Avec Steel Rats, Tate Multimedia propose un titre original en recyclant sa copie moyenne (Urban Trial Freestyle) d'un jeu remarquable (Trials HD). Les sensations procurées par la conduite sur une roue ou les cascades en tout genre du jeu de motocross se retrouvent ici proposées dans une aventure scénarisée à l'univers développé, celui d'une dystopie des années 40 dans laquelle on incarne un groupe de motards, les Steel Rats. Surprenante, cette formule tient-elle pour autant la route ?
Un rapide coup d'oeil au catalogue de jeux vidéo produits par Tate Multimedia, un studio polonais comme son nom ne l'indique pas, permet de constater qu'entre les différentes itérations d'Urban Trial, l'exploitation de licences (Astérix, Lucky Luke, Titeuf) ou encore la production de jeux vidéo Kao le Kangourou ou pour jeunes cavalières, on n'est pas vraiment face à des jeux d'auteur. Avec Steel Rats, le studio semble vouloir cependant proposer quelque chose de neuf et de différent, en se servant de l'ossature de son titre certainement le plus populaire, Urban Trial, pour proposer un jeu d'action à la personnalité affirmée. Sur ce point, c'est une réussite. Le monde rétro-futuriste de Steel Rats, avec ses robots et ses motos, évoque à la fois Mad Max et Matrix (hors Matrice), tout comme ses personnages punk rappellent ceux de Jamie Hewlett (Tank Girl). Un véritable effort de contextualisation est proposé et les premiers raids en moto sont intrigants, dans cette Amérique industrielle décimée, présentée sur un plan en 2,5D inhérent aux mécaniques de jeu reprises à Urban Trial.
Plein les gaz...
Au choix, on pourra prendre son temps et découvrir tous les secrets de niveaux souvent très verticaux, ou alors foncer à fond les ballons, sans se soucier ni des décors, ni des ennemis, un peu à la manière de ce que l'on peut faire dans un jeu Sonic. La façon dont les motos peuvent s'accrocher aux tubes métalliques sur des pentes à 180 degrés ou encore au plafond rappellent en effet ces phases téléguidées du jeu SEGA, et l'effet est garanti. D'autant que finalement, il n'est pas si courant d'incarner un motard dans un jeu d'action et de plateforme, surtout de cette façon. Mais malheureusement Steel Rats rappelle aussi des aspects moins agréables des jeux vidéo du passé, comme l'absence d'une courbe de progression adaptée. Si rien n'est insurmontable, on est tout de même surpris de se retrouver pourchassé et de devoir échapper à l'effondrement d'un niveau après s'être tout juste familiarisé avec le contrôle de sa moto. Et forcément agacé aussi par les résurrections de nos pilotes qui n'apparaissent que rarement à un endroit souhaitable, quand ce n'est pas, de façon punitive, bien en amont de dangers déjà péniblement dépassés.
... ou plein les bottes ?
Quelque soit le personnage que vous choisissez à la volée, chacun disposant d'un look, d'attaques et de caractéristiques qui lui sont propres, le souci demeure toujours le même : la prise en mains de la bécane, accentuée par une difficulté à appréhender la profondeur dans des environnements qui finissent par tous plus ou moins se ressembler. On l'a dit plus haut : le squelette de Steel Rats, c'est bien Urban Trial, et les défauts de jouabilité de ce dernier se retrouve ici aussi. Non pas qu'il ne soit pas agréable de réussir, parfois, à bien gérer la physique de son véhicule et de réaliser quelques acrobaties à la Rémy Julienne, mais globalement, ça semble passer au pif, en forçant un peu, sans qu'on ait vraiment le sentiment d'avoir une maîtrise réelle de notre motard et de sa moto. Il est quand même dommage de se dire que le jeu sera pleinement amusant lorsqu'on on contrôlera parfaitement son bolide au bout, peut-être, de six heures de jeu, soit la durée de vie du titre.