Il s'est fait plus subtil et discret qu'un certain Ryo Hazuki, mais ce brave Chevalier à la Pelle aura lui aussi du voir arriver de nouvelles consoles pour parvenir au bout de ses aventures pixelisées à souhait. Entamé en 2014, Shovel Knight voit en cette fin d'année le bout du tunnel, et abat sa dernière carte, celle qui permet aux plus grands de boucler une partie d'Uno avec panache et un brin de supériorité.
L'aventure nous place cette fois aux commandes du King Knight, qui n'en a pour l'instant pas le titre, loin s'en faut. Fils à maman qui n'emploie que la deuxième personne du pluriel pour se qualifier, le monarque en devenir est un délicieux personnage, grotesque à souhait, qui renforce immédiatement l'ambiance de ce nouvel épisode en lui conférant une véritable dimension comique. Espérant prétendre au digne rang des têtes couronnées, le chevalier d'or va se lancer dans un tournoi de cartes épique afin de défaire les trois champions de la discipline, à sa manière.
La carte maîtresse
Le Roi va donc devoir traverser quelques dizaines de nouveaux environnements toujours dictés par l'amour du pixel art, non sans profiter de quelques variations de gameplay, à l'instar de Plague of Shadows et Specter of Torment. King of Cards opte pour un Chevalier relativement souple et qui se rapproche largement de l'épisode original de Shovel Knight, sans pour autant pouvoir déclencher son attaque plongée à la Duck Tales sur commande. Pour attaquer les ennemis ou se propulser, il faudra d'abord foncer dans un mur afin de rebondir. Ça n'a l'air de rien dit comme ça, mais Yacht Club Games a pris de soin d'orienter tout le level design du jeu sur cette petite spécificité. Toutes les surfaces ne permettent pas forcément de déclencher l'attaque, ce qui oblige parfois à se rabattre sur des ennemis pour franchir avec grâce les différents tableaux. Les zones cachées abritant bonus et sorties secrètes sont toujours légion, et la world map profite intelligemment de ces différents parcours : si les trois mondes se bouclent assez rapidement en ligne droite, certains pans entiers restent inaccessibles et offrent une toute autre approche. Chaque embranchement vous donnera également l'occasion de rencontrer de nouveaux compagnons de route qui vous offriront (ou vous vendront, le plus souvent) de nouvelles aptitudes, costumes, j'en passe et des meilleures.
Effets de manche
Et il y aura toutes les raisons du monde de claquer une partie des joyaux de la couronne en upgrades divers et variés, les niveaux étant brefs, mais vraiment pas gentils. Il ne faudra pas non plus trop compter sur les checkpoints, ces derniers étant réduits au strict minimum, un à deux par stage. Que ce soit face à un boss en deux phases ou à cause d'un abîme sans fond, la mort s'accompagne toujours d'une perte de butin à récupérer sans faillir à la tentative suivante, faisant comme il se doit grimper le niveau de stress en flèche. Mais les rencontres sont si nombreuses et les items si variés que n'importe quel joueur trouvera un moyen de faire face à toutes les situations. Installée dans le dirigeable de notre héros, la galerie marchande n'est pas la seule raison de prendre le large, puisque la proue de votre vaisseau aérien propose à chaque moment de l'aventure de magnifiques backgrounds aux teintes toujours somptueuses, qui font variablement honneur au genre du pixel art. King of Cards est encore plus que les derniers épisodes un ravissement pour les amateurs de visuels rétro, et les thèmes chiptune (pas toujours inédits, dommage) de Jake Kaufman achèvent de rendre l'expérience très plaisante.
Gwent me up, before you go go
Mais la véritable nouveauté de King of Cards, c'est le Joustus, jeu de cartes local qui déchaîne les passions de tous les alcooliques de ce petit monde. Dans les différentes tavernes qui se donnent des airs de Ligue Pokémon, il faudra défaire les champions locaux avant d'affronter le boss de l'arène. Le fonctionnement du Joustus est simple mais véritablement efficace : sur un plateau découpé en cases, il vous faudra capturer des gemmes en usant de cartes aux directions définies. Les variantes sont nombreuses, et les subtilités apparaissent avec différentes énigmes proposées, mais qui auraient tout de même mérité un vrai tutoriel en bonne et due forme. Chaque victoire vous permet de chiper une carte à votre adversaire, et la quête d'un deck complet deviendra, à un niveau certes moindre que le Gwent, un véritable jeu dans le jeu. Le plaisir d'enrichir sa pile de nouvelles capacités se poursuit aussi dans les phases d'exploration, puisque certaines cartes ne s'obtiendront qu'en découvrant des zones cachées. Il faudra bien ça pour vaincre les plus ardents adversaires, prêts à toutes les combines pour remporter la victoire, quitte à recourir à une certaine forme de tricherie. Complétistes, vous êtes prévenus : il y a (vraiment) de quoi faire.