Scrap Riders tente de mélanger deux genres drastiquement différents, le point & click et le beat'em all. Mais arrive t-il à tenir son pari ?
Développé par le petit studio indé espagnol Games for Tutti et édité par Microids, Scrap Riders est un jeu d’action / aventure mélangeant point & click classique, beat'em all, pixel art et beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP de dialogues. Un melting pot qui surprend un peu sur le papier, mais encore plus pad en main. Reste maintenant à voir si ça vaut vraiment le détour.
Mad Rast 2077 : Street of Monkey Island
Scrap Riders nous met dans la peau de Rast, un voyou raté et un peu (beaucoup?) beauf sur les bords qui se retrouve engagé pour un énième contrat avec sa bande de bras cassés. Très souvent accompagné de 50n1, un robot pervers qui fantasme sur toutes les pièces mécaniques qu’il croise, Rast se retrouve rapidement mêlé à une très grosse affaire de trafic, bien loin de ses missions faciles habituelles. Du coup, entre deux bières et quelques punchlines plus ou moins bien senties, Rast fera parler la poudre, les poings et sa matière grise pour faire tomber les gangs les plus violents du secteur et se faire une place au soleil. Malheureusement, ce n’est pas gagné. Ni pour lui, ni pour nous.
Mi-point’n click, mi-hack’n slash, Scrap Riders tente un mélange des genres rarement vu. Si sur le papier, on aurait tendance à se dire que les deux styles de jeu se mélangent aussi bien que l’huile et l’eau, le fait est qu’ici, ça fonctionne plutôt bien. Les petits gars de chez Games for Tutti ont réussi à faire en sorte que les phases de jeu s'emboîtent naturellement et profitent d’un gameplay unique à chaque fois. Lors de l’exploration, on interagit avec différents éléments du décor en effectuant plusieurs actions (toucher, regarder, parler), on récupère des objets, on les combine entre eux, on résout des puzzles plutôt faciles… La routine du genre en somme.
Du côté des phases d’action, le jeu se la joue Street Rage en nous faisant parcourir les niveaux en scrolling horizontal avec la possibilité de se déplacer sur plusieurs plans verticaux. Ici, il fait la part belle aux combos en nous offrant une large gamme de mouvements pourtant tous juste basés sur un bouton de saut et deux d’attaque (légère et lourde). À l'occasion, il sera également possible d’utiliser une arme à feu en récoltant des munitions dans le décor, ou sur les ennemis mis à terre, et de lancer une puissante attaque spéciale après avoir rempli une jauge en frappant nos adversaires. Classique, mais plutôt efficace ici aussi. C’est dynamique, les environnements sont plutôt variés et offrent également quelques éléments avec lesquels on peut interagir (bidons explosifs, zones dangereuses, etc.). Il est même possible de ramasser certains objets pour se battre, comme des barres de fer ou encore des panneaux de signalisation. Et ça ne sera pas de trop pour affronter le bestiaire, principalement composée de sbires issus de différentes factions du jeu. Cinglés à la tronçonneuse, hommes armés de pistolet, lourdeaux suréquipés… il y a du beau monde, mais on notera tout de même que les modèles ont bien du mal à faire dans l’originalité et ont bien souvent tendance à se cloner. C’est très old school, mais visiblement, c’est assumé.
Scrap Riders c'est du old school sinon rien
Le jeu rend en effet hommage aux bons vieux jeux arcade , tout en saluant aussi les points & click de l’époque, peut-être même un peu trop parfois. Si le mélange des genres passe bien, pris un à un en revanche, ça reste extrêmement classique.
Visuellement, Scrap Riders fait également dans le old school en misant sur le pixel art. Si l’on pourra saluer la diversité des environnements qui nous emmèneront du désert à la décharge en passant par les rues malfamées d’une Night City locale, difficile de se laisser embarquer. On a l’impression d‘avoir déjà vu et revu tout ça ailleurs, et le pixel art est parfois un poil grossier. Dès qu’il y a trop de détails, on n’arrive plus à se repérer, que ce soit pendant les phases d’exploration et d’enquête, ou durant certains combats qui peuvent devenir bordéliques. Il est très souvent difficile de comprendre les perspectives, de trouver des objets avec lesquels interagir au premier coup d’œil (heureusement qu’une énorme flèche apparaît là où l’on peut effectuer une action) et certains affrontements peuvent rapidement tourner au vinaigre dans la mesure où l’on n'arrive plus à suivre les animations.
Sur Switch d’ailleurs, si le jeu est parfaitement fluide et net, en version dock tout vous paraîtra grossier. En version portable, si le pixel art profite évidemment du plus petit écran pour être beaucoup plus agréable à l'œil, on aura parfois du mal à repérer les objets dans le décor. Finalement, que ce soit durant les phases point & click ou de beat'em all, on se retrouve parfois à tâtonner un peu partout à la recherche d’interactions ou d’objets à ramasser et c’est un peu dommage. La lisibilité générale aurait mérité un coup de polish.
Malgré tout, ce n’est pas ça qui devrait vous empêcher de profiter de l’expérience pour autant. En revanche, Scrap Riders se traîne un énorme boulet qui lui pourra refroidir un bon nombre de joueurs : sa narration et ses dialogues à rallonge.
Blablabla - blague à tonton - blablabla
En voulant donner du corps à son jeu et en espérant certainement apporter de la consistance à ses phases d’enquête, Games for Tutti s’est totalement perdu dans un dédale de blabla interminables pour la plupart et franchement lourdingues, il n’y a pas d’autres mots.
Si Rast, notre héros, ne parle pas tout seul en faisant de longs monologues, ce sont les PNJ croisés qui ne voudront plus la fermer. Pire encore, le jeu nous demande bien souvent d’enchaîner les dialogues pour déverrouiller de nouvelles étapes dans les puzzles et c’est franchement gênant. D’autant plus qu’il faut choisir LA bonne suite de dialogues sous peine de devoir reparler aux PNJ en se retapant l’intégralité de leurs tirades avant d’enfin effectuer LE bon choix qui permettra de déverrouiller la suite des évènements.
Cerise sur le gâteau, les bulles de dialogues sont toutes petites et coupent les phrases où bon leur semble. Le rythme et la compréhension en prennent un sacré coup. Et comme si ce n’était pas suffisant, les bavardages interminables de nos personnages n’ont absolument rien à nous raconter. Bien souvent, les phrases s’allongent pour pas grand-chose, et l’humour du tonton alcoolo aux fêtes de famille font un flop monumental si elles ne font pas carrément dans la gênance la plus totale. Mention spéciale à 50n1 qui ne cesse de fantasmer sur les machines que l’on croisera, dérangeant.
Pourtant, il y a de bonnes idées. Scrap Riders tente la légèreté un peu vulgaire et quelques rares punchlines peuvent être drôles lorsqu’elles sont pleinement assumées. Tout comme cette idée de briser le 4ème mur en s’adressant directement à nous, le joueur, ou les très nombreuses références à la pop culture et aux autres œuvres SF/Cyberpunk comme Matrix ou encore Mad Max. Le problème, c’est que c’est constamment maladroit, inséré au chausse pied et souvent lourdingue. Heureusement, le jeu n’est pas bien long.