Tembo The Badass Elephant prend donc le parti de nous placer aux commandes d'un pachyderme tête brûlée, fonceur et surpuissant. Il saute, bondit, rebondit et sait prolonger ses sauts en moulinant des pieds, exactement comme le ferait notre ami Yoshi. La prise en main est d'ailleurs immédiate et intuitive, respectant au passage à peu près tous les standards qui se sont imposés au fils des années en matière de plateforme. Tembo peut également lancer des petits jets de flotte un peu partout, histoire de refroidir les ardeurs ennemies ou d'éteindre les objets enflammés qui ne manqueront pas d'essayer de nous griller les fesses. Claire, simple et accessible, la maniabilité sera vite assimilée par les vétérans comme par votre petit cousin de 6 ou 7 ans, donc pas de mauvaise surprise de ce côté-là.

Paschichederme

Côté scénario, on sent que les développeurs n'ont pas eu la pression : Tembo, qui finissait de grignoter tranquillement ses cacahuètes sur son île secrète, est soudainement appelé à la rescousse par l'armée pour botter les fesses d'une force obscure appelée "Phantom". Composée de robots en tous genres et de méchants soldats impeccablement clonés, ils ont envahi les entrepôts les plus vilains du pays, les usines défraîchies et tous les décors les plus déprimants du jeu vidéo (hormis quelques rares exceptions), histoire de nous porter un sacré coup au moral. Oui, la guerre, c'est moche.

Rambi et Rambo sont dans un bateau

Contrairement à ce que l'on pourrait penser en incarnant un héros de la famille des éléphantidés, ça va vite. Très vite même. Une fois en jeu, on retrouve des sensations d'enchaînement et de vitesse proches d'un bon vieux Sonic des familles, combinées à un sentiment de puissance directement issu d'un Donkey Kong Country. Ça donne un gameplay dynamique, au moins dans la première partie du jeu, où on avance à toute allure, on saute sur des trampolines pour chopper des cacahuètes au vol comme on attraperait les anneaux dans Sonic et on défonce les objets du décor comme le ferait Rambi, le fameux rhinocéros de Donkey Kong. Toutes ces phases-là procurent indéniablement un vrai plaisir et l'apparente fluidité de notre progression laisse à penser qu'on va se régaler ainsi tout au long de l'aventure...

Comment se tirer une balle dans la patte

Mais le titre de Game Freak a eu la mauvaise idée, de mon point de vue, de nous confronter trop rapidement à des mécaniques qui s'avèrent contre-productives et nuisibles à l'idée de départ. En voulant probablement hausser artificiellement la difficulté du jeu, les développeurs nous opposent presque systématiquement des obstacles ou des ennemis qui freinent constamment notre avancée et nous font perdre assez bêtement. Et si par malheur vous n'avez pas amassé suffisamment de cacahuètes, hop, vous devrez vous retaper les niveaux précédents, ceux-là même qui vous ont déjà coûté l'achat d'une nouvelle manette suite à une crise de nerfs incontrôlée.

Elephant Man

L'univers de Tembo, sa direction artistique et son protagoniste principal sont réussis. Notre éléphant est marrant, bien dessiné et son rendu bande-dessinée ajoute une note de fraicheur supplémentaire à l'ensemble. C'est plutôt du côté des décors et des environnements, qui passent du moyen au très fade, que le bât blesse d'un point de vue visuel. Idem pour les musiques, pauvres et vite prise de tête. D'un point de vue purement technique, le titre n'est pas exempt de tout reproche sur PC (version testée) : au moment du test, le jeu ne gérait tout simplement pas le multitâches et un simple alt+tab s'est montré fatal à ma partie. En cours de jeu, lorsque le scrolling s'affole, des micros-saccades plutôt étonnantes se font également sentir, sur une config pourtant bien musclée. Probablement le signe d'un manque d'optimisation puisqu'à en croire les développeurs, Tembo pourrait se contenter d'une machine de ce type... Espérons qu'un petit patch pourra vite régler tout ça. Ces défauts mis à part, Tembo est tout de même un jeu amusant, qui réussit à mixer les nombreuses mécaniques empruntées aux ténors du genre en y ajoutant une vraie personnalité, surtout grâce à son héros principal. Avec quelques efforts supplémentaires, Tembo aurait probablement pu s'imposer comme un jeu de plateforme profondément marquant, mais en l'état, ça restera un petit jeu rafraîchissant.