Ayant d'abord sévi sur mobiles, la petite équipe ibérique au nom gigantesque, Super Awesome Hyperdimensional Mega Team, s'est lancé dans un projet d'envergure un peu plus importante avec Rise & Shine. Un titre qui attire l'oeil et les oreilles et qui sent bon l'amour du jeu vidéo. Mais a-t-il vraiment de quoi s'élever et briller ?
La guerre a éclaté. Le paisible monde vidéoludique de Gamearth a été pris d'assaut par les soldats de Nexgen. Rise, petit garçon de 10 ans, est aux premières loges. Le centre commercial où il se baladait s'est transformé en charnier. Un grognard tire sur tout ce qui bouge. Rise s'est mis à couvert. Son abris ne tiendra pas bien longtemps. Fort heureusement, le Guerrier Légendaire (qui rappellera un hylien célèbre) arrive et s'occupe de l'ennemi... Non sans en prendre une bonne dans le buffet. Avant de rendre son dernier soupir, il confie ce qu'il a de plus précieux au chérubin : Rise, un pistolet aussi mythique que lui, mais bien moins agréable à écouter, qui confère à son porteur un respawn infini. Ce qui, au regard de la tâche qui attend Rise, ne sera pas du luxe. Car bien que l'univers cartoon et assez magnifique, bourré de clins d'oeil à la culture du jeu vidéo (tant au niveau des personnages rencontrés que des décors traversés), s'avère joyeux et coloré de prime abord, la mort plane à chaque instant. Et c'est toujours sale.
Rubis sur l'angle
Décapité. Écrabouillé. Broyé. Désintégré. Cela un nombre de fois assez difficile à calculer. Saupoudré de tous les jurons et noms d'oiseaux de votre connaissance et de quelques phases où vous vous sentirez comme le quatrième homme de Pulp Fiction, vous obtiendrez l'essentiel de l'expérience de Rise & Shine. Un jeu d'action en 2D aussi agréable esthétiquement que punitif, dans lequel on meurt beaucoup. Pour un rechargement du flingue au mauvais moment, pour un projectile oublié, pour une erreur d'inattention. On l'imagine d'abord comme un "run and gun" type Metal Slug, mais le système de couverture (destructible, histoire de ne pas relâcher la pression), la régénération digne d'un FPS moderne et une progression principalement screen par screen lui confèrent une autre allure. Le rythme est volontairement ralenti. Et cela contribue à se prendre d'affection pour ce qui est plus qu'une simple succession de carnages frénétiques nécessitant des réflexes en or et un sang-froid de chaque instant, lorsqu'ils s'agit d'orienter le stick droit, assigné à la visée, dans la bonne direction - avec une exigence de précision assez dingue, étant donné qu'il n'y a strictement aucune assistance, juste un pointeur pour confirmer. Oui, vous devrez faire preuve d'une grande adresse au tir comme à l'emploi du dash et du saut, même s'il faudra parfois composer avec des commandes qui semblent s'enrayer, face à des types d'ennemis souvent très vifs ou des Boss intimidants. Surtout dans le dernier acte, que les moins aguerris décriront comme une réécriture du mythe de Sisyphe.
Pense et tire
L'habileté de vos petits doigts face à des adversaires qui pourront se ruer vers vous, lancer des boulettes par poignées, vous envoyer des missiles ou bien pour viser des mines ou des grenades attachées à un parachute (à ne surtout pas éclater), évidemment. Mais l'élasticité de votre matière grise sera également mise à rude épreuve, parfois en un temps très limité et sans négliger ce qui peut vous réduire en miettes. La diversité des ennemis amènera à devoir jongler avec différents types de munitions. Par exemple, contrairement à ceux faits de chair et de sang, la plupart des robots que vous tenterez d'occire seront moins réceptifs aux balles "normales". Vous devrez zapper vers le type électrique. Inversement pour humanoïde. À cela s'ajoutent une balle dont dirigerez totalement la trajectoire, à condition de rester dans un rayon radio pour éviter une chute façon Miss Mayotte, ainsi qu'un explosif qu'il faudra charger pour soit obtenir un jet retombant, soit un tir rectiligne... et adhésif. Des pièges et mécanismes interviendront très souvent pour vous forcer à jongler et être toujours plus irréprochable côté skill, sans jamais être insurmontables. Et la façon dont certains environnements sont occupés par des obstacles ne tenant qu'à un fil vous autorisera aussi à quelques bons coups.
Petit mais costaud
Titre magnifique, plutôt bien conçu, précis et exigeant, Rise & Shine se découpe en 14 séquences qui sauront ne pas trop se répéter niveau ambiance visuelle (toujours très soignée et lâchant des références videoludiques juste comme il faut pour que l'on ait envie de tout repérer), et gameplay. On trouvera même des inspirations plaisantes, dont du survival horror dans la pénombre, un moment orienté shoot them up ou même des mini-jeux regroupés au même endroit et assez bien vus pour vous entraîner à choper quelques habitudes. Les développeurs n'en ont pas fait trop. Les plus habiles pourront même trouver qu'il n'y a pas assez à manger, que l'on aurait pu rallonger la sauce en termes de durée de vie et d'histoire (charmante au demeurant). À la façon d'un jeu des années 80 comme un Mega Man ou un Rick Dangerous, on peut passer un temps fou à simplement mourir et réapparaître au checkpoint le plus proche... Et réussir plusieurs dizaines de minutes plus tard. Ce qui fait partie intégrante du fun procuré, très Fifty Shades. Reste qu'en ligne droite, un expert absolu, rompu à l'exercice du manic shooter, pourra atomiser les 4-5 heures chrono qui attendent un joueur moyen. Mais il ne devrait pas y prendre moins de plaisir. Surtout s'il vise comme défi de ne pas perdre une seule vie.