À une époque où l'on attend toujours de Konami de la nouveauté pour sa série vampirique, le Metroidvania reste un terrain privilégié par de nombreuses petites structures, voire des développeurs seuls. Après le correct Chasm cet été (voir notre TEST), les joueurs PC, PS4 et PS Vita héritent d'un autre projet néo rétro passé par Kickstarter. Timespinner, que l'on doit au presque seul Bodie Lee, passé par Microsoft et Bungie, a-t-il de quoi faire tourner la tête ?
Lunais n'est pas contente. Le jour de son vingtième anniversaire, comme par hasard, son clan est assailli par l'armée de la planète Lachiem. La solution pour les siens réside dans l'activation du Timespinner, une machine à voyager dans le temps. Elle et sa mère y courent. Tout est presque prêt. Mais au moment où le portail s'ouvre, sa mère est tuée devant ses yeux par l'empereur. La jeune femme parvient à se téléporter à une époque et dans un lieu encore qui lui sont inconnus. Ce n'est pas ce qui va l'empêcher d'accomplir sa vengeance. Car Lunais, magicienne accomplie, a le pouvoir de jouer avec le temps.
Au temps pour les crosses
Une héroïne qui voyage entre plusieurs époques ? Qui peut arrêter le temps à tout moment - à condition de disposer de l'énergie, matérialisée par un sablier, suffisante. Voilà qui s'annonce particulièrement amusant. Hélas pour ce jeu d'action et de plate-forme 2D sauce 16-32/bits,, si l'exploration de deux (voire trois...) régions situées à des ères différentes avec des répercussions d'actions effectuées dans le passé sur le présent constitue la pierre angulaire d'une intrigue assez passionnante, on se retrouve, côté gameplay, avec quelque chose de très limité.
Lunais ne dispose en effet que de cette simple stase temporelle avec effet sépia. Puisqu'il n'y a "que" ça, on se voyait déjà l'utiliser pour frapper des ennemis figés qui encaisseraient dommages une fois la pause retirée ou s'appliquer à réfléchir comment agir sur des mécanismes complexes... Il n'en est rien. Malheureusement, on se contentera de geler ce qui est aux alentours avec pour seuls conséquences de ne plus subir de dégâts de la part des antagonistes et leurs projectiles, et de faire d'eux des plateformes en attendant d'obtenir de quoi atteindre certaines hauteurs inaccessibles au début. Très limité, donc. Et première déception : l'aventure se montrera plus classique qu'escompté. Mais ce n'est pas une raison pour passer à côté.
Plutôt bien Lunais
Si sa progression ne propose finalement rien de vraiment singulier, Timespinner a tout de même quelque chose de très attachant. Sous la vernis de pixel art velouté qui laisse s'exprimer de jolis sprites bien animés, et avec une B.O. signée Jeff Ball qui résonne comme un écho aux compositions variées de Michiru Yamane pour Castlevania : Symphony of the Night, on trouve un vrai plaisir dans l'exploration. Cela grâce à une histoire et des personnages secondaires assez épais (et qui misent sur l'inclusif) qui font qu'on se penchera volontiers sur les différentes lectures, lettres et autres mémoires, ainsi des quêtes annexes certes FedEx mais menant à des scènes parfois touchantes.
Et puis l'habituelle découverte d'items qui ouvriront vers de nouvelles zones (double saut, plongée sous-marine, course accélérée, badges de portes... beaucoup de classiques) ainsi que l'amélioration de l'équipement fonctionnent assez bien. Le combat sait se montrer plaisant aussi. Pas de fouet ou de d'épée pour Lunais. La jeune femme à la crinière bleue, qui peut bénéficier de l'aide de familiers, manie deux orbes gravitant autour d'elle. Ceux-ci, à aménager indépendamment comme bon nous semble avec trois sets différents, lui permettent d'invoquer une épée, une masse, des boules d'énergie, un éclair, une boule de feu, un oeil cerclé de lames (?)... Il y a du choix. Et tout cela est lié à des éléments face auxquels certains ennemis sont peut-être plus fragiles - même si dans les faits vous vous en sortirez toujours. L'expérience aidant, les dommages seront de plus en plus importants. Si bien qu'on se sent vraiment avancer. Des attaques chargées, à fabriquer à l'aide de bijoux à enchanter sont aussi de la partie pour nettoyer plus vite. Avec tout cela, on se laisse porter sans voir l'heure tourner.
Une fois suffit
Et pourtant on ne cesse de se dire qu'en plus de soigner son apparence et sa trame, sur laquelle vous allez pouvoir agir, puisque de nombreux dénouements sont proposés suivant votre degré d'implication, Timespinner aurait pu se charger d'éviter certains écueils. En premier lieu, on sera forcé de trouver que certaines pièces n'ont aucun intérêt. Être récompensé d'une simple potion après avoir trouvé un lieu secret, c'est moyen. Placer des boutiques qui ne voient pas leur stock évoluer ou dont les artefacts les plus onéreux s'obtiennent trop rapidement, on a vu mieux. Ce qui brisera davantage le coeur du joueur en quête de challenge reste les boss. On aurait apprécié que les armes soient plus correctement exploitées, nous obligent à composer face à des créatures gigantesques qu'il suffit d'arroser de coups aléatoirement. Mais la difficulté globale en Normal demeure faiblarde et les maps ont peu d'envergure. On sera bien content de parvenir au 100% en quelque chose comme 8 heures de jeu. De là à se replonger dedans en New Game + ou mode Cauchemar, en revanche...