Pour leur premier titre, les polonais de Reikon se sont attaqués à un type de jeu très niche, le twin stick shooter, genre habituellement très exigeant. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec Ruiner, ils sont restés fidèles à la tradition.
Je vais être franc avec vous, Ruiner a failli avoir ma peau? J'ai dû m'arracher comme jamais pour en voir le bout. En effet, dès les premières secondes du tutorial, on s'aperçoit que les développeurs ont mis en oeuvre un jeu très exigeant en termes de gameplay. Ruiner demande énormément d'attention, de réflexes et de dextérité manette en mains. Et plus l'on avance dans le jeu, plus il semble évident que les efforts des développeurs se sont concentrés sur cette exigence extrême envers le joueur qui tient le paddle (au détriment d'autres aspects du jeu malheureusement, mais on y viendra plus bas).
Deux sticks pour un AVC
Ruiner est donc ce que l'on appelle dans le milieu un twin stick shooter. Un genre qui tient son nom du fait que le stick gauche sert à diriger le personnage, tandis que le droit est dédié à la visée. Parmi les jeux étendards de ce style, on trouve entre autres Hotline Miami ou Helldivers, pour vous faire une idée. Tous les titres appartenant à ce genre ont un point commun : leur exigence en termes de gameplay, aussi bien dans la difficulté que la dextérité nécessaire. Et de ce côté bien évidemment, Ruiner n'est pas en reste, loin de là.
Le titre se déroule en 2091, dans un univers cyberpunk dans lequel comme (trop ?) souvent, le monde est en perdition. Plongé dans la violence et les affrontements entre bandes, dans l'esprit d'Akira, vous dirigez un mystérieux personnage qui a pour seul visage un masque avec écran LCD. Son objectif est simple : il part à la recherche de son frangin, lui-même kidnappé par le Boss, caïd de l'univers dans lequel on évolue. Niveau scénario, autant vous dire que ça ne va pas bien loin. Sans exagérer, l'histoire complète tient sur un ticket de métro. De même que le personnage que l'on contrôle est anti-charismatique au possible. Il n'a pas de visage, ne parle jamais, n'exprime jamais aucun sentiment, et ses interactions avec les autres acteurs du jeu sont minimalistes. De prime abord, on pourrait accuser les développeurs de fainéantise, mais on se rend rapidement compte qu'il s'agit plutôt d'un choix de leur part, leur permettant de mettre l'intégralité de leur focus sur les combats.
Le Ruiner ruine tout ce qu'il voit
Car Ruiner est avant tout un shooter/beat'em all vu de haut, dans lequel on passe l'essentiel du temps à castagner les membres de l'organisation qui détient le frère que l'on est venu sauver. Et pour cela, le héros est équipé d'une arme à feu (parmi une vingtaine disponible tout au long du jeu) et d'une arme de mêlée (de type tuyau, sabre, etc.), ainsi qu'un dash multiple pour des déplacements rapides et autres esquives. C'est sur la base de ces éléments de gameplay que se déroule l'aventure, découpée en niveaux (avec affrontement de boss finaux inclus), dont la difficulté augmente au fur et à mesure que l'on apprivoise les subtilités du maniement du personnage. C'est en effet la grosse particularité du titre : Ruiner est difficile et exigeant, on ne le dira jamais assez. Et plus on avance dans le jeu, plus il nous en demande.
Autant être clair : vous allez mourir un nombre incalculable de fois avant de saisir le petit truc qui vous permettra de parvenir à la mission suivante, qui elle-même vous en demandera encore plus. Mais étrangement, malgré la frustration des multiples morts, à force de persévérance, on finit toujours par remarquer un petit quelque chose à améliorer dans notre jeu, une arme à mieux exploiter ou un déplacement optimisé. C'est une autre des spécificités des twin stick shooter qui se dévoile : la spectaculaire marge de progression du début à la fin du jeu.
En parallèle, Ruiner ajoute l'utilisation de différentes capacités que l'on obtient grâce au leveling du personnage et la récupération de points de compétence. Des pouvoirs tels que le ralentissement du temps, le hacking d'ennemis ou les barrières cinétiques qui améliorent grandement notre efficacité lors des combats et dont la maîtrise deviendra rapidement indispensable. Du côté de ces aptitudes, on compte treize grandes familles comprenant elles-mêmes des sous-divisions. Ça laisse beaucoup de choix, mais heureusement celles que l'on choisit de faire progresser ne sont pas gravées dans le marbre. On peut à n'importe quel instant revenir en arrière pour réattribuer les points de compétence sur une autre capacité, que l'on jugera plus adaptée à la situation. Cela permet d'une manière subtile de développer plusieurs styles de jeu selon la situation. Ainsi, on se façonnera un personnage optimisé pour le corps à corps, alors qu'à d'autres moments on adoptera un style exploitant surtout les armes à feu ou les attaques éclairs.
Du gameplay et rien d'autre
Vous l'aurez compris : plus que dans la plupart des autres jeux, le gameplay est au centre de tout. Et c'est ce qui tiendra en haleine les amateurs du genre. Mais à force de tout miser sur un élément, les développeurs ont pris le parti de délaisser le reste. Si graphiquement il n'y a rien à redire (c'est joli et ça respecte les codes du cyberpunk), côté scénario, en revanche, comme on l'a vu précédemment, c'est quasiment inexistant. Tous comme les décors ne changeront pas ou presque de la première à la dernière minute du jeu. Quant à la musique, étant donné que l'on a droit à une techno assez dure en continu, les réfractaires au genre auront forcément du mal. Plus étonnant, il n'y a aucun mode multi de disponible, ni en local ni en ligne. Il faudra se contenter de jouer la campagne en solo, et rien d'autre. Les adeptes du genre passeront facilement outre grâce à la qualité du gameplay et le challenge proposé, en revanche pour le joueur qui découvre, cela peut être un frein.