Découvert lors de la conférence Square Enix du dernier E3 via un simple trailer, The Quiet Man n'avait à l'époque pas laissé une grande empreinte dans nos esprits. Son mélange de vidéo en prise de vue réelle et de séquences in-game, dans ce qui s'apparentait à un beat them all, semblait aussi insipide que maladroit. Qu'en est-il manette en mains ? On ne va pas vous imposer un faux suspense : c'est un désastre.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, récapitulons les grands principes du jeu. The Quiet Man jongle donc entre des scènes filmées avec de vrais acteurs, tournées en Bulgarie dans un New York reconstitué à l'aide de décors fabriqués, et des séquences in-game qui laissent place à la bagarre, dans lesquelles ces mêmes acteurs ont été modélisés.
On y dirige Dane, un jeune-homme sourd qui a la particularité de très bien se battre... et c'est à peu près tout ce que l'on peut dire sur lui. En effet, le titre a aussi (et surtout) la surréaliste particularité de pousser l'incarnation du personnage que l'on dirige jusqu'à nous plonger dans le monde du silence. Ainsi, durant l'intégralité du jeu, la totalité des différents bruitages, mais aussi les dialogues, sont remplacés par de simples tintements. Aucune indication ne viendra vous aider, pas de sous-titres, rien. À moins de savoir lire sur les lèvres, vous ne piperez pas un mot de ce qui se passe à l'écran. De ce fait, nous ne pouvons pas vous parler du scénario, si ce n'est pour dire qu'on dirige ce gars sourd qui part sauver une pianiste kidnappée par un mystérieux homme masqué, le tout sur fond de flashbacks de certaines scènes clefs de son enfance. Pourquoi ? Mystère.
Le jeu vidéo muet
Au-delà du fait que cette alternance entre prises réelles et in-game n'apporte rien, cette décision d'occulter les dialogues plonge le jeu et son intérêt dans un désastreux néant. Alors que dans le cinéma muet l'exagération des expressions corporelles et faciales permettaient de transmettre une émotion, et donc de faire comprendre un propos, ici, il n'y a rien de tout ça. Les acteurs jouent de manière conventionnelle sans que rien puisse nous faire ne serait-ce que deviner ce qui se dit. Etant donné que ce genre de scènes représente une longue partie de l'aventure, on passera la plupart du temps devant sa télé, complètement passif, à se sentir idiot et à se demander ce qu'on fait là. Pour ma part, au moment où je commençais à m'interroger sur le sens de la vie du testeur de jeu vidéo, avant que la déprime ne s'installe, j'ai préféré partir faire la vaisselle et changer la litière du chat en laissant les deux personnages qui discutaient dans une voiture pendant de longues minutes sans que l'on ne comprenne rien. Même une fois le jeu terminé et digéré, il est difficile d'entendre l'absurdité d'une telle décision de la part du développeur, qui revient à se tirer une rafale de kalachnikov dans les pattes. Rien qu'avec cet aspect du jeu, l'intérêt est déjà complètement sapé, mais malheureusement les développeurs de Human Head n'ont pas fait les choses à moitié... Si les cinématiques rendent le tout incompréhensible, les scènes de gameplay finissent de creuser la tombe.
Des bastons qui font souffrir
Une fois passée l'aberration des scènes muettes et que l'on prend le contrôle du personnage, le qualificatif qui nous vient en tête pour décrire le jeu passe de « pourri » à « honteux ». En plus d'avoir graphiquement une génération de retard, avec des personnages modélisés médiocrement et entourés d'un flou constant, mais aussi des décors banals au possible, les combats en eux-mêmes s'avèrent nuls. Ils consistent essentiellement à un matraquage de boutons sans aucune stratégie. Les combos n'ont aucun intérêt et les finish moves, qui se veulent spectaculaires, ne provoquent aucune émotion. Le tout est accompagné d'une poignée d'ennemis clonés que l'on retrouve d'une pièce à l'autre. Et pour compléter le tableau de la lose, les animations se révèlent pauvres, avec une quantité d'étapes très limitées, mais tout de même accompagnées de bugs qui déplacent brutalement le personnage dans le décor après certains mouvements.
Vous l'aurez compris, il n'y a malheureusement rien à sauver dans ce titre que l'on ne peut vous recommander en aucun cas. Malgré son aventure qui se plie en trois heures, il semble interminable tant tout se fait dans la douleur. Si par le plus grand des hasards vous voulez savoir ce que l'on ressent, inutile d'acheter le jeu, contentez-vous de vous boucher les oreilles devant un quelconque film d'action moyen et vous vivrez l'essentiel de l'expérience qu'offre le jeu, tout en vous épargnant la souffrance qu'il impose.