Si les gadgets technologiques ont largement facilité la vie de bien des consommateurs, ils n’ont pas manqué de mettre à mal bien des professions. Hier adulés pour leurs clichés, les photographes doivent aujourd’hui faire face à des armées d’apprenti-artistes munis d’un smartphone. Mais pas le héros de TOEM, oh que non. Lui, c’est différent : il a du talent.
Après quelques prototypes, les suédois de Something We Made livrent avec TOEM leur première production, une aventure dans laquelle notre héros béni des dieux de la photographie part à l’aventure afin de comprendre le monde qui l’entoure à travers l’objectif d’un bon vieil appareil.
Notice non-incluse
Résolument positif, TOEM ne se prend pas la tête, et propulse rapidement notre futur Cartier-Bresson à l’assaut de quatre contrées – forêt, port, ville et sommet enneigé – pour y exercer son œil malicieux, capable de saisir l’indicible et la beauté du quotidien. Le périple commence d’ailleurs si vite que bien des aspects de game design sont passés sous silence, à commencer par le journal de quête pourtant indispensable pour progresser.
Car dans TOEM, tous les problèmes ou presque peuvent être résolus par une bonne photo, et le joueur n’aura alors de cesse d’inspirer les musiciens, de traquer les types louches recherchés par la police ou de sauver un goûter d’anniversaire grâce à son objectif. Au travers de quatre décors toujours plus vastes à explorer en long et en large, TOEM propose une série de rencontres amusantes et souvent inattendues, comme autant de prétextes pour partir à la découverte des images qui nous entourent. Le temps de s’habituer au maniement d’un appareil un peu étrange dans son ergonomie, et nous voici partis à l’aventure.
Des yeux partout
Dans cet univers joyeux à défaut d’être coloré, notre héros n’est guidé que par l’envie de rendre service, et de collectionner au passage de précieux tampons, les sésames qui lui permettront de prendre le bus pour la contrée suivante, et tout recommencer. Si TOEM ne brille pas forcément par ses explications, il se dégage de ce titre reposant une atmosphère suffisamment attachante pour que l’on se prenne rapidement au jeu, et l’on profite d’autant plus d’une localisation vraiment drôle et qui déroule des expressions toujours bien senties.
Chaque lieu se parcourt avec plaisir, et il faudra parfois être très attentif pour en révéler tous les mystères : en plus des nombreuses requêtes des locaux, une galerie permet d’archiver vos meilleures découvertes. Comme le Pokédex de Pokémon Snap ? Tout à fait. Les plus curieux pourront ainsi creuser les défis et découvrir de nouvelles situations cocasses, les joueurs simplement là pour l’expérience avanceront sans mal. Assurément, TOEM parvient malgré sa brièveté à proposer une expérience à la carte, avec quelques sympathiques surprises pour les complétistes.
Continued Development
Pendant les quelques heures passées à photographier à peu près tout ce qui bouge, notre héros verra son arsenal prendre de l’épaisseur, alors qu’arrivent progressivement trépieds, klaxons et autres pièces d’équipements, qu’il faudra une fois encore appréhender soi-même dans ces menus qui auraient pu être si simples. Qu’importe : portés par une bande-son variée, et qui sait parfois se faire oublier, on engloutit TOEM un sourire aux lèvres, non sans se laisser de côté un ou deux ultimes défis, histoire d’y retourner dès le prochain coup de cafard.
Entre le vendeur de saucisses aux flageolets ou le punk à piaf installé sur son banc, il y aura toujours un coup de main à donner, ou un monstre caché à traquer quelque part. Mais comme la plupart des safari-photo urbains, l’aventure se conclue bien vite, et chacun retourne vaquer à ses occupations. Le charme de TOEM n’aura opéré qu’une poignée d’heures, mais elles furent assurément plaisantes. Avec quelques soucis d’ergonomie et d’interface en moins, la photo-souvenir aurait été splendide.