : la lame-griffe et le bâton.

Wild Hearts PS5 explosions
Certains monstres ne rigolent pas. - PS5 Mode performance -

La première, celle que nous avons le plus utilisé ici, est d’une agilité et d’un dynamisme assez incroyable. Elle permet non seulement de se mouvoir à grande vitesse en frappant rapidement, mais également de s’accrocher aux monstres puis, d’utiliser un câble pour graviter autour en virevoltant dans les airs avant de fondre dessus comme le fait Livaï dans l’Attaque des Titans. C’est grisant et redoutable.
Le bâton quant à lui propose certainement le gameplay le plus intéressant et le plus difficile. L’arme est capable de se transformer en plusieurs formes (bâton, lance, grosse épée, shuriken géant…) et offre tout un tas de combos dévastateurs. Mais il faudra bien vous entraîner avant d’en maîtriser tous les aspects.

Chacune de ces huit armes dispose de ses propres combos et d’un gameplay unique. Bien que certaines attaques soient universelles, comme la possibilité de grimper sur le monstre à la volée pour aller lui planter notre poignard dans l’un de ses points faibles (mis en surbrillance) afin d’infliger des dégâts et de récupérer une tonne de ressources à utiliser en combat. Gros bémol toutefois, la caméra est à vomir, ni plus ni moins. Lorsqu’on est accroché, il suffit que la créature saute ou bouge pour qu’elle devienne folle. Et même avec beaucoup d'entrainement, escalader les Kemono restera la plupart du temps totalement aléatoire. Dommage, parce qu'il est presque indispensable d’utiliser ce fameux « talents de chasse » pour se faciliter grandement le travail.

Avec tout ça, les combats de Wild Hearts sont riches et dynamiques, et peuvent même se transformer en véritable ballet de voltige lorsque vous jouez à plusieurs. Difficile d’en étaler toute les spécificités sans écrire un roman, mais s’il est peut-être un peu moins profond qu’un Monster Hunter World (qui propose d’ailleurs plus d’armes) le gameplay n’en reste pas moins très intéressant et subtil, d’autant que Wild Hearts a un autre gros atout dans sa manche : les Karakuri.

PC PS5
C'est beau et inspiré, dommage que ce soit anguleux. - PS5 mode qualité -

Les Karakuri LA grosses bonne idée de Wild Hearts

Sortes de machines vivantes liées au fameux Fil, les Karakuri sont des technologies dont la maîtrise a été oubliée en Azuma, bien que leur art vis encore. Évidemment, en tant que héros, nous disposerons de la faculté assez incroyable de les contrôler à volonté. En jeu, ça permet non seulement de les utiliser en combat mais aussi en exploration. Les Karakuri basiques peuvent être utilisés à la volée sur une simple pression de touche un peu à la manière d’un Fornite. Cubes basiques, tremplins, harpons, hélices (qui permettent de voler sur de courte distance)… chaque Karakuri a son utilité et il est possible de s’en servir pour faire de véritables folies : voltiger dans les airs, surprendre les monstres et créer de nouveaux combos. De plus, s’ils sont empilés dans un ordre précis, ils peuvent fusionner pour donner naissance à des engins bien plus gros et redoutables. D’une muraille capable d’arrêter la charge des plus gros monstres, au harpon géant en passant par la tourelle automatique ou encore la lanterne protectrice… Il existe plusieurs dizaines de Karakuri différents pour tout autant de stratégies.
Comme si ça ne suffisait pas, il est également possible d’invoquer des Karakuri draconiques, des structures qui permettront de faciliter vos explorations et d’optimiser vos chasses. Dans chaque environnement, chaque région, vous trouverez des fosses draconiques, sortes de puits d'énergie naturelle qu’il faudra débloquer et faire évoluer en récoltant des ressources. Ces fosses vous permettront de puiser la force vitale de chaque lieux pour construire tout un réseau de Karakuri draconiques et de poser vos propres campements où bon vous semble, ces derniers serviront de voyage rapide et de respawn en cas de mort. Les Karakuri draconiques sont utiles pour tout un tas de choses, farmer des ressources automatiquement, forger de l’équipement, repérer les créatures grâce à des tours de chasse ou encore faciliter grandement ses déplacements avec des tyroliennes ou des propulseurs d’air vous permettant de voler.

WILD HEARTS karakuri vole
Un château surgelé - PS5 Mode performance -

Ce qui est génial, c’est qu’on a une liberté quasi totale pour poser ses Karakuri et personnaliser entièrement ses terrains de chasse. Et une fois encore, le nombre de Karakuri à déverrouiller a de quoi donner le tourni. Parce que oui, Wild Hearts est aussi extrêmement généreux en termes de contenu.

Monster Hunter-like jusqu’au bout des doigts, Wild Hearts nous permet de débloquer une tonne d'objets et équipements pour s’améliorer et chasser des proies toujours plus grosses. Côté Karakuri, on a à notre disposition une arborescence d’objets et d'amélioration à déverrouiller qui donne le vertige. A vue de nez, près d’une centaine, dont plusieurs dizaines de Karakuri différents.
Bien évidemment, on pourra aussi crafter un grand nombre d'armes, rangées par catégorie de puissance, et s’appuyer sur une large gamme d’armures. Deux subtilités toutefois, il est possible à tout moment d’annuler les améliorations de nos armes en récupérant l’intégralité des ressources afin de choisir un autres chemin dans l’arborescence, ce qui permet notamment, entre chaque chasse, de changer le type de son arme rapidement si on le souhaite, ou simplement de revoir son optimisation. Ensuite, du côté des armures, la plupart peuvent être améliorées en suivant deux voies : celle de l’humain ou celle du Kemono. Si l’on n’a pas découvert l'impact que cela avait sur nos personnages, ces améliorations (et le choix de l’orientation) permettent de déverrouiller des capacité spéciales des armes et armures. Des compétences ou des bonus de statistiques uniques qui ne se déverrouillent qu'en penchant d’un côté ou de l’autre de la balance. Humain ou Kemono, à vous de choisir selon votre stratégie et votre façon de jouer.

PC jeu EA
Un peu de calme - PS5 mode Performance -

Un tableau séduisant, mais plutôt vilain

Vu d’ici, Wild Hearts est canon, et c’est le cas. C’est un véritable régal à jouer, seul ou en groupe jusqu’à 3 joueurs, en plus d’être extrêmement généreux. Il propose en effet de très nombreuses quêtes principales, secondaires et complètement annexes et il est impossible d’en faire le tour complet dans un simple test. D'ailleurs, lorsqu’on pense en avoir terminé, tout un tas de nouvelles choses débarquent pour relancer la machine. Cerise sur le gâteau, du contenu post-lancement entièrement gratuit est déjà prévu pour les mois à venir. Les amateurs du genre, ou les fans ayant fait le tour des derniers Monster Hunter auront très largement de quoi faire. En revanche, Wild Hearts a un très gros problème sur lequel il va falloir passer pour l'apprécier : sa technique.

Si la direction artistique est superbe, les graphismes eux, ne le sont pas. Qu’on soit sur PC ou sur consoles (une version PS5 a été testée pour ce test) c’est assez disgracieux et ça ne rend absolument pas justice à la direction artistique. Si les monstres et les personnages sont bien modélisés, l'environnement quant à lui est parfois très grossier. Les textures sont vilaines, il est possible de voir certains assets se superposer pour donner naissance à de fausses grosses structures, comme par exemple les montagnes de l’île aux esprits, qui ne sont qu’un tas de rochers identiques empilés les uns sur les autres. (deux fois le mot exemple à la suite).

wild hearts île des esprits PS5
Exemple de panorama qui aurait pu être beau... mais non. - PS5 mode performance -

En plus de la caméra totalement folle dont on parlait plus tôt, on note aussi beaucoup d’autres bugs. Pas de quoi vous empêcher de jouer, non, mais de quoi flinguer l’immersion en plein vol. Pas de gros plantages donc, mais d'énormes soucis de collision et tout un tas de glitchs assez incroyables. Il est par exemple possible littéralement de courir sur certaines parois à la verticales simplement en spammant la touche de saut, ou de passer à travers certaines textures sans trop comprendre pourquoi. Sur l’île des esprits par exemple (oui encore cette région) vous pouvez complètement casser le jeu en courant sur les montagnes. Vous verrez alors votre personnage courir dans le vide sur des hitbox invisibles.

Graphiquement on a également noté des problèmes avec les contrastes qui on tendance parfois à s’emballer, ou un effet de flou désagréable sur les petits détails, notamment sur certaines créatures poilues qui deviennent alors vraiment vilaines. Ce qui est étonnant, c’est que ces bugs semblent sortir de nulle part. D’une session à l'autre, ils peuvent apparaître, ou disparaître. Notez que l’on a rencontré ces soucis sur PC et sur PS5. Par ailleurs sur PS5, Wild Hearts propose deux modes graphiques différents, l'un se focalise sur la résolution et vise les 30 fps (Qualité), l'autre mise plutôt sur une résolution plus faible pour maximiser le framerate (Performance). L'un comme l'autre, le travail n'est fait qu'à moitié. Visuellement, on ne voit pas tant de différences. On vous a d'ailleurs mis plusieurs screenshots dans le test avec les différents modes graphiques pour que vous puissiez comparer. Enfin, si le mode performance est bien plus fluide, les deux modes graphiques se tapent des chutes de framerate ici et là. Ce n'est pas injouable, ça non, mais ce n'est pas spécialement agréable.
Alors oui, c’est un fait, Wild Hearts n’est pas au niveau des standards actuels malgré sa très jolie direction artistique, et le jeu va avoir besoin de quelques patchs pour se stabiliser. Dommage, puisque tout le reste est génial.

Wild Hearts soleil
Fin de journée on prend la pose. -PS5 mode performance -

Une note concernant le multijoueur

Nous avons pu nous essayer à quelques sessions multi, mais pas suffisamment pour vraiment parler de la stabilité ou de la viabilité du matchmaking étant donné que nous n’étions que peu sur les serveurs au moment du test. Néanmoins Wild Hearts dispose de quelques fonctionnalités intéressantes. Il est non seulement possible de former un groupe pour enchainer les quêtes, mais aussi de faire appel à l’aide dès que l’on lance un combat ou que l’on choisit une proie via la carte du monde. De plus, lors de l’exploration, vous pourrez trouver des portails vous permettant de rejoindre des joueurs demandant de l’aide dans le secteur.
Toutefois, il n’y a pour l’heure aucune autre fonctionnalité sociale à se mettre sous la dent. Pas de clans ou quoique ce soit du genre. Vous chassez ensemble et c’est tout. Pour ce qui est de l’avancée de l’histoire, elle ne se fera que si vous êtes en parfaite synchronisation avec celle de l’hôte de la partie. Dans le cas contraire, vous n'avancerez pas dans la trame, voire ne pourrez pas le rejoindre suivant où il se trouve dans le scénario. Les contrats restent quant à eux accessibles peu importe l’avancée.

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