Petite production d'une équipe d'une poignée de personnes ayant fait ses preuves sur des titres tels que Killzone ou The Last Guardian, Vane se présente comme un jeu dans la... veine du très poétique Journey. C'est-à-dire avec la volonté de proposer un univers mystérieux, désertique, une expérience épurée de textes, de dialogues, d'indications diverses, pour offrir au joueur autant de vide qu'il comblera avec son imagination, sa sensibilité, ses émotions, en miroir. Intriguant et puissant par de trop courts flashs malgré un temps de jeu ne dépassant pas l'heure et demie en ligne droite (et le chemin est tortueux...), Vane ne parvient malheureusement pas à se hisser au niveau des titres qu'il évoque.
Vane a pourtant plusieurs éléments qui donne emblée envie de s'y plonger : on y incarne un bel oiseau noir aux reflets nacrés dans un désert de roches à l'aspect vibrant et aux textures d'aplats de polygones, amplifiant le caractère mystérieux et singulier du jeu. Un oiseau que l'on fera se transformer en enfant, non pas à sa guise, mais dans le déroulé du récit, à des moments bien précis. Le reste ne s'explique pas, il se vit, et propose dans son final des images puissantes qu'on atteint, en théorie, assez rapidement.
Plumage et ramage
En théorie, car si l'intention de Vane est bien entendu de perdre celle ou celui qui s'y essaye en ne lui proposant peu ou pas de repères et ainsi en entier l'impliquer, dans les faits, l'effet est tout autre. La magie de Journey tient en partie dans la liaison parfaite entre le fond et la forme, toutes deux épurées et permettant donc à quelqu'un qui n'est pas habitué à jouer, à progresser sans mal. Ici, le développeur Friend & Foe a choisi de proposer d'abord quelques énigmes si on peut dire, très basiques et peu nombreuses mais forcément problématiques dans un environnement tellement dépouillé d'indications ou de repères où rien n'apparaît comme naturel ou pensé de manière fluide. De plus, encore une fois, un titre réussi comme Journey offrait un vrai plaisir dans sa prise en mains, en plus d'une réalisation soignée. Si le style graphique de Vane constitue sans aucun doute une de ses qualités, ses sensations de jeu et sa technique jouent en sa défaveur.
Vain
En effet, alors qu'incarner un oiseau dans un jeu aussi épuré que celui-ci, dans tous ses aspects, se doit d'être une agréable expérience sensorielle, il n'en est rien. Le fait de poser l'animal sur un perchoir est en soi une épreuve, compliquée encore par une caméra qui manque de souplesse, alors que les pans de falaises ou le crâne de l'enfant passent régulièrement en transparence, sortant encore un peu plus le joueur d'une expérience qui d'abord méditative devient pénible. Le contrôle de l'enfant, à travers les collisions ratées, son interaction brouillonne avec le décor, s'avère bien désagréable et fait regretter le vol de l'oiseau, loin d'être très convaincant pourtant.
Au final, rapidement atteint pour peu qu'on ne se soit pas trop perdu ou qu'on ait eu le courage ou le loisir de garder sa manette en mains et sa console allumée, il reste de Vane une dernière scène puissante, visuellement marquante, tout comme l'utilisation de nappes de synthétiseur que l'on entend surtout résonner dans l'introduction du jeu, elle aussi réussie. Maigre bilan donc pour un titre immédiatement évanescent.