On s'était dit rendez-vous dans 20 ans et c'est presque ce que la licence V-Rally a fait depuis sa toute première apparition sur PlayStation en 1997. Elle est de retour aujourd'hui avec sa quatrième version et une absence réelle depuis le 3, de 15 ans tout de même. Depuis, Eden Studios a périclité et Kylotonn a repris les choses en mains avec l'aide de 505 Games.
15 ans, ce n'est pas rien et après avoir mis les mains dessus à la dernière Gamescom, les impressions étaient prometteuses. Kylotonn capitalise ici sur le moteur de WRC 7 en sortant le jeu du carcan du championnat du monde pour proposer une expérience plus diversifiée. Cette liberté est-elle synonyme de qualité ?
Un tour autour du monde
V-Rally 4 propose donc de se rendre dans diverses localisations pour visiter le monde. Tous les continents y passent avec des environnements très diversifiés. On peut se retrouver sur le contient africain, en Amérique du nord ou encore en Chine par exemple. Le jeu ne revendique cependant pas de reproduction fidèle de tracés connus (qu'ils soient ouverts ou fermés), mais s'en inspire largement.
Ainsi, si la célèbre montée de Pikes Peak ne fait pas partie du jeu, vous retrouverez bien une épreuve de Hill climb à la même localisation en tracé fictif. Cette absence de travail sur une reproduction exacte pourrait paraître fainéante. Il n'en est rien. Même si Kylotonn économise évidement des droits sur ces lieux connus, il a fallu dessiner des tracés qui respectent l'esprit des épreuves concernées. Et il faut dire que de ce côté, l'objectif est parfaitement atteint.
D'une manière générale, qu'il s'agisse des épreuves en boucle fermée, sur terre, sable, ou asphalte, le level design est remarquable. Mention spéciale aux tracés montagneux chinois qui sont particulièrement impressionnants. Les routes sont riches en anfractuosités et en dénivelés, les virages sont tous travaillés de façon différente et on n'a absolument pas l'impression de retrouver des éléments récurrents sur la route. Ajoutez à cela des conditions atmosphériques changeantes (mais pas évolutives en temps réel) et des épreuves aussi bien diurnes que nocturnes et vous obtenez des terrains de jeu très complets.
Pour clore ce compartiment vertueux de V-Rally 4, citons également les aires de Super Khana richement pourvues d'éléments divers et de pièges pervers. Mais quel plaisir une fois ces tracés maîtrisés de frôler les plots et de prendre les tremplins en montant dans les tours.
Rien sous le capot ?
Avant de profiter de tous ces environnements, il faut cependant progresser dans une carrière qui va demander à la fois l'achat et le développement de nouveaux véhicules (une cinquantaine environ). L'achat par des concessions dans diverses catégories et le développement par des mécaniciens qu'il faudra embaucher et payer en fonction de leurs compétences. V-Rally 4 possède donc un aspect gestion dont il faudra tenir compte pour équilibrer le budget. Rien de bien compliqué cependant, il s'agit ici plus de brider l'accès à l'ensemble des ressources que de vous demander de gérer une écurie.
Malgré une introduction qui pourrait laisser penser qu'une carrière scénarisée se profile à l'horizon et quelques e-mails à ouvrir pour gagner de nouveaux sponsors, il n'y a pas d'histoire derrière V-Rally 4. Il suffira malheureusement "seulement" d'enchaîner les épreuves comme dans tout HUB désormais classique dans les jeux de course. C'est bien dommage, car il y avait sans doute matière à raconter quelque chose de plus substantiel et en conséquence le jeu manque de personnalité. La musique d'ambiance lui donne bien un certain rythme, mais son aspect répétitif finit par agacer.
La communauté ou vos amis le feront peut-être mieux vivre, grâce aux épreuves en ligne et au mode 2 joueurs en écran partagé. Une initiative à saluer.
Mon pad pour un volant
Bien entendu, avec cinq types d'épreuves et autant de catégories de voitures, on pouvait s'attendre à avoir des styles de conduite bien différents. C'est le cas et on se met avec plaisir derrière le volant de bolides aussi mythiques que les R5 Turbo, les Lancia Delta et même des Porsche. La sélection a été faite par de véritables passionnés chez Kylotonn et cela se voit.
En revanche, la prise en main au Pad est malheureusement complexe. La direction semble souffrir d'une zone morte importante, puis d'une réaction exagérée du véhicule. Cette situation entraîne à la fois un retard de réaction aux sollicitations, puis des corrections incessantes qui mènent à des coups de raquettes qui deviennent irrécupérables. Un tour dans les réglages (à la fois de la voiture et des contrôles) sera salutaire pour limiter ces mouvements, mais on se bat malheureusement plus pour maintenir la voiture sur la route que pour négocier correctement les trajectoires. Avec le temps, on parvient à s'adapter à cette prise en main très particulière.
Ce n'est pas la même musique du tout au volant, car les mouvement fins sont alors bien plus précis. Plus de sur-correction et un plaisir de conduite retrouvé. C'est alors l'adhérence qu'il faut gérer, ce qui est l'apanage de toute conduite sportive. Et du sport il y en a, que vous soyez en épreuves classiques de Rallye, en Hill Climb (montée ou descente de montagne), en Rally Cross, ou encore en Buggy. Un sport labile, puisqu'au même titre que la prise en main, l'IA aurait mérité un raffinement plus important. Pour le même niveau de difficulté (réglable de 0 à 100), les performances sont parfois très disparates, que ce soit au coude à coude sur la même piste, ou en contre la montre. Il arrive donc que vous ayez 15 secondes d'avance ou autant de retard, alors que rien n'a changé dans les réglages.
V-Rally 4 a des problèmes de carburation, mais quand le moteur tourne correctement il finit par être agréable. Pas assez cependant pour être conseillé sans réserve à tous les joueurs.